La municipalité a fait preuve d’une mauvaise foi flagrante déclarant à la presse que personne n’avait jamais proposé de projet pour le 90 avenue Ambroise Croizat. En effet plusieurs propositions pour investir le lieu ont déjà été faites mais ont été refusées par la Mairie. Elle persiste aujourd’hui encore en tentant de nous expulser alors que nous sommes déjà bien installé-e-s.
La Mairie préfère faire du profit en percevant les taxes professionnelles de nouveaux commerces plutôt que de laisser se développer des projets sociaux et culturels autonomes ouverts à l’ensemble de la population. C’est tout à fait dommage qu’un tel projet, qui reçoit déjà des échos positifs de la part du voisinage, soit stoppé ainsi et que les habitant-e-s se retrouvent à la rue. D’autant que l’argument d’insalubrité qu’évoque la mairie pour appuyer la procédure d’expulsion est faux. L’état général du lieu dément ce propos. Ce n’est pas surprenant étant donné que cet argument est utilisé à tort et à travers par la plupart des propriétaires comme prétexte pour expulser un squat.
Expulser serait-il une pratique communiste ? A la base pourtant, le communisme remet en cause la propriété privée, comme le déclare par exemple Friedrich Engels (dans « La question du logement », Editions sociales) : « Comment donc résoudre la question du logement ? (…) Ce qui est certain, c’est qu’il y a dans les grandes villes suffisamment d’immeubles à usage d’habitation pour remédier sans délai par leur emploi rationnel à toute véritable « crise du logement ». Ceci ne peut naturellement se faire que par l’expropriation des propriétaires actuels, par l’occupation de leurs immeubles par des travailleurs sans-abri ou immodérément entassés dans leurs logis ; et dès que le prolétariat aura conquis le pouvoir politique, cette mesure exigée par le bien public sera aussi facile a réaliser que le sont aujourd’hui les expropriations et réquisitions de logements par l’Etat. » Mais il est vrai que cela fait bien longtemps que le parti du même nom a oublié ce type de réflexion. Et lorsque Mr. Proby, maire de St-Martin-d’Hères, déclare soutenir des brésiliens qui réquisitionnent des terres (Edito du « Dauphiné Libéré », septembre 2002), cela doit sans doute vouloir dire : « à l’autre bout du monde, c’est très bien, mais pas de ça chez nous ! » C’est ce que nous, sans pourtant nous réclamer communistes, nous mettons en pratique au quotidien en se réappropriant des espaces laissés à l’abandon.
(Saint-)Martin-d’Hères, le 4 octobre 2002,
Collectif « la Charade »