Après la Maison de la Grève à Rennes, c’est au tour de la CASA Marulaz (Centre Autonome Social Autogéré) de se faire expulser par une mairie socialiste.
Né d’un rassemblement inter-associatif dénonçant le manque criant de locaux dans la ville et la politique de privatisation du bien commun par le PS local, la CASA avait ouvert ses portes fin septembre dans les anciens locaux de la FSU abandonnés depuis trois ans. Rapidement elle est devenue un point de rencontre pour les animateurs du mouvement contre la réforme des retraites et a accueilli pas mal de projets restés en souffrance. Projections, débats, expos, musique… elle disposait d’un info-kiosque et d’une zone de gratuité où chacun pouvait prendre et déposer des objets. Chaque jeudi, elle accueillait une cantine populaire où l’on pouvait se réunir autour d’un repas à prix-libre.
Victime de son succès? La Casa Marulaz a été l’objet d’une hostilité importante de la part des autorités municipales qui ont pénétré ses murs par effraction, coupé l’eau et l’électricité à plusieurs reprises avant de demander l’expulsion immédiate alors qu’elle n’ignorait pas qu’elle mettait ainsi à la rue un jeune SDF sans revenu. Cherchant par tous les moyens à discréditer un projet plutôt bien accueilli par les habitant(e)s, les autorités municipales ont assimilé les occupant(e)s à des extrémistes pour justifier leur refus de dialoguer et de chercher une solution à ce problème récurrent dans cette ville qui expulse les habitants et les associations loin du centre et préfère tuer toute vie associative plutôt que de lui laisser la moindre marge d’autonomie. Finalement, après une parodie de procès assez ridicule où le juge, se prenant pour une assistante sociale, proposait de reloger les squatteurs dans un foyer fermé depuis plusieurs années, l’expulsion s’est faite à grand renfort de policiers prétendant avoir agi «sans violence» puisque personne n’a été blessé !
À l’image de ce qui se passe ailleurs cette expulsion s’inscrit dans une politique de répression systématique de toute forme d’initiative autonome de changement radical de société. Conscientes de l’importance de ce type de lieu dans l’organisation des mouvements sociaux et la diffusion des idées contestataires, les autorités ont décidé de les fermer systématiquement pour ne leur laisser aucune chance de s’installer dans un paysage social dans lequel ils peuvent rapidement tenir un rôle de première importance… Aussi, l’énergie qui a permis d’ouvrir ce lieu et de le faire vivre, les liens qui se sont tissés entre les participants ne sont pas morts sous les coups de matraques et d’autres d’initiatives allant dans le même sens verront le jour. En attendant, un premier rassemblement est prévu ce mercredi [8 déc.] à 16h30 devant la mairie pour contester l’expulsion… et il y en aura d’autres !
CASA VIVRA !
Bellaciao, 8 décembre 2010.