Nantes: Opération maisons vides

Paul Fattal (représentant du président de l’Université de Nantes), après avoir refusé une rencontre avec le Collectif Sans Papiers de Nantes, s’être rétracté pour une rencontre avec les associations et collectifs et avoir affirmé qu’il était trop tard pour rencontrer les habitant.e.s de Censive et du Château, a accepté de recevoir l’intersyndicale le vendredi 2 mars.

Évidemment, cette rencontre ne pouvait se faire sans nous : nous nous sommes donc invité.e.s. devant les bureaux de la présidence… qui aura gardé ses portes fermées. Ainsi, face au manque d’hospitalité, il a fallu se contenter d’une occupation des trottoirs. Mais nous le rappelons une fois de plus : les trottoirs ne sont pas des dortoirs, et ne doivent pas le devenir.

L’information nous a été confirmée dissipant les doutes et les incertitudes : le dossier « Faculté occupée » est entre les mains de la préfète, Nicole Klein, depuis le 15 février. Les destins passent d’une institution à une autre. De l’Université à la Pref’, on déshumanise les individus derrière les portes des occupations et on se prépare à anéantir le calme et la relative sérénité qui depuis trois mois ont permis à des personnes de souffler. Trois mois qui ne sont, en fait, qu’une seconde à l’échelle d’un long et rude parcours. Désormais, tout cela s’effondre pour laisser place à un climat d’insécurité permanent.

Pour rappeler ses obligations à la Préfecture, lundi 5 mars le parvis du bâtiment se voit recouvert d’une multitude de maisonnettes en carton. L’occasion de rappeler que s’entasser dans des dortoirs en partageant une unique douche n’a jamais été un souhait, pour personne. Censive et le Château ne sont que des étapes avant l’accès à une vie digne impliquant un logement à soi. Malgré ces conditions de vie, ces réquisitions ont permis la mise à l’abri de très nombreuses personnes et aujourd’hui se trouvent menacées par l’arrivée prochaine des forces du désordre. Les occupations permettent de pallier au désengagement volontaire du gouvernement, c’est un fait : on pourrait quand même nous laisser tranquilles. Et pourtant… Quand la préfecture a le pouvoir de réquisitionner des logements vides, celui qu’elle va choisir d’utiliser n’est-il pas plutôt celui d’expulser ?

L’expulsion aura lieu car toutes les formes de solidarité sont bonnes à étouffer quand elles n’empruntent pas les chemins traditionnels.

Continuez à nous soutenir car sans vous on est sans toit.

Publié le 6 mars 2018 sur https://nantes.aveclesexiles.info/spip.php?article193