Johannesburg (Afrique du Sud): solidarité avec les « Quatre de Boiketlong »

Appel à solidarité –

Les « Quatre de Boiketlong » et la criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux : Liberté pour Dinah et Sipho, Justice pour Papi !

Les Quatre de Boiketlong

En février 2015, quatre militant-e-s de quartier [community activists] originaires de Boiketlong dans le Vaal, au sud de Johannesburg, ont été condamné-e-s à 16 ans de prison chacun-e à la suite d’une manifestation locale. C’est une condamnation très sévère et qui s’est basée sur des preuves très peu tangibles. Les « Quatre de Boiketlong » ont été arrêté-e-s et accusé-e-s d’avoir agressé de la conseillère locale de quartier (membre de l’ANC1) et d’avoir mis le feu à sa maison et à deux voitures pendant ladite manifestation. Elles et ils ont été jugé-e-s coupables d’agression avec intention de causer de sérieux dégâts humains, d’incendie, de dégradations aggravées et d’atteinte à la propriété. C’est un exemple de la terrible injustice qui est menée contre les militant-e-s de la classe ouvrière noire et cela pourrait avoir de dangereuses répercussions pour les luttes à venir de la classe ouvrière noire et des pauvres en Afrique du Sud, si on ne combat pas cette décision de justice. Les gens doivent être mis-es au courant des faits et des actions doivent être menées pour demander justice et pour combattre la criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux.

Les preuves présentées contre les accusé-e-s ne tenaient pas debout et les témoins appelé-e-s à la barre n’étaient soit pas en mesure d’identifier les quatre accusé-e-s soit pas en mesure de les replacer dans l’action. Pour les inculper, l’État a utilisé la loi d’apartheid de 1973 qui postule une « communauté d’objectifs », signifiant par là que leur culpabilité réside simplement dans le fait qu’ils sont des leaders de la communauté, même si aucune preuve présentée n’a permis de les relier aux incendies, qu’il s’agisse des voitures ou de la maison de la conseillère. Au moins une des quatre, Dinah Makhetha, n’était même pas présente lors des faits.

Le témoin clé qui entendait témoigner que Dinah n’était pas présente au domicile de la conseillère au moment des faits, Papi Tobias, a disparu dans des circonstances suspectes en février 2016 et n’a pas été vu depuis. Il est considéré mort à l’heure actuelle.

En juin 2015, les Quatre de Boiketlong ont fait une demande de libération sous caution et ont fait appel du jugement et de la condamnation. Elles et ils ont eu le droit de faire appel du jugement mais pas de la condamnation, c’est-à-dire que si l’appel confirme leur culpabilité aux yeux de la Justice, elles et ils devront effectuer la totalité des 16 ans de prison. La libération sous caution leur a également été refusée.

En les forçant à demander la libération sous caution et en conditionnant les possibilités d’appel, la Haute Cour a placé une lourde charge financière et émotionnelle sur les familles des accusé-e-s, issues de la classe ouvrière. Un comité chargé de la collecte des fonds au sein du quartier a été monté pour faire face aux frais de justice et aux dépenses attenantes.

Après 9 mois de prison, les quatre militant-e-s ont été libéré-e-s sous caution en octobre 2015.

Puis, le 19 juin 2017, deux des quatre ont de nouveau été arrêté-e-s et renvoyé-e-s en prison, où ils sont toujours actuellement. Nous devons absolument exiger leur mise en liberté immédiate sous caution et la relaxe pour toutes les charges qui pèsent contre elles et eux.

Néolibéralisme, corruption, et la criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux

Les Quatre de Boiketlong étaient des militant-e-s important-e-s de la lutte dans le quartier pour le logement, pour le développement du township2 et pour l’application des promesses faites par l’ANC depuis plus de 20 ans. Être pauvre et se battre pour améliorer leurs conditions de vie et celles du reste de leur quartier, c’est là leurs seuls « crimes ». Nous pensons qu’ils ont été ciblé-e-s par une manœuvre politique de l’État, sur initiative de l’ANC locale, visant à supprimer et à criminaliser leurs activités en tant que militant-e-s, en raison de leur rôle dans l’opposition aux politiques anti-pauvres du gouvernement néolibéral de l’ANC et de leur effort pour mettre au grand jour et pour faire disparaître la corruption des élites politiques locales. Ce ne sont pas des criminel-le-s, ce sont des prisonnier-e-s de la guerre de classe, des prisonnier-e-s politiques.

