Communiqué du 38 – Centre Social Tchoukar
Ce matin du mardi 26 novembre, une nouvelle vague de perquisitions a frappé plusieurs lieux de l’agglomération grenobloise, avec comme prétexte l’enquête concernant des incendies volontaires ayant eu lieu ces 2 dernières années dans la région. Parmi eux, le centre social autonome du 38 rue d’Alembert, à Saint-Bruno. Pendant plusieurs heures, une dizaine de fourgons de CRS a bloqué une partie de la rue, pendant qu’à l’intérieur était saisi tout le matériel informatique, d’impression, et les lettres de soutien de nos voisin-e-s. Nous n’avons eu droit ni d’assister à la perquisition comme témoins, ni d’avoir accès à la commission rogatoire qui la justifie.
Cette opération d’intimidation vise à affaiblir les personnes et les lieux qui luttent à Grenoble. Elle a permis à la police de prendre des photos, recenser, ficher des personnes militantes et leurs proches, de récolter des ADN dans les lieux et sur les gens, et souvent de force. Elle a aussi servi de prétexte à répertorier et envoyer en centre de rétention une petite dizaine de personnes sans-papiers, dont certaines n’étaient pourtant que voisines du lieu perquisitionné. Au delà de ces faits, l’attitude policière a été sans surprise largement transphobe et raciste. Ces perquisitions ne sont qu’une des facettes de l’arsenal répressif qui s’étend depuis quelques années : état d’urgence permanent, interdiction de manifester, violences policières, guerre aux migrant-e-s, et justice toujours plus expéditive. En réalité, si nous sommes aujourd’hui attaqués, c’est en raison de nos engagements politiques et sociaux.
Depuis le 38 se réunissent et s’organisent déjà de nombreux collectifs militants, tels que les gilets jaunes, les jeunes pour le climat, les Rosa Parks musulmanes, les collages contre les féminicides… Parmi autres grévistes ou initiatives libertaires. Attaquer le 38, c’est non seulement mettre en péril les possibilités de lutte qu’il permet, mais aussi fragiliser les liens de solidarité que nous construisons au quotidien depuis 5 ans à travers nos activités (cantines, ateliers, magasin gratuit, dojo,…).
Concrètement, ce dont la police nous prive aujourd’hui, ce sont de moyens d’organisation matérielle, c’est-à-dire de quoi communiquer, écrire, et diffuser nos propres informations. Ailleurs, cette opération piétine des lieux de vie et envoie des personnes en centre de rétention ; globalement, il s’agit d’asseoir une autorité sur celles et ceux qui y sont réfractaires.
Nous ne nous laisserons pas impressionner. Le 38 continuera à être un espace d’organisation politique, à exprimer des solidarités avec celles et ceux qui luttent, et à participer à la vie du quartier Saint-Bruno. Nous reconstruirons nos portes cassées et nous acharnerons encore plus à tisser des liens, produire des contre-discours et construire notre autonomie politique et matérielle.
*D’autres paroles collectives viendront compléter ce récit ces prochains temps.