Il y a tout juste un mois, le squat du 46 rue Victor Hugo, à Bagnolet, était incendié en plein jour. Le bâtiment a été entièrement détruit par les flammes, ses occupant-e-s se retrouvant tou-te-s sans logement et certain-e-s encore à l’hôpital aujourd’hui, gravement brûlé-e-s… Pendant ce temps-là, le proprio n’a pas perdu de temps et a pu mettre à exécution son permis de construire, des engins de chantier sont sur place et les travaux avancent.
Ci-dessous, une affichette collée dans le quartier donne quelques informations passées inaperçues même à Bagnolet:
L’incendie du 46 rue Victor Hugo : la faute à pas de chance ?
Le 28 octobre dernier vers 13h50, un incendie a eu lieu et a détruit la maison qui donnait sur la cour du 46 Victor Hugo, à Bagnolet. Par chance, il n’y a pas eu de mort, mais il y a eu des blessés, des traumatisés et des gens qui ont tout perdu et se sont retrouvés à la rue.
Mais, est-ce un hasard…
– Si les habitants de ce pavillon étaient des « occupants sans titre », des gens qui, pour avoir un toit au-dessus de leur tête, doivent occuper un logement vide sans l’accord de leur propriétaire ?
– S’ils étaient tous pauvres, venus ici d’un pays ruiné, ravagé par le système capitaliste post-colonial, pour tenter de survivre et nourrir leur famille?
– Si, très peu de temps avant l’incendie, le propriétaire du pavillon, se heurtant à un refus des habitants de partir contre une compensation en argent, s’est montré menaçant à leur égard, évoquant « d’autres moyens » de les expulser ?
– Si des habitants ont vu deux personnes cagoulées quitter les lieux juste après avoir entendu un gros bruit ? Si plusieurs personnes disent que c’est un cocktail molotov qui a été jeté sur la maison ?
Va savoir !
Le feu prend aussi là où les conditions de vie sont indignes. Mais il n’en reste pas moins que mettre le feu là où vivent des gens est aussi l’arme des salauds les plus lâches. Et ce n’est pas la première fois à Bagnolet que le feu frappe les plus démunis.
En juin dernier, une fillette de 5 ans et son père sont morts dans l’incendie de l’abri de fortune où ils dormaient, juste en face du parc des Guilands.
En 2012 comme en 2004, ce sont des lieux et bâtiments occupés par des Roms qui brûlent mystérieusement, au bord de l’A3 et rue des Blancs Champs. En 2004, dans la même nuit, un squat avenue de Stalingrad, occupé par des personnes polonaises pour la plupart, brûle lui aussi ; 3 personnes meurent. Et ce n’est pas qu’à Bagnolet que les squats sont stigmatisés, expulsés, que les lieux brûlent plus ou moins accidentellement.
A Bagnolet comme ailleurs :
Un logement décent pour tous !
Halte aux incendies de lieux de vie ! Halte à la chasse aux pauvres !
Des habitantes et habitants du quartier
[novembre 2015]