Menacé d’expulsion depuis plusieurs mois, le Pamplemousse a été « pressé » ce matin par de nombreux policiers, qui avaient fait appel, pour l’occasion, au GIPN (Groupement d’Intervention de la Police Nationale).
Alertée depuis longtemps de la volonté de résistance des occupants, la préfecture a tenté une attaque surprise. C’est donc vers 9h30 du matin que des cagoulés du GIPN se sont simultanément attaqués à la porte et aux volets, en même temps qu’une échelle était déployée pour atteindre le deuxième étage et que d’autres policiers braillards braquaient des armes à feu en direction des personnes aux fenêtres (en criant « bouge pas, connard ! »).
Très vite à l’intérieur, ceux-ci ont plaqué les occupants au sol, les ont menottés puis sortis pour prendre leurs identités. Il leur fut ensuite possible d’aller récupérer quelques affaires, avant que les maçons ne se lancent dans la condamnation des issues du bâtiment.
Les occupants furent ensuite relâchés, mais le périmètre demeure bouclé par des fourgons de police.
Ci-dessous, le communiqué envoyé à la presse par les occupants :
communiqué de presse daté du jeudi 11 juillet 2002
Le Pamplemousse vidé par le GIPN
Contre les expulsions, ré-occupation !
Le Pamplemousse
c/o Tanneries
17, bd de Chicago
21000 DIJON
03-80-666-481
pamplemousse [at] squat [point] net
https://squat.net/dijon
Ce matin, à 9h30, la police nationale, aidée par le GIPN, a expulsé le Pamplemousse, immeuble squatté depuis octobre 2000.
L’expulsion a été l’occasion d’une pitoyable démonstration de force de la part de la police, complètement disproportionnée : les occupants ont été plaqués au sol, menottés et menacés avec des armes à feu.
Cette expulsion, comme toutes les expulsions, nous révulse. Elle témoigne une fois de plus d’une logique aberrante qui fait loi dans notre société : la propriété privée comme valeur absolue. Ce qui se traduit par des dizaines de bâtiments livrés à l’abandon, pendant que nombre de personnes n’ont nulle part où vivre et/ou réaliser leurs projets.
Une heure après notre expulsion du Pamplemousse, on s’affairait à en murer les ouvertures. Comme d’autres lieux libérés un temps de l’abandon (par ex.: le squat de la rue Saumaise, muré depuis avril 2000), le Pamplemousse risque désormais de rester inanimé de nombreuses années.
Mais nous avons choisi de ne pas vivre cette expulsion comme une fatalité. Nous avions annoncé haut et fort notre volonté de résister, pour déstabiliser la logique répressive, et matérialiser notre refus des lois immondes qui mettent à la rue et assurent la prospérité des plus nantis. Il faut croire que nous avons été pris au sérieux, puisque la préfecture a cru bon de mobiliser le GIPN pour procéder à notre expulsion, et d’élaborer un plan d’attaque pour nous prendre par surprise.
Quoi qu’il en soit, nous ne nous avérons pas vaincus, et affirmons une nouvelle fois que « s’ils peuvent expulser nos maisons, ils ne peuvent expulser nos idées ». En d’autres termes, nous ré-occuperons !
— Retour sur le Pamplemousse —
Abandonné depuis plus de 10 ans, ce bâtiment avait été occupé par un groupe d’individus pour en faire un lieu de vie autogéré et collectif. L’occupation répondait à un besoin essentiel de logement, mais aussi à une volonté de critiquer en actes la propriété privée, et et de mettre en pratique nos idées politiques.
Le Pamplemousse a ainsi été le théâtre de moments de vie collective, mais aussi d’activités publiques : le voisinage a été invité à plusieurs reprises pour goûters de quartier, expo/débat sur les squats, garden-party… qui ont permis de tisser des liens entre occupants et voisin-e-s, et de démystifier les squats pour ceux et celles qui ont bien voulu laisser tomber leurs préjugés.
Mais le Pamplemousse n’a pas plu à tout le monde. Son propriétaire légal, habitant Paris, possédant plusieurs maisons en France et disant ouvertement son désintérêt pour la maison, a néamoins choisi de demander notre expulsion. Face à la menace de répression légale, le Pamplemousse est alors entré en résistance avec d’autres squats dijonnais, et a mené campagne contre les expulsions (squats & locatives) à la fin de la trève d’hiver en mars 2002.