Depuis l’expulsion de la Cremzad le 22 octobre dernier, la lutte contre l’autoroute A69 n’a pas cessé.
Le 31 octobre, un nouveau lieu d’organisation avait été ouvert, Lacroisille, puis une nouvelle expulsion avait eu lieu au camping des Crêtes, le 9 novembre. Depuis, des arbres ont été occupés à plusieurs reprises, toujours dans l’objectif d’empêcher ou ralentir la construction de l’autoroute ; des manifs ont été organisées.
Début janvier, les habitant.es de la Crém’arbre avaient lancé un appel à occupation contre l’A69, au sol et dans les arbres, du côté de Saix.
Le samedi 20 janvier, la police est arrivée en nombre pour expulser la Crem’arbre et d’autres occupations autour.
Récit du week-end:
🦫 Samedi 🦫
13h : Il fait grand soleil, une nouvelle cuisine et un bar finissent de se construire à la Crém’arbre en prévision de la soirée prévue sur place le soir même.
14h : Une petite foule carnavalesque se rassemble place Pierre Fabre (multinationale initiatrice du projet d’autoroute) à Castres pour démasquer la MAFIA69. Alors que cette dernière tente de museler l’opposition à coup d’arrêtés préfectoraux, elle se prépare à une attaque abjecte.
14h15 : 200 flics se positionnent Route de la Crémade, profitant de l’absence d’une partie du camp pour prendre d’assaut et surprendre les écureuils au sol. Tous les arbres sont protégés. Les barricades sont enfoncées et le sol, dépourvu d’une bonne partie de ses habitant.es, est vite assailli.
15h : Un tractopelle entre sur zone, fracasse les installations au sol et retourne méthodiquement tout le pré, anéantissant deux mois et demi d’efforts. Les flics lacèrent les tentes, détruisent les cabanes à la masse, enterrent canapés, cuisinières, livres, pharmacie, vêtements et affaires personnelles sous des tonnes de terre, Tout ce qu’ils n’ont pas détruit ou enfoui à été saisi : téléphones portables, matériel de grimpe, outils électroportatifs, groupe électrogène… Des personnes présentes sont retenues pour des contrôles d’identité et convoquées en audition libre.
17h58 : Le tractopelle quitte la zone et la gendarmerie se replie après une descente aussi bien illégale que destructrice.
18h00 : Les habitant.es constatent les dégâts. Sombre vision que ce champs de ruines. Et pourtant… l’énergie collective reprend vite le dessus ! Une petite foule se réunit et s’affaire. Un grand feu de joie jaillit des décombres. Il brûle vivement, à l’image de la rage ambiante.
21h30 : Deux voitures de gendarmerie bloquent la route de la Crémade afin d’en couper l’accès. Ils déguerpissent enfin, poussés par une foule joyeusement persuasive.
🛠 Dimanche 🛠
Matin : Après avoir assuré une vigie tout au long de la nuit, les habitant.e.s sont de nouveau sur le qui-vive. : des fourgons de gendarmes mobiles sont en route pour la Crém’arbre. Peu de temps après, une première lignée se déploie tandis que des barricades se montent avec entrain.
Quelques précipitations