L’hôtel de ville de Koungou, deuxième commune la plus peuplée de Mayotte, a été la cible d’un incendie volontaire le soir du lundi 27 septembre 2021, après des manifestations contre la destruction d’un bidonville comprenant environ 350 habitations. Alors que l’atmosphère était plus à l’émeute qu’à a simple manifestation, des barricades (notamment près de la maison d’arrêt de Majicavo) et des affrontements avec la flicaille ayant cours, le feu a démarré dans trois voitures garées sur le parking de la mairie, avant de se propager au bâtiment principal et à une annexe en construction qui devait accueillir une cafétéria. Les pompiers se sont rendu sur place pour éteindre le feu, escortés par les forces de l’ordre.
Peu auparavant, le bâtiment de la police municipale a lui aussi fait l’objet d’une tentative d’incendie. Mais le voisinage a averti rapidement les policiers municipaux qui ont malheureusement limité les dégâts.
Dans la journée du lundi, sentant le vent de la révolte arriver, la mairie avait autorisé ses employés à quitter le travail plus tôt, alors que le lancement de l’opération de démolition des 350 habitations du bidonville de Caro Bolé depuis 5h30 du matin créait rapidement quelques remous, nécessitant une mobilisation importante des forces de l’ordre. Plus d’une centaine de gendarmes anti-émeutes sont arrivés sur place, épaulés par des membres du GIGN, des véhicules blindés et un hélicoptère de la section aérienne de gendarmerie de Pamandzi.
Si certain·e·s habitant·e·s ont accepté d’être relogé·e·s (dans des conditions qui nous sont inconnues), d’autres ont refusé les propositions de la préfecture de Mayotte et ont menacé de s’en prendre aux agents municipaux et à l’hôtel de ville de Koungou.
Côté France métropolitaine, le parti de l’ordre est bien en place, puisque le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a déclaré sur Twitter: «Je condamne les actes de violence inadmissibles qui ont eu lieu cette nuit [lundi 27 sept.] à Koungou à Mayotte. Les forces de sécurité sont déterminées à rétablir l’ordre. J’assure au maire et à ses équipes tout mon soutien. Nous continuerons à lutter contre l’habitat illégal malgré ces actions».
Dans la journée du lundi 27 septembre, quatre habitant·e·s ont été interpellé·e·s et placé·e·s en garde à vue pour avoir jeté des pierres sur les agents chargés de la démolition. Et une vingtaine de personnes en situation irrégulière ont été interpellées pour être conduites au centre de rétention administrative en vue d’une expulsion vers leur (prétendu) pays d’origine.
Le mardi 28 septembre, les travaux de déblaiement du bidonville de Caro Bolé se sont poursuivis, sous la surveillance des gendarmes mobiles et d’un équipage en véhicule blindé.
La destruction de ce bidonville fait de cases en tôle auto-construites par leurs habitant·e·s est justifiée comme souvent par la construction de 500 logements sociaux. Logements sociaux qui ne bénéficieront vraisembablement pas aux personnes expulsées ce jour-là… Depuis le début de l’année 2021, au moins 955 habitations ont été détruites à Mayotte, dont 200 à Koungou en février dernier. Et à l’époque déjà, des troubles avec barrages routiers s’étaient produits.
La propriété privée n’a pas fini de déclencher des révoltes.
[Sources: Le Parisien | Clicanoo & Le Monde.]