Éric, comme tout bon petit facho qui ne se respecte pas, a proposé dans le cadre de sa campagne, il y a quelques semaines, d’abroger une loi dans l’indifférence de presque toustes, si ce n’est des acteurices des luttes pour le logement digne pour toustes ; cette loi, c’est la loi SRU (Loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains).
La loi SRU, kézako ? (attention ça va être technique)
Créée en 2000, la loi SRU est une loi communiste portée par Jean Claude Gayssot, dont le point le plus important est l’article 55 qui impose aux communes importantes (plus de 1 500 habitant.es en Île-de-France, et plus de 3 500 habitant.es pour les autres régions), qui sont comprises dans une agglomération de plus de 50 000 habitants comprenant au moins une commune de plus de 15 000 habitants, de faire construire au moins 20 % de logements sociaux. Ce taux est porté à 25 % en 2013. Ses autres buts sont de créer une plus forte mixité sociale et de mettre à l’amende les villes qui ne respectent pas ces quotas (spoiler : la mixité, ça a pas trop marché).
La loi SRU c’est donc après 20 ans d’application 1,8 millions de logements construits, même si ce bilan est assombri par les nombreuses villes qui refusent de respecter ces quotas comme Nice, Neuilly, Toulon, et bien d’autres ; sur les 1 035 communes concernées durant la période 2017-2019, 550 n’ont pas respectées les taux. Les amendes ne sont souvent pas réclamées car certaines communes « partent de loin » et, plus exaspérant encore, ces amendes lorsqu’elles réussissent à être perçues sont versées à des EPCI (établissements public de coopération intercommunale), des structures administratives qui peuvent financer les projets des villes réfractaires, sans qu’aucune obligation ne soit posée sur comment utiliser ce fric.
Évidemment, cette loi dérange quand même un peu les plus riches, elle a donc été mise à mal par le gouvernement Macron via la loi Elan en 2018, qui facilite la vente du patrimoine à des sociétés privées et double le nombre d’années pendant lesquelles un LS est comptabilisé dans les 25%. Les libéraux ont donc déjà une stratégie pour désagréger le logement social, celle de la financiarisation et de la gentrification. Mais ça ne va pas assez vite pour notre cornichon libéral-fasciste, lui il veut juste voir disparaître le logement social, et ce peu importe si 1,7 million de foyers sont en demande.
Mais alors pourquoi ?
Et bien étonnamment (non) la raison principale avancée pour la mise en place de cette politique du logement, c’est la lutte contre les « non-français », les « islamisés » car selon lui la loi SRU favorise le logement des « immigrés et des gens en droit d’asile ». C’est faux, une personne sans titre de séjour n’est pas éligible à un Logement Social ; une personne en droit d’asile, elle, ne peut avoir accès qu’aux CADA (centre d’accueil pour demandeur d’asile).
Si ces arguments sont faux, c’est déjà parce qu’il ne sait que parler le racisme et la xénophobie, aussi parce que sa définition d’un.e français.e est identitaire et se juge sur l’ethnie et l’appartenance religieuse, mais surtout pour ne pas avoir à aborder le fait que sa stratégie est violente contre toust.es les précaires, musulman.es ou non. Car en réalité sa stratégie est de détruire totalement le droit au logement pour les plus pauvres, ce qui serait mis en place ainsi selon son programme :
– supprimer les quotas de construction de logements sociaux, laissant les villes seules juges de s’il est nécessaire ou non de construire.
– arrêter de financer les Logement Sociaux dans les villes qui en comptent plus d’un tiers et vendre ceux en trop.
– supprimer également la loi DALO, qui aide les personnes précaires dans leur accès à un logement.
– proposer la déchéance de nationalité puis expulser les criminel.les binationaux.ales et les délinquant.es récidivistes, ainsi qu’interdire l’accès aux logements sociaux et aux aides sociales pour les personnes condamnées par la justice.
– expulser toust.es les squatteureuses en moins de 72heures.
La vraie raison de ce positionnement c’est bien d’offrir le marché des logements sociaux au secteur privé et de le défendre. C’est assez fort d’affirmer « Je souhaite donc que la politique du logement social soit réformée pour que les Français les plus modestes aient un accès prioritaire à ces logements. » quand on désire supprimer les lois qui permettent l’accès à ces derniers au profit de la propriété des plus riches.
Nous devons lutter contre le mal logement et contre le fascisme, ces luttes sont bien plus connexes qu’il n’y parait. Luttons contre la propriété privée, pour un logement digne pour toustes. Ouvrons les bâtiments vides, ne les laissons pas pourrir face à l’inaction étatique, et ne laissons pas l’autoritarisme continuer de tuer les personnes qui vivent dans la rue.
A bas la « France de propriétaires » !
Un toit c’est un droit
Squat partout !
sources :
https://www.droitaulogement.org/2018/06/elanvoteean/
https://www.lesechos.fr/industrie-services/immobilier-btp/hlm-le-nombre-de-demandeurs-en-attente-a-bondi-de-20-en-huit-ans-1349885
https://www.fondation-abbe-pierre.fr/documents/pdf/guide_-_le_droit_au_logement_opposable_dalo.pdf
https://assets.nationbuilder.com/themes/61c071ce4764e8b1483d1a8c/attachments/original/1647519643/ez_programme%202022-final7.pdf?1647519643
droit du demandeur d’asile service public.fr
France tv pourquoi zemmour veut supprimer la loi sru avec christophe robert
La loi elan attaque de front le logement social médiapart
Ne pas construire de HLM et ne pas payer d’amende, c’est possible
Rebellyon, le 10 mai 2022 https://rebellyon.info/Zemmour-contre-le-logement-social-23863