Les Jardins de l’Engrenage occupent et prennent soin depuis 9 mois d’une vaste friche arborée avenue de Langres. Dans une lettre ouverte au Maire de Dijon et au promoteur Ghitti, nous demandons l’abandon du programme « Garden State » de 307 logements, et l’aménagement d’un espace naturel co-construit avec les habitants.
Communiqué des Jardins de l’Engrenage – le 4 mars 2021
Nous occupons depuis le 17 juin 2020 une friche arborée renommée « Les Jardins de l’Engrenage », pour faire obstacle au programme immobilier Garden State prévoyant la construction de 307 logements. Dans ses buts et ses modes d’action, notre lutte converge avec de très nombreuses mobilisations qui éclosent partout sur le territoire. Luttes contre la bétonisation des derniers espaces de nature en ville et pour la défense de la terre comme bien commun, terre nourricière et terre de liens.
Réunis en Assemblée Générale, nous adressons une lettre ouverte au Maire de Dijon et au promoteur Ghitti Immobilier. Nous leur demandons d’abandonner leur programme immobilier et d’engager la préservation et la valorisation, dans l’intérêt des habitants du quartier, de ce dernier espace naturel qui s’étend sur 2 hectares.
Après 9 mois de gestation, les Jardins de l’Engrenage ont accouché de quelque chose d’intéressant et crédible, porteur d’espoir pour les Dijonnais.es, que nous présentons publiquement dans cette lettre ouverte [À lire plus bas] dont voici les éléments-clés.
Fréquentés et visités par des centaines de personnes, les jardins sont devenus un lieu de vie, d’accueil et de générosité. Un lieu de rencontres et d’échanges, un endroit où se tissent des liens entre les gens. Un espace de biodiversité où la nature reprend peu à peu ses droits. Un vaste potager collectif aussi, bien-sûr.
Un espoir s’est levé aux Jardins de l’Engrenage : nos vies engoncées dans des carcans de règles et de béton, cloisonnées par les couvre-feux succédant aux confinements, retrouvent ici un espace de liberté et d’initiatives. Plutôt que de simplement rêver la ville que nous voulons, sans jamais pouvoir l’obtenir, à l’Engrenage nous sommes en train de créer nous-mêmes un bout de la ville dont nous rêvons.
Nous détaillons les raisons qui imposent l’abandon du programme Garden State :
Garden State augmenterait de 30% la densité déjà très élevée du quartier
Notre étude urbaine montre que dans un quartier déjà très dense, où plus de 1 000 logements collectifs sont sortis de terre en 15 ans, le projet Garden State aurait pour effet d’augmenter de plus de 30% le nombre de logements. C’est inacceptable pour les habitants.
Garden State aggraverait l’effet d’îlot de chaleur urbain
Une étude de Climatologie Urbaine, publiée en 2020 par l’ADEME avec la participation de Dijon Métropole, montre que le phénomène d’Ilot de Chaleur Urbain est largement corrélé à la densité de constructions. La végétation permettant le rafraîchissement de l’air ambiant, il est essentiel de maintenir et créer, partout en ville, des espaces verts qui seront autant d’îlots de fraîcheur et de lieux de respiration lors des canicules amenées à augmenter en durée comme en intensité, conséquence directe de l’aggravation du réchauffement climatique.
Garden State détruirait un refuge de biodiversité
Un inventaire scientifique ciblé sur les papillons, a permis d’établir la présence de 24 espèces de papillons, la surface du site étant assez vaste pour que des espèces y demeurent cloisonnées depuis leur ancien territoire, s’y établissent et y fassent tout leur cycle, et que d’autres trouvent ici un relais temporaire. On peut ainsi qualifier le site de « zone refuge ».
Garden State, les gens n’en veulent pas… mais leur avis n’a jamais été sollicité
Les Dijonnais.es souffrent depuis des années du manque d’espaces verts, d’une ville beaucoup trop minérale. Les habitants veulent des espaces de nature en ville, des lieux de respiration et de liens. Ils demandent que soient d’abord préservés, protégés et valorisés les espaces naturels existants.
Nous constatons que le foncier encore disponible pour maintenir ou créer des espaces verts, est extrêmement rare à Dijon. Et lorsqu’un aménagement urbain détruit un espace naturel, il est quasiment impossible de revenir en arrière, pour au moins plusieurs décennies. Nous montrons que la maîtrise foncière du site Garden State par la Ville, c’est-à-dire le rachat progressif des parcelles disponibles, a permis de constituer un espace (quasiment) continu conséquent de 2 hectares qui aujourd’hui représente une opportunité exceptionnelle pour la création d’un espace naturel commun.
Après l’abandon du programme Garden State, nous proposons au Maire la mise en œuvre d’une méthode pour co-construire ce futur espace naturel collectif, avec les habitant.es du quartier.
Nous invitons les Dijonnais.es à nous rejoindre en nombre, d’abord pour protéger les Jardins de l’Engrenage d’une prochaine tentative d’expulsion, et au-delà pour s’engager dans la protection de toutes les terres en péril.
Les Jardins de l’Engrenage
61-63-65 avenue de Langres
21000 Dijon
jardinlengrenagedijon [at] riseup [point] net
https://squ.at/r/7wl8
Des squats à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon/squated/squat
Des squats expulsés à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon/field_active/1/squated/evicted
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon
Des événements à Dijon https://radar.squat.net/fr/events/city/Dijon/country/FR
Dijoncter, le 4 mars 2021 https://dijoncter.info/les-jardins-de-l-engrenage-demandent-l-abandon-du-projet-garden-state-2587