Ils et elles ont été injustement accusé-e-s à cause de leur rôle dans les mouvements de contestation du quartier, qui sont dus aux traitements injustes, à la corruption et à la mauvaise gouvernance. La classe ouvrière noire en Afrique du Sud a bien assez souffert du poids de la pauvreté et des inégalités mais, dès que nous descendons dans la rue, nous devons en plus subir la brutalité de la police et des autres forces de répression de l’État. Les politicien-ne-s qui ont prétendument été mis-es au pouvoir pour servir la communauté ont rapidement oublié de le faire parce qu’ils vivent désormais dans le luxe.

Nos frères et nos sœurs qui ont mené le combat pour la justice ne devraient pas être celles et ceux qui paient pour cela. Le régime tripartite de 1994 prétendait qu’il ne ferait pas à la classe ouvrière noire ce que le Parti National3 lui avait fait auparavant. Mais plus de 20 ans plus tard, nous faisons le bilan amer que bien peu de choses ont changé. L’ennemi est bien le parti au pouvoir et les intérêts capitalistes privés.

Tout comme de nombreux townships, zones rurales et autres quartiers pauvres dans toute l’Afrique du Sud, la classe ouvrière noire et les quartiers pauvres de Boiketlong ont longtemps souffert des promesses non tenues du gouvernement de l’ANC. Depuis les premières élections multiraciales de 1994, l’ANC a été élue et ré-élue sur la base de fausses promesses : meilleur accès aux services de base, création d’emplois, développement et amélioration des townships et des autres zones sous-développées qui ont depuis longtemps souffert d’un manque d’accès (technique et financier) à l’eau, à l’électricité, au logement décent, à la santé, à l’éducation et à la collecte des ordures. Ce sont là les conséquences du capitalisme d’apartheid et du colonialisme.

En raison des politiques néolibérales menées par l’ANC contre la classe ouvrière, les protestations et le mécontentement populaire n’ont de cesse d’augmenter contre ce qui apparaît comme un manque flagrant de volonté politique et une incapacité totale à faire évoluer la situation. Au lieu de commencer à remplir ses promesses en mettant en place un large plan de développement et d’amélioration des townships, une réforme agraire, un meilleur accès aux services de base et de nouveaux emplois, l’ANC répond de plus en plus par la criminalisation des manifestations – et des pauvres – afin de contenir voire de supprimer les luttes sociales et la résistance de la classe ouvrière.

Cette situation est due à deux facteurs importants : tout d’abord, l’élite politique utilise l’État pour son enrichissement personnel ; ensuite, elle fait passer des politiques néolibérales qui ont pour but de rediriger la richesse vers les classes supérieures, de prendre à la classe ouvrière noire et aux pauvres pour donner à la classe dirigeante (désormais composée de capitalistes privés blancs mais aussi noirs, de politicien-ne-s et de grands cadres d’État). Cette stratégie entend retrouver la compétitivité et maintenir les profits en transférant les coûts de la crise économique sur la classe ouvrière, et notamment sur sa portion noire [largement majoritaire numériquement, NdT]. Cette politique se concrétise par la marchandisation et la privatisation du secteur public, la flexibilisation du travail, des mesures budgétaires d’austérité et des coupes dans les dépenses sociales, le recours à la sous-traitance, des mesures draconiennes de réduction des coûts, etc.

Au niveau local, le recours à la sous-traitance a mené à la généralisation du népotisme, de la corruption et du clientélisme en matière de logements, de services de base, de développement d’infrastructures, à savoir que seuls les propriétaires d’entreprises et les individus connectés aux sphères politiques, notamment parmi la nouvelle élite noire du Black Economic Empowerment (BBE)4, peuvent accéder à des contrats. Pour faire un maximum de profits dans ces contrats, ces « entrepreneurs d’appels d’offres » [‘tenderpreneurs’] issus du BEE réduisent les coûts en exploitant les travailleuses et travailleurs, en utilisant les matériaux les moins chers possibles et en rognant sur les normes de sécurité et de qualité. C’est la raison pour laquelle il y a tant de maisons du RDP5 qui se fendillent et qui tombent en ruine et que la qualité des services dans les townships de la classe ouvrière noire est si mauvaise.

