Montreuil (93): ici la Baudrière expulsée

Ce matin [mardi 22 août 2023], à 6h à Montreuil, a eu lieu l’expulsion de la Baudrière, squat anarcha-féministe TransPédéGouine. Ce lieu était, depuis novembre 2021, un espace d’habitation, d’organisation politique et de soin, qui a vu passer de nombreuses personnes et accueilli de nombreuses luttes. La Baudrière s’est défendue avec des confettis et des barricades pour résister le plus longtemps possible, pour continuer à faire vivre l’autonomie TransPédéGouine féministe. Les personnes sur place ont tenu pendant 5h aux assauts des keufs, notamment sur le toît.

Les moyens qui ont été mis en place sont hallucinants : plus de 100 policier.es sur place, dont la Brav-M, la BAC, la BRI, une brigade de cordistes, un groupe de sécurité privée, un camion de pompiers avec une nacelle, des techniciens ENEDIS, 3 drones… Le quartier a été complètement bouclé pendant une demi-journée.

Après plus de 5h de siège et des tentatives infructueuses de rentrer en force par la rue, les barricades ont tenu. La police a fini par faire évacuer les habitant.es qui dansaient et chantaient sur le toit avec une nacelle. Plus tôt dans la matinée, une quinzaine de personnes venues en soutien se sont fait courser, puis nasser. 14 d’entre elleux ont été placé.es en garde-à-vue. En tout, c’est au moins 44 personnes qui sont en garde-à-vue (dont 3 voisin.es, des Midis du MIE) dans les comicos de Montreuil, Rosny, Saint-Denis et Bobigny… Force à elleux tous.tes !

Tout ça pour que la Baudrière, et ce qu’elle porte, devienne un énième immeuble luxueux, avec des commerces, des bureaux et des grands appartements. Ici, le propriétaire était l’association Louis-Étienne, dont le président est le cardinal Philippe Barbarin qui a couvert des affaires de pédocriminalité. Dans un contexte où les dynamiques de gentrification s’accélèrent dans Montreuil et toute l’IDF, l’expulsion de la Baudrière s’inscrit dans un contexte de répression des personnes militantes et précaires (loi Kasbarian, réforme de l’assurance chômage, des retraites, arrestations dans toute la France de militant.es en juin etc.), plus particulièrement dans un contexte de queerphobie généralisée. Au printemps, la mairie, des voisin.es racistes et queerphobes et la police de Montreuil s’étaient même déjà réuni.es pour se « rassurer » et préparer l’expulsion de la Baudrière.

Si la Baudrière s’est vidée de ses habitant.es, elle ne s’est pas vidée de son âme ! Les liens et réseaux créés pendant ces années continuent d’exister. Continuons à les faire vivre à travers toutes nos luttes, ce soir à 18h place de la République à Montreuil et dès jeudi pour les Digitales à la Parole Errante !!

PS : pour que les Digitales, festival d’écologies vénéneuses né à la Baudrière, puissent avoir lieu, RDV demain à 9h à la Parole Errante (9 Rue Débergue à Montreuil) là où se dérouleront les Digitales, après l’expulsion de la Baud.