Mercredi 17 avril 2024 à 8h nous avons été expulsé.e.s de la Barzad. Les forces de l’ordre sont arrivées à 40, ont nassé les personnes présentes dans le hangar et ont refusé de nous présenter le cadre légal de l’intervention.
Neuf personnes ont été emmenées en garde à vue. L’expulsion du bâtiment squatté n’avait fait l’objet d’aucune procédure dont nous aurions pu nous défendre. Nous n’avions pas été notifié.e.s de notre expulsabilité, nous n’avons connaissance d’aucun arrêté encadrant l’intervention, auquel cas celle-ci était parfaitement illégale. Nous ne nous attendions donc pas à devoir tenir le lieu par la force à ce moment là, et nous n’étions pas en mesure d’opposer de la résistance.
Cette intervention par la BAC et la BRI a été d’une profonde violence : violences physiques, propos racistes, refus d’accès aux médicaments même avec ordonnance, interdiction de s’occuper des chiens et même d’aller uriner. Au commissariat, le médecin demandé par plusieurs interpellé.e.s n’est arrivé qu’après six heures de garde à vue, les gardé.e.s à vue ont été privé.e.s d’eau pendant 7h, une personne qui ne parle pas bien français n’a jamais eu accès à un interprète.
Pendant ce temps, les forces de l’ordre s’amusaient à saccager nos espaces de vie et nos affaires personnelles laissées sur place. Là où, depuis un mois, nous avions redonné vie et pris soin de ce lieu et de ces terres à l’abandon, tout a été retourné à la pelleteuse. On a retrouvé nos pneus de voiture crevés, nos téléphones portables détruits, les matelas et les vêtements recouverts d’huile, de sirop, de vinaigre. Plusieurs personnes n’ont toujours pas pu récupérer leurs affaires.
Après dix heures de garde à vue, tout le monde est sorti avec une convocation pour comparution ultérieure devant le procureur (ordonnance pénale). Pendant tout ce temps, une enfant, un bébé et leur mère, qui logeaient dans le bâtiment, ont été emmenées et isolées sur un parking en plein soleil, d’où elles n’avaient pas de moyen de partir.
Plusieurs personnes ont dû être relogées en urgence par des réseaux solidaires. Parmi elles, la famille, avec un enfant et un bébé, à qui aucune solution de prise en charge n’a été proposée par les autorités.
La ferme a été murée le jour même par la DREAL. Avec cette expulsion, la DREAL choisit de mettre des personnes à la rue pour réaffirmer son ambition d’avancer dans les travaux de la LEO, alors même que le projet est toujours suspendu faute de financements et que l’opposition locale grandit encore. Ces maisons sont un des derniers remparts contre la LEO. Les démolitions pourraient bien commencer prochainement, ainsi que l’a laissé entendre la DREAL. La temporalité sera alors à l’action : blocage et tout ce qui pourra mettre à l’arrêt les chantiers !
Au delà de la nécessité immédiate de cette occupation, habiter ce lieu nous a permis de créer et d’entretenir de nombreuses dynamiques de solidarité et de rencontre. On y a tissé des ponts entre les enjeux de défense des terres, de précarité, d’accès au logement, d’antiracisme. On est tristes et en colère, mais on a plein d’envies pour continuer à faire vivre ces liens, et une expulsion ne nous arrêtera pas !
A vite.