Quelques infos ont été envoyées au sujet d’un squat à Bordeaux. Voici un message envoyé par <cnt [point] ait [at] wanadoo [point] fr> sur A-infos le 1er mars 2002:
Les compagnons du syndicat CNT-AIT de Bordeaux occupent la vielle Bourse du Travail depuis bientôt deux mois. Ils ont besoins d’un soutien actif !
Ci dessous, une interview passée dans le Combat Syndicaliste, journal de la CNT AIT
10 janvier 2002, 6 heures du matin. Un groupe de militants reprend possession d’un bâtiment laissé à l’abandon en plein centre de Bordeaux : la vieille bourse du travail, sise 42 rue de Lalande.
C.S.: Pourquoi cette occupation ?
CNT: Nous avons décidé de l’occupation quand nous avons appris que la vieille bourse du travail allait être vendue à un particulier. Même dans une époque comme la nôtre où tout est considéré comme marchandise (des moyens minimum de subsistance jusqu’à l’individu lui-même), la vente de ce lieu public par la mairie est un acte lourd de symboles. La CNT-AIT ne pouvait pas laisser passer ça. Le bâtiment de la bourse est public depuis le XVIIIème siècle et surtout, il appartient au patrimoine social. Faut-il rappeler que les bourses du travail ont eu pour objectif de réunir les travailleurs de toutes profession et de leur redonner la conscience de leur dignité. La CNT-AIT, à la suite de la CGT-SR a largement contribué à l’animation de ce lieu de culture ouvrière, jusqu’en 1993 ou, à la suite de sombres manipulations de la mairie, elle s’est vue relogée dans des locaux insalubres.
C.S.: Votre occupation se situe à l’évidence dans cette continuité.
CNT: Oui, sur Bordeaux, il manque un local vaste et gratuit. La vieille bourse peut répondre à ce besoin. Plus concrètement, nous voulons ces locaux pour développer un anarcho-syndicalisme authentique et offensif, mais aussi partager ce lieu avec toutes les personnes, organisations syndicales ou non qui souhaiteraient développer l’émancipation de l’individu dans le respect des principes de la démocratie directe, faire de la bourse un lieu d’effervescence culturelle, un lieu de lutte contre la « refondation sociale » style MEDEF, pour de meilleures conditions de vie, … et enfin redonner à ce bâtiment sa place d’université populaire à l’heure ou la pensée unique ruine la réflexion et les espoirs de tous ceux qui pensent qu’un autre monde est possible.
C.S.: Vous vous êtes inévitablement heurtés à des difficultés…
CNT: Bien sûr. L’acheteur des locaux fait tout pour nous déloger. Des « soutiens » qui devaient nous appuyer nous ont laissé tomber, et quelques politiciens ont essayé de venir récupérer le projet. On les a gentiment remercié. Enfin le quotidien local nous a bien descendu, on est en train d’exiger un droit de réponse.
C.S.: Aujourd’hui, c’est le 21ème jour de votre occupation. Vous en êtes où ?
CNT: Nous sommes plus déterminés que jamais. Ce matin, encore l’acheteur des locaux est venu avec la police essayer de couper l’installation électrique. Cela ne fait que nous renforcer dans notre projet. De plus en plus d’individus d’horizons les plus divers passent nous voir, participent aux assemblées générales bi-hebdomadaires. Le projet culturel, social, de lutte qui est le nôtre commence à trouver un écho. Nous occupons jour et nuit et des activités diverses s’organisent : musique, repas de quartier, débats, conférences…. projets d’exposition. Notre projet, symbolisé par l’occupation de la bourse du travail, repose sur l’émancipation de l’individu., sur une conception réellement solidaire des lieux qui unissent ceux et celles qui n’ont que leur force de travail à vendre. Nous nous rendons compte que beaucoup de gens peuvent partager ce projet avec nous. Que tous ceux qui se retrouvent dans ces idées n’hésitent pas à passer à la vieille bourse du travail et à venir y débattre. Il seront les bienvenus. De toutes façons, plus nous seront nombreux et déterminés, plus les chances de réussite seront grandes.
POUR TOUT SOUTIEN ACTIF :
CNT-AIT 239 rue d’Ornano, 33000 Bordeaux
