Communiqué de presse DAL 38 / 27 octobre 2023
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A quelques jours de la trêve hivernale, la police a mis à la porte de leur logement plusieurs familles dont l’expulsion aurait pu être évitée. le DAL a connaissance de trois familles avec de jeunes enfants qui ont été expulsées sans aucun ménagement. Et sans aucune solution de logement pour deux d’entre elles, le 115 étant comme toujours en état de saturation, malgré la circulaire du ministre du logement qui demande qu’aucun enfant ou personne « vulnérable » ne se retrouve à la rue.
Les bailleurs sociaux impliqués, Actis et Grenoble Habitat, sont pourtant administrés par des élus de « gauche ». Et que dire du comportement des huissiers de justice, qui rendent les conséquences des expulsions encore plus difficiles.
Cette situation ainsi que le cynisme des institutions dans l’application des directives du gouvernement ou dans l’absence de solutions apportées, sont insupportables.
A la suite de ce communiqué : une analyse de la machine à expulser, et nos revendications pour mettre un terme à la crise du logement cher et aux expulsions.
Dans les permanences du DAL, depuis plusieurs semaines, les familles menacées d’expulsion se succèdent avant le début de la trêve hivernale, prises entre le marteau et l’enclume :
– d’un côté les bailleurs, privés ou sociaux, n’hésitent jamais à augmenter leurs loyers le plus possible : une hausse générale de 3,5 % (soit 7,1 % en 1 an!) est prévue malgré l’alerte des représentants des locataires (dont le DAL). Partout dans le département, les bailleurs HLM comme privés s’apprêtent à augmenter à nouveau nos quittances malgré un contexte de très forte inflation, notamment des charges d’énergie, et d’appauvrissement général de la population.
– de l’autre la préfecture, qui a reçu comme consigne d’intensifier les expulsions avec le concours de la force publique, afin de faire des économies budgétaires : en effet, un propriétaire qui n’obtient pas de l’État l’expulsion effective de son locataire se voit indemnisé sur fonds publics… et c’est cet argent-là que la préfecture doit maintenant économiser, et se retrouve donc à expulser à tour de bras.
Du côté de la ville de Grenoble, l’arrêté anti-mise à la rue signé le 25 octobre 2022 et toujours en vigueur n’est jamais mobilisé, voire foulé aux pieds par la Ville elle-même : dernier exemple en date l’expulsion du bidonville du Clos d’or, où des familles sans logis avaient élu domicile avant de voir leur campement détruit et certaines d’entre elles remises à la rue sans solution d’hébergement…
La situation va s’empirer avec la mise en application progressive de la loi Kasbarian-Bergé, qui réduit à peau de chagrin les délais avant expulsion (faisant sauter au passage toute notion de « prévention des expulsions »), criminalise les occupant.e.s de bâtiments vides qui se verront menacé.e.s de fortes amendes et de prison et force toute personne expulsable à se mettre d’elle même à la rue sous peine de se rendre coupable d’un nouveau délit.
Les expulsions locatives, d’hébergements et de squats vont sur-saturer des centres d’hébergement déjà pleins, ou les salles de classe occupées par quelques-uns des 2.000 enfants vivant à la rue en France.
Que dire en plus du décret du Ministre de l’Intérieur, qui propose ni plus ni moins d’expulser toute la famille dont un membre a été jugé pour des faits de délinquance, et ainsi d’ouvrir la voie au retour de la double-peine ? Ces expulsions-représailles, contestées devant la justice par le DAL, s’inscrivent parfaitement dans un contexte de fascisation brutale du gouvernement qui joue une partition raciste absolument ignoble, notamment depuis les émeutes urbaines de juillet 2023. Au contraire de mesures sociales et politiques absolument nécessaires et réclamées, c’est la répression la plus brutale qui s’abat actuellement et notamment sur les habitant.e.s des quartiers populaires.
Alors que s’intensifient les expulsions, nous appelons à intensifier la lutte : et lorsque toutes les recherches de solutions institutionnelles auront échoué, nous appelons à des piquets anti-expulsion pour s’opposer aux remises à la rue.
Nous exigeons :
– la baisse des loyers et leur encadrement à la baisse
– la baisse des charges d’énergie par le contrôle des fournisseurs et la réhabilitation urgente des passoires thermiques sans augmentation de loyer à la clé
– le rétablissement et la hausse des APL
– le retour de l’aide à la pierre dans le budget de l’État pour produire massivement des logements sociaux à bas loyers, et l’arrêt de la construction de logements chers qui génèrent de l’inflation spéculative et alimentent la crise du logement
– l’interdiction des expulsions, des relogements
– l’arrêt des programmes de ventes et de démolitions de logements sociaux.