L’élite politique, à un niveau local, provincial et national – autant l’ANC que, dans certaines zones, la « Democratic Alliance » – l’accès et le contrôle qu’elle a sur les ressources de l’État pour s’enrichir personnellement et pour renforcer son pouvoir et son contrôle sur l’État et ses ressources. C’est ce que le mot « corruption » signifie réellement et cela se fait au détriment de la classe ouvrière noire et des pauvres – qui ne reçoivent rien d’autre que des logements et des services publics de piètre qualité et la répression étatique quand elles et ils se soulèvent.

Dans le contexte de la crise capitaliste mondiale et de la diminution des ressources, il y a une lutte qui prend de plus en plus de place au sein même des élites politiques pour déterminer qui s’arrogera le pouvoir et l’accès à des ressources désormais limitées. C’est cette compétition pour l’accès au pouvoir d’État et aux ressources pour l’enrichissement personnel qui a conduit et conduit encore aux batailles que nous pouvons régulièrement constater entre les deux principales factions rivales de l’ANC – ceux autour de Jacob Zuma et ceux autour de Cyril Ramaphosa.

Dès qu’on gratte sous le vernis, que ce soient ces deux factions ou les deux ailes de la classe dirigeante (les cadres d’État, l’élite politique et les politiciens d’une part ; les capitalistes privés, l’élite économique et les patrons de l’autre), toutes dépendent de l’exploitation de la classe ouvrière et des pauvres, et du modèle basé sur le travail à très faible prix des noir-e-s, ce qui implique nécessairement le manque criant d’investissement dans les townships que nous connaissons.

La seule manière de mettre fin à cette situation, c’est par la résistance consistante et indépendante, la lutte des classes, et c’est précisément ce que craint la classe dirigeante ; et la raison pour laquelle l’État et l’élite politique qui le contrôle ont de plus en plus souvent recours à la criminalisation de la pauvreté et des mouvements sociaux pour faire disparaître la résistance de la classe ouvrière.

Le gouvernement de l’ANC veut faire un exemple sur le dos des Quatre de Boiketlong pour envoyer un message fort aux pauvres, aux chômeuses et aux chômeurs et à toute la jeunesse marginalisée qui mène et participe aux luttes pour la terre et pour le logement, pour les emplois et l’accès aux services de base. Le message est le suivant : si vous osez vous organiser ou vous engager dans les luttes sociales pour défendre vos droits, pour mettre à jour et simplement contester la corruption rampante de l’élite politique, on s’occupera de vous rapidement et sans ménagement. Les lourdes peines qui pèsent sur la tête des Quatre de Boiketlong et le refus de la libération sous caution et de la possibilité d’un véritable appel ont un objectif commun : intimider et détourner tou-te-s les autres de la résistance ouvrière indépendante et des manifestations.

Il est donc de la plus haute importance que les militant-e-s lutte des classes fassent tout leur possible pour faire campagne pour casser la condamnation et les peines prononcées. Si on ne le fait pas, l’État utilisera ce cas comme un précédent afin de criminaliser plus avant toute forme de contestation et la pauvreté en général et de plus en plus de gens seront jeté-e-s en prison sur la base de prétendues accusations criminelles et étouffé-e-s sous de lourdes peines pour avoir protesté contre leur pauvreté et avoir défendu leurs droits.

Justice pour Papi Tobias

Le soir du 6 février 2016, Papi Tobias a quitté sa maison à Boiketlong pour aller voir un match de football dans un bar du coin. La dernière fois qu’il a été vu, il quittait le bar en présence du brigadier-commandant Jan Scheepers du commissariat de Sebokeng.

Papi, père de trois enfants, était également un militant important du quartier pour le logement et pour le développement du township et il était très souvent aux avant-postes dans les mobilisations pour l’accès aux services de base.

Il était aussi l’un de celles et ceux qui étaient en charge de collecter de l’argent au nom du comité pour couvrir les frais de justice des Quatre de Boiketlong. Six jours avant sa disparition, Papi avait participé à une réunion de quartier houleuse convoquée par le maire local, où il avait critiqué le comité pour son usage frauduleux de l’argent collecté pour la défense des Quatre de Boiketlong. Il y aurait dit que la communauté se trouvait « menacée et bloquée » par le comité qui s’était « en réalité autoproclamé comité de soutien parce que ce ne sont pas les nôtres, ceux du peuple » et que « les mauvaises personnes ont été arrêtées ».

