Groningen: Le Kraaienest vit !

Groningen (Pays-Bas) – Les squatters du Kraaienest à Groningen ont perdu leur appel et ont dû quitter les lieux dans les trois jours. Une fin subite pour six mois qui en valaient plus que la peine. Mais nous ne faisons que commencer.
Le Kraaienest au Spilsluizen de Groningen a été expulsé. Mardi matin, 5 juillet 2022, le verdict du tribunal d’Arnhem-Leeuwarden dans la procédure d’appel a été annoncé. Nous avons dû partir dans les trois jours sous la menace d’une amende de 10 000 euros par jour de séjour (plus 4500 euros de frais de justice). La raison en était que Stichting Valquest avait vendu la propriété à la société immobilière LMJD B.V. avant que nous venions y vivre, même si la société immobilière n’avait pas encore annoncé explicitement ses plans concrets. Elle voulait commencer à rénover immédiatement, afin qu’« il n’y ait plus de vacance réelle ». Lorsque nous avons obtenu gain de cause en janvier, le juge des référés a estimé qu’il n’y avait pas d’intérêt urgent et que notre intérêt à vivre sur place l’emportait temporairement. Maintenant, un jugement a été rendu contre cette décision. De quels intérêts parlons-nous ? Le seul intérêt pour les spéculateurs immobiliers comme Joshua Camera et tous les autres capitalistes qui auraient un intérêt direct dans cette affaire est de gagner de l’argent qu’ils ont déjà suffisamment. Ce n’est pas un intérêt, c’est un profit sur le dos des autres. Nos intérêts sont nos vies et la lutte pour la justice. Cette logique capitaliste de la possession nous a presque mis sur la paille. Nous savions déjà que les tribunaux protègent la propriété privée, nous ne sommes donc pas surpris. Cela ne nous rend pas moins en colère.

Selon la loi, l’expulsion d’un bâtiment squatté ne doit pas conduire à une vacance injustifiée. Mais comment justifier un bâtiment qui est transformé en quelque chose que seul un petit groupe de personnes peut se permettre ? Les règles du jeu peuvent parfois jouer en notre faveur, mais elles sont fondamentalement injustes. Le fait que nous soyons maintenant sans abri et que nous devions dormir chez des ami.es ne rapporte pas d’argent. Les propriétaires n’utilisent pas les maisons, mais les possèdent selon le système.

La ville n’a pas besoin d’un autre grand café ou d’appartements de luxe, mais de logements bon marché et d’un centre social ouvert. L’immobilier rapporte certes beaucoup d’argent, mais c’est parce que le prix est payé par les classes inférieures qui doivent toujours en faire les frais. Nous créons la richesse tout en n’obtenant comme lot de consolation que des formes indirectes de violence comme les expulsions et les conditions de vie précaires. Le capitalisme est une violence, nous nous défendons. Il n’est pas étonnant que la propriété soit protégée, car lorsque les gens ont volé quelque chose, iels veulent le garder. La propriété est un vol. Les loyers exorbitants sont tout à fait normaux de nos jours, mais peu de gens disent à voix haute qu’iels ont l’impression d’être volé.es chaque mois. Nous, les squatters, ne voulons pas être les seul.es à ne pas avoir de loyer, nous ne voulons pas que quelqu’un.e doive dépenser autant d’argent pour un propriétaire.
Les maisons réservées aux riches ne sont-elles pas aussi une sorte d’inoccupation injustifiée ? J’emmerde cette gentrification ! La commercialisation de la ville et du logement continue tandis que les pauvres sont repoussé.es de plus en plus loin du centre. Le squat n’est qu’un exemple de résistance à cette situation.

Cette demi-année de Kraaienest continue son chemin. Le déménagement rapide a été stressant, mais notre groupe ne s’est pas divisé. C’est peut-être la fin d’un chapitre, mais c’est aussi le début de nouvelles possibilités. Nous ne laisserons pas la répression nous détruire. Si elle ne parvient pas à nous abattre, nous pourrons créer des fissures dans le système qui nous permettront de créer un espace de liberté. Ce verdict nous prive de notre foyer et d’un endroit où mettre nos rêves en pratique. Mais ce qui a été créé et construit ici est en nous. Un groupe d’ami.es et de camarades et un réseau ne sont pas attachés à une maison. Nous avons appris de nos expériences et les un.es des autres. Il s’est passé trop de choses pour les mentionner. Des réunions, des soirées d’information, de soutien, des ateliers, des groupes de lecture, des concerts, chaque semaine une cuisine collective et un centre social (avec une bibliothèque et un magasin gratuit), des soirées cinéma, des initiatives spontanées… Le pique-nique de la Pride de Groningen, le soutien à Free Ujang, l’écriture de lettres pour les prisonniers anarchistes, la solidarité avec les réfugiés de Ter Apel, un atelier de tatouage, beaucoup de discussions et aussi un café…

A bas tout ce système avec ses tribunaux, ses propriétaires, sa police, ses autorités fiscales, la pollution, l’inhumanité et toutes les formes d’oppression, d’exploitation et de répression !

Un grand drapeau noir et rouge a flotté à Groningen, comme un symbole de tout cela. Un drapeau de résistance qui sera toujours levé.

LE KRAAIENEST VIT !

VOUS NE POUVEZ PAS EXPULSER DES IDÉES, SQUATTER CONTINUE !

le 9 juillet 2022

Het Kraaienest
Groningen, Pays-Bas
rosazolder [at] riseup [point] net
https://squ.at/r/8n80


Kraakspreekuur Groningen
info [at] ksug [point] nl
https://squ.at/r/69ur
https://ksug.nl/

Des squats aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL
Des événements aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/events/country/NL


Verdict du tribunal https://uitspraken.rechtspraak.nl/inziendocument?id=ECLI:NL:GHARL:2022:5349

Indymedia le 10 juillet 2022 https://indymedia.nl/node/52290