Vendredi 29 mai en fin de journée, lors de la Critical Mass, nous avons occupé l’immeuble Place Bel-Air 4 au centre-ville de Lausanne dans le but d’y créer un lieu d’accueil pour les personnes en besoin de logement, mais aussi un lieu de solidarité, de convergence des luttes, de culture et de partage. La Municipalité a donné l’ordre d’évacuation et le bâtiment a été vidé quelques heures plus tard par la police, mais cet événement restera dans les mémoires et rappelle que des lieux autonomes, solidaires et résistants sont plus que jamais nécessaires.
Avec le déconfinement, Lausanne a diminué le nombre de logements pour les sans-abri. L’occupation de vendredi a été faite en réaction à l’Appel 212 de l’Association Sleep-In, qui demandait de tout mettre en oeuvre pour que les 212 lits qui ont été assurés en période de coronavirus soient maintenus toute l’année, pour ainsi répondre aux besoins réels des personnes sans-abri en région lausannoise. La pandémie du COVID19 a montré que de nombreuses mesures d’urgence peuvent être mises en place rapidement et que d’immenses ressources financières peuvent être trouvées pour soutenir l’économie et sauver les multinationales. Pourquoi ne voyons-nous pas une mobilisation similaire pour l’urgence climatique et la justice sociale ?
1’200 mètres carrés inutilisés depuis une décennie
Le bâtiment que nous avons occupé est vide depuis une décennie. Après le déménagement de la Banque Cantotal Vaudoise, il y a eu un enchaînement foireux de différentes entreprises, dont plusieurs sont tombées. L’entreprise propriétaire du bâtiment, Swiss Investment Concept AG est elle aussi en liquidation judiciaire. Elle a cependant décidé de déposer plainte contre les personnes ayant occupé le bâtiment vendredi. Les informations publiques indiquent que le bâtiment sera utilisé pour y construire un centre commercial – nous sommes cependant convaincu-e-x-s qu’il ya de bien meilleures manières d’utiliser cet espace…
Vendredi, c’était aussi le jour de la Critical Mass. Des centaines de cyclistes ont pris les rues lausannoises. Iels se sont arrêté-e-x-s devant Place Bel-Air 4, et des militant-e-x-s sont entré-e-s dans le bâtiment. Peu de temps après, des policiers ont bloqué certaines des entrées. Les cyclistes rest-é-s dehors se sont fait rejoindre par d’autres sympathisant-e-x-s. La présence policière a augmenté, et des fourgons sont arrivés. Malgré certaines tentatives de négociations auxquelles elle a systématiquement répondu par la moquerie, la police a exigé que les lieux soient vidés avant 21h45, heure à laquelle elle rentrerait de force pour déloger celleux qui seraient encore dans le bâtiment. La police a notamment fait comprendre que les personnes qui ne sortiraient pas volontairement seraient sorties par la police anti-émeute, avec ses matraques et lacrymos. L’argument donné par la Municipalité (soi-disant de gauche) pour avoir donné l’ordre à la police était que les lieux n’étaient pas entièrement sécurisés. La police lausannoise a de nouveau réagi de façon disproportionnée à une manifestation non-violente, comme le montre la vidéo en bas de page. La semaine passée, le 25 Mai à Minneapolis, George Floyd est mort étouffé par la police, comme de nombreuses autres personnes racisées avant lui. Ce n’est pas un événement isolé, et cela est aussi arrivé en Suisse. La police est une institution raciste, violente est meurtrière et le système dont elle fait partie doit être combattu.
Le mouvement des squats existe depuis des décennies et est toujours aussi nécessaire. Squatter, c’est agir directement sur nos conditions de vie, c’est reprendre le contrôle de lieux qui devraient appartenir à la collectivité depuis longtemps. Squatter, c’est rendre le pouvoir au peuple, combattre l’absurdité de la propriété privée. Squatter, c’est lutter directement contre le fait que certain-e-s possèdent tellement de propriétés immobilières qu’iels les laissent vides pendant que d’autres n’ont nulle part où dormir. C’est le moment d’un deuxième âge d’or pour les squats en Suisse ! Lausanne (et le reste de la Suisse) compte de nombreux bâtiments vides, et pourtant de nombreuses personnes n’ont pas de logement sûr. Ce n’est donc pas un problème de manque de place – c’est un manque de volonté politique et sociétale. Nous ne voulons pas d’un monde où des inégalités pareilles continuent. La Ville ne s’est pas montrée capable de protéger ses habitant.e.x.s les plus vulnérables, voilà pourquoi nous avons décidé d’agir. Nous demandons à ce que les plus vulnérables et précarisé.e.s soient protégé.e.s, et nous voulons avoir des espaces autonomes pour partager, échanger, construire, vivre. Nous espérons fortement voir d’autres alternatives similaires se créer dans la région.
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Des squats à Lausanne: https://radar.squat.net/fr/groups/city/lausanne/country/CH/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) à Lausanne: https://radar.squat.net/fr/groups/city/lausanne/country/CH
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Des squats en Suisse: https://radar.squat.net/fr/groups/country/CH/squated/squat
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[ Article publié le 3 juin 2020 sur Renversé https://renverse.co/infos-locales/article/occupation-d-un-batiment-pour-accueillir-des-personnes-sans-abri-2622 ].