Papi avait aussi déclaré au brigadier Scheepers, au procureur qui s’occupait alors du cas des Quatre de Boiketlong, à un employé para-légal au Orange Farm Human Rights Advice Centre [Centre de Conseil sur les Droits Humains d’Orange Farm, NdT] et lors de réunions publiques, qu’il avait l’intention de témoigner que Dinah n’était pas à proximité de la maison de la conseillère lorsqu’elle a été incendiée et qu’elle et les trois autres avaient été accusé-e-s à tort.

Un faisceau de suspicions vise un des leaders locaux de l’ANC, membre du Boiketlong Concern Group (dominé par l’ANC), en ce qui concerne la disparition de Papi. Membre du comité de soutien, il était en effet accusé d’avoir détourné des fonds et il aurait dit à la famille que le brigadier Scheepers savait où se trouvait Papi peu après sa disparition. En outre, ledit brigadier Scheepers et le maire de la municipalité locale d’Emfuleni, Simon Mofokeng, sont aussi suspectés d’être impliqués dans le kidnapping.

Peu de temps avant sa disparition, le chien de Papi avait été tué et un membre du Boiketlong Concern Group a dit qu’ils avaient entendu des rumeurs qui disaient que la vie de Papi était en danger. Papi a disparu depuis bien plus d’un an et il est désormais considéré comme mort. Sa disparition et sa mort présumée sont indéniablement motivées par des intérêts politiques et liées à son rôle dans les luttes pour l’accès aux services de base, au logement, pour le développement du township et à ses efforts pour afficher au grand jour les suspicions de corruption de membres du comité de soutien et du maire et le détournement de l’argent récolté pour les frais de justice des Quatre de Boiketlong.

Les enquêteurs de la police en charge de l’affaire semblent n’avaient fait que très peu d’efforts pour établir ce qu’il était advenu de Papi et le localiser et aucune enquête n’a l’air encore en cours. A l’heure où nous publions ce communiqué, personne n’a été arrêté ni mis en examen en lien avec la disparition de Papi.

Liberté pour Dinah et Sipho

Depuis leur libération sous caution en octobre 2015, l’une des accusé-e-s, Pulane Mahlangu, s’est échappée et a disparu. Un autre, Dan Sekuti Molefe, est décédé en décembre 2016. Il était déjà malade avant son arrestation et il est certain que le stress de cette affaire et de sa condamnation, ainsi que les souffrances et la violence induites par les 9 mois de prison et la perspective d’y retourner pour encore 16 ans, ont largement contribué à sa mort.

Le 6 juin 2017, une audience en appel concernant la peine de 16 de prison des deux accusé-e-s restant-e-s, Sipho Sydney Manganye et Dinah Makhetha, a eu lieu à la Haute Court de North Gauteng. La demande a été rejetée et les deux accusé-e-s ont été sommé-e-s de se présenter devant la Cour Régionale de Sebokeng le 19 juin.

Le 15 juin, Dinah et Sipho ont rencontré leur avocat de Legal Aid SA, qui leur a dit qu’il avait demandé une extension de leur caution devant la Cour Régionale de Sebokeng le 19 juin. Mais le magistrat en charge du dossier a refusé l’extension de la caution parce que la demande aurait dû être portée devant la Haute Cour de North Gauteng puisque c’est là-bas que la caution avait été déposée initialement. Dinah et Sipho ont dont été ré-arrêté-e-s et renvoyé-e-s en prison.

Les représentants légaux pro-bono de Dinah et Sipho, Legal Aid SA, auraient dû demander à la Haute Cour d’étendre la caution au temps que la demande d’appel soit traitée à Sebokeng mais il semble que cela n’a pas été fait et les deux accusé-e-s croupissent donc en prison, pour la deuxième fois, depuis plus d’un mois.

Pendant qu’il était dehors sous caution, Sipho semble avoir été co-opté par l’élite locale de l’ANC, qui lui a donné un emploi dans un projet de développement du township. C’est une tactique régulièrement utilisée par les élites politiques locales pour co-opter les militant-e-s et les détourner de l’activisme et de la lutte, ce qui permet de neutraliser la menace qu’ils et elles constituent, à la fois pour la domination de l’élite politique locale et pour les opportunités de s’enrichir en prenant dans les caisses des institutions ou via la distribution des appels d’offres. Sipho, peut-être par désespoir, a semble-t-il commencé à défendre l’action du maire et a prétendre qu’il était à l’écoute du peuple. Il ne semble plus intéressé par la lutte sociale et le militantisme de terrain.

Cependant, cela ne signifie pas qu’il devrait être abandonné à son sort en prison sans aucun soutien. Mais il semble qu’il ait été trompé s’il croit que l’ANC et l’élite politique locale l’aideront s’il arrête son engagement dans les luttes du quartier.

La défense de Sipho, malheureusement, n’est pas aussi forte que celle de Dinah et l’avocat n’est pas parvenu à trouver des éléments pour remettre en cause deux des quatre accusations qui pèsent contre lui (à savoir agression avec intention de créer de sévères dégâts humains et incendie). Cela signifie que, même si l’avocat parvient à obtenir un appel favorable sur les deux autres charges, il pourrait quand même être condamné à 10 ans de prison.

Dinah, une militante de longue date et anciennement membre du feu Forum Anti-Privatisation (APF), est elle restée inflexible dans son engagement en faveur de la justice sociale et du militantisme de lutte de classes et, en dépit d’une ordonnance qui date de l’époque de l’apartheid et qui l’empêche d’assister aux réunions politiques ou aux réunions de quartiers, aux manifestations etc., elle est restée impliquée dans les efforts d’organisation sociale dans le quartier et dans le militantisme quand elle était libérée sous caution.

Aussi, la défense de Dinah est quasiment inattaquable et l’avocat a trouvé des éléments qui contredisent chacun des quatre chefs d’accusation.

Il est vital que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour témoigner de notre solidarité immédiate et de notre soutien à la fois pour Dinah et Sipho, pour s’assurer qu’elle et lui pourront être libéré-e-s sous caution en attendant l’appel et pour que les charges d’accusation soient retirées et qu’il/elle soient tou-te-s deux innocenté-e-s.

Dinah et Sipho sont des prisonnier-e-s politiques de l’État capitaliste, qui veut s’en servir comme exemple. Leur avenir va déterminer celui de nombreux et nombreuses militant-e-s de quartier et autres résident-e-s pauvres des townships qui s’engageront dans les luttes sociales et les contestations à venir. Si leur condamnation et leurs peines ne sont pas cassées, d’autres militant-e-s lutte de classes et personnes arrêtées pendant les manifestations pourraient également être condamné-e-s à de très lourdes peines.

Dinah et Sipho se présenteront devant la Cour de District de Sebokeng mercredi 26 juillet pour l’audience concernant l’extension de leur caution. Une manifestation est prévue devant le tribunal le jour même et nous appelons nos camarades, nos allié-e-s et tou-te-s les amoureu-x-ses de la liberté et de la justice dans le monde entier de montrer, dans la mesure du possible, leur solidarité avec Sipho et Dinah et de réclamer la justice pour les deux accusé-e-s et pour Papi, avant et après le mercredi 26 juillet. Nous devons aussi faire pression pour qu’une date soit fixée le plus vite possible pour une audience à la Cour Suprême d’Appel sur le jugement et sur les peines prononcées. D’ici là et jusqu’à la date d’un tel procès, nous vous appelons, vous et vos organisations, à organiser des actions et des activités de solidarité pour montrer le soutien à Dinah et Sipho. Nous communiquerons la date du procès en appel dès qu’elle aura été fixée.

LIBERTÉ POUR DINAH ET SIPHO ! JUSTICE POUR PAPI !

STOP A LA CRIMINALISATION DE LA PAUVRETÉ ET DES MOUVEMENTS SOCIAUX !

DÉFENDONS NOTRE DROIT D’ASSOCIATION, D’EXPRESSION ET DE MANIFESTATION !

Ce que vous pouvez faire :

– Des piquets et des manifestations devant les ambassades sud-africaines à l’étranger le mercredi 26 juillet ;

– Envoyer des mails et des faxs au Département de la Justice et du Développement Constitutionnel pour demander l’extension de la caution le mercredi 26 juillet ;

– Diffuser cet appel à solidarité sur les réseaux sociaux et dans vos organisations, mouvements, médias, réseaux ;

– Écrire des lettres et des articles à propos de cette affaire et les publier dans les médias et magazines alternatives, voire grand public, là où c’est possible ;

– Discuter de l’affaire et de l’appel à solidarité sur les radios associatives et les webradios, dans les réunions étudiantes, de travailleu-r-ses et de quartiers, dans les manifestations, etc. ;

– Prendre des photographies d’actions et d’activités de solidarité ou de vous-mêmes et de votre organisation avec des pancartes ou des banderoles de soutien, pour demander la mise en liberté sous caution et la relaxe pour Dinah et Sipho et les publier avec les hashtags (#) et comptes attachés (@) qui sont spécifiés plus bas ;

– Écrire des lettres de soutien à Dinah, Sipho et/ou à la famille de Papi et les envoyer par mail à zacf@@@riseup.net et à orangefarmadvicecenter@@@gmail.com pour qu’elles soient transmises aux destinataires ;

– Mettre la pression sur Legal Aid SA afin qu’ils priorisent cette affaire, en les appelant, en leur envoyant des e-mails et des fax pour qu’ils soient constamment sous pression afin qu’ils prennent vraiment soin de ce cas ;

– Faire savoir au gouvernement sud-africain que cette affaire est suivie dans le monde entier en appelant, en envoyant des e-mails et en faxant la Présidence et le Département de la Justice et du Développement Constitutionnel pour réclamer la libération et la relaxe pour Dinah et Sipho et une véritable enquête sur la disparation de Paps Tobias.

Sur les réseaux sociaux, utilisez les hashtags #Boiketlong4Solidarity #Boiketlong4 #FreedomforDinahandSipho #JusticeforPapiTobias et les adresses Twitter @PresidencyZA @GovernmentZA @EmfuleniLM @DOJCD_ZA @LegalAidSA1 @ZabalazaNews

Contacts des institutions précitées:

La présidence de la République d’Afrique du Sud

Tel : +27 12 300 5200

Fax : +27 12 323 8246

Email : president [at] presidency [point] gov [point] za

Bureau du Vice-Président Cyril Ramaphosa

Tel : +27 12 308 5316

E-mail : deputypresident [at] presidency [point] gov [point] za

Minister of Justice and Correctional Services

Tel : +27 12 406 4669

Fax : +27 12 406 4680

E-mail : ministry [at] justice [point] gov [point] za

Secrétaire d’État pour la Justice and pour le Développement Constitionnel

Tel : +27 12 406 4854

Fax : +27 12 406 4878

E-mail : deputyminister [at] justice [point] gov [point] za

Legal Aid South Africa Head Office

Tel : +27 11 877 2000

Legal Aid SA Pretoria Justice Centre

Tel : +27 12 401 9200

Fax : +27 12 324 1950

Legal Aid SA Vereeniging Justice Centre

Tel : +27 16 421 3527

Fax : +27 16 421 4287

Traduction : Relations Internationales de la CGA

1. African National Congress, parti au pouvoir depuis 1994, qui bénéficie encore aujourd’hui de l’aura de Nelson Mandela et de son rôle dans la lutte contre l’apartheid.

2. Note du Traducteur : anciens bidonvilles et ghettos noirs d’Afrique du Sud, qui restent les quartiers les plus pauvres.

3. NdT : parti suprémaciste blanc qui a imposé et mené le régime d’apartheid en Afrique du Sud jusqu’en 1994.

4. NdT : programme lancé en 2003, qui vise à une meilleure représentation économique des groupes raciaux non-blancs, opprimés durant l’apartheid, par l’intégration d’infimes minorités dans l’actionnariat et les sphères dirigeantes d’entreprises.

5. NdT : Reconstruction and Development Program, programme lancé par l’ANC en 1994, qui visait à la construction rapide de logements à bas coûts – environ 45 % des besoins pourvus entre 1994 et 2001, entraînant ainsi de graves conflits dans les quartiers où la demande était la plus forte, comme à Soweto –, à une grande réforme agraire et à l’extension de canalisations d’eau propre, du réseau électrique, du réseau routier, d’installations sanitaires et autres grands travaux de développement. Ce programme a été beaucoup critiqué pour ses insuffisances : qualité très médiocre du bâti, échec total de la réforme agraire, dégradation très rapide de la qualité des services et mauvaise gouvernance lors de l’application du programme.

[In English.]