Les médias mainstream et les pouvoirs politiques sont en train d’instrumentaliser l’histoire d’un couple qui a vu sa maison, à Gand, occupée par une famille Rrom alors qu’ils étaient partis depuis 2 mois au Vietnam. La famille s’est fait avoir par une personne peu scrupuleuse qui a ouvert puis leur a loué la maison en question.
S’en est suivi tant sur les réseaux sociaux que dans les commentaires sur les médias en ligne, un déferlement de haine très souvent raciste allant de l’appel à venir les déloger à coup de batte jusqu’à des appels à abattre « les nuisibles » à coup de fusil de chasse. Les racistes décomplexé.e.s sont de sortie.
A côté de ce déferlement raciste, personne ne vient se soucier de ce qu’il adviendra de cette famille qui après s’être fait arnaquer, risque bien de se retrouver à la rue…
Et ce n’est pas tout, les vautours politiciens se sont jetés sur l’occasion pour faire passer la pilule anti-squat… Le bourgmestre de Gand s’est prétendu « impuissant » sans mesure du gouvernement fédéral… Certains médias mainstream n’hésitent pas à écrire « il n’existe aucun moyen légal pour rendre la maison aux propriétaires! ». Ce qui est absolument faux, surtout quand on sait qu’une procédure d’expulsion unilatérale peut ne prendre guère plus de… 48h. Le président du CD&V Wouter Beke, propose lui une solution à la légalité quelque peu douteuse: déclarer la maison temporairement inhabitable pour pouvoir procéder à une expulsion immédiate. Ce qui n’est pas sans rappeler la méthode utilisée par le bourgmestre d’Anderlecht, il y a de cela un peu plus d’un an pour expulser plus rapidement deux maisons occupées à La Roue en faisant un constat d’insalubrité complètement fantaisiste.
Suite à ce nouveau fait divers, le ministre de la justice Koen Geens a déclaré que des mesures strictes seraient prises d’ici les vacances de Pâques pour donner plus de pouvoirs au juges de paix (qui peuvent déjà faire expulser une maison en 48h!) et pour permettre aux bourgmestres de lancer eux-mêmes des procédures chez le/la juge de paix sans même passer par l’avis du/de la propriétaire… On ne trouve pas de référence directe à une pénalisation du squat dans les médias francophones, néanmoins le site de la VRT, lui, parle de sanction pénale. Si celle-ci reste similaire au texte d’il y a deux ans, il s’agirait de peines allant de deux semaines à deux ans de prison. Mais pour l’OpenVLD ce n’est pas assez, selon-eux il faudrait permettre aux bourgmestres de procéder à des expulsions sans passer par un juge de paix… Le député Egbert Lachaert a même osé lancé « C’est tout de même incroyable que nous devions mener ce débat sur la protection du droit de propriété ».
Ce genre de mesure risque d’avoir des conséquences très négatives sur la problématique du logement. Dans certaines communes particulièrement hostiles aux squats on risque de fort voir apparaître une politique de répression systématique des occupations. Ce qui ne pourra qu’augmenter le nombre de gens devant dormir dans la rue…
La réponse du gouvernement reste toujours la même : la répression… T’as pas de logement ? On t’envoie en prison.
Rappelons que bien que médias et politiques se jettent sur ce genre d’histoire, le squat de maisons habitées est extrêmement rare.
Rappelons également qu’entre 15.000 et 30.000 logements sont laissés à l’abandon rien qu’à Bruxelles pendant que près de 5.000 personnes dorment à la rue… Bon nombre de ces bâtiments sont laissés à l’abandon pour des raisons de spéculation immobilière. D’autres encore, appartenant à l’État ou aux sociétés de logements sociaux, le sont pour des raisons de mauvaise gestion.
Non à la répression!
Plus que jamais, organisons-nous et agissons ensemble contre les projets de loi des gouvernants qui veulent toujours plus nous plonger dans la misère et l’enfermement!
Ne laissons pas passer la loi anti-squat!
Occupons encore et toujours les logements vides qui croiseront nos routes!
Nous vous rappelons également la manif de ce 21 mars à Bruxelles:
Un logement pour toutes et tous! Départ 18h à Porte de Namur.