Vincennes (94): expulsion de la Jarry

Avis de décès.

L’âme de la Cité Industrielle de Vincennes a définitivement quitté son corps ce matin [jeudi 20 juillet 2017]. Sous la contrainte d’un appareil administratif qui n’a pas su voir, reconnaître ni protéger l’expérience alternative de 300 personnes, reflets d’une société mixte avec une forte concentration d’artistes, ce corps gigantesque s’est éteint ce matin dans le silence.

Cette nuit, Imagina a peint ce cri qui devient l’ultime message de la Cité à la face du monde.
Que chacun voyage en paix et reçoive de ce cri ce que son cœur lui permet d’entendre.

[Publié le 20 juillet 2017 sur le Facebook de la Jarry.]


La Cité de la Jarry, le plus grand squat artistique d’Île-de-France, a été évacuée
Culturebox (avec AFP) | 20 juillet 2017 (mis à jour le 21 juillet)

La Cité de la Jarry, ancien bâtiment industriel de Vincennes reconverti en gigantesque squat artistique, considéré comme le plus grand d’Île-de-France, a été évacué le matin du jeudi 20 juillet « dans le calme ».

C’était le plus grand squat artistique d’Île-de-France, occupé depuis plus de vingt ans. La Cité de la Jarry, un ancien bâtiment situé à Vincennes, à l’Est de Paris, a été évacué ce jeudi matin. Jusqu’à 300 personnes, dont des artisans, des artistes, des familles, avaient investi ce lieu, au compte-gouttes à partir des années 1990, puis massivement depuis 2004 et l’arrêté de mise en péril pris par la municipalité.

La grande majorité avait déjà anticipé la fermeture du site et fait ses valises depuis plusieurs jours. « 47 personnes ont été évacuées, dont deux relogées à leur demande, et dix ont fait l’objet de contrôle d’identité », a indiqué une source proche du dossier.

Un lycée en construction sur le site

L’expulsion, ordonnée depuis avril 2016 par un juge de l’expropriation, a commencé à 6 heures et s’est déroulée « dans le calme », a déclaré le maire UDI de Vincennes Laurent Lafon, présent sur place, à l’AFP. Une douzaine de camions de CRS occupaient la rue bordant le monumental bâtiment de 45.000 m2 étalés sur six étages, tandis que des ouvriers s’affairaient à en murer les accès, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les communes de Vincennes et Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), réunies en syndicat intercommunal, ont acquis le site en 2015 avec pour objectif de le démolir et de construire un lycée. « L’établissement accueillera 800 lycéens et sera également doté d’un gymnase et de logements de fonction pour le personnel enseignant », a indiqué la préfecture du Val-de-Marne dans un communiqué.

Vincennes : les irréductibles résidents du squat de la Jarry évacués
Marion Kremp (Le Parisien) | 20 juillet 2017

Sous le sceau d’un arrêté de péril depuis 2004, le squat de la Jarry, le plus vaste d’Ile-de-France, a été évacué ce tôt ce jeudi matin. Il sera démoli pour laisser place à un lycée.

Il était le plus vaste squat d’Ile-de-France, habité par des artistes et artisans qui y avaient installé leurs ateliers mais aussi par des résidents précaires. Imposant, majestueux, ce temple d’un passé industriel révolu à la façade aussi délabrée qu’intrigante ne sera bientôt plus. Ce jeudi matin à Vincennes, c’est dans une rue bouclée par une vingtaine de camions de CRS que les derniers occupants du squat de la Jarry ont été évacués.

Devant le spectacle des engins de chantier occupés à clôturer le site à l’aide de blocs de béton, Marcel, 48 ans, attend une solution de relogement. Deux grosses valises à la main, cet agent de sécurité qui vivait là depuis plus d’un an ne veut pas comprendre : « Vous voyez les fenêtres brisées et les tags sur les murs, mais à l’intérieur on était bien, on avait des appartements, des studios et même des lofts, aujourd’hui, sous prétexte que je suis un homme seul on ne me propose même pas une chambre d’hôtel ! », s’énerve-t-il en quittant les lieux.

L’ancienne cité industrielle avait fait l’objet dès 2004 d’un arrêté de péril au regard de sa dégradation qui présentait un risque pour la sécurité publique. Dès lors, abandonné, le bâtiment de 46 000 m2 sur six étages est investi par des artistes et des populations précaires. Racheté en 2015 par les villes de Vincennes et de Fontenay-sous-Bois, il laissera place, au terme de près de douze ans de procédures, à un nouveau lycée intercommunal.

Depuis le 11 juillet, un avis d’expulsion avait été placardé à l’entrée du bâtiment. Nombreux sont ceux qui étaient déjà partis avant l’arrivée ce jeudi aux aurores des forces de l’ordre. Des 300 à 500 personnes qui logeaient dans les étages, seule une quinzaine de résidents étaient encore présents.

Les villes de Vincennes et de Fontenay-sous-Bois ont proposé, via la direction régionale du logement (DRIHL), des solutions de relogement pour les familles et les personnes fragiles recensées qui avaient toutes quitté les lieux avant l’évacuation. Cependant, sur place ce jeudi matin, des représentants de la mairie de Vincennes veillaient à trouver des solutions de repli pour ceux qui étaient encore là au petit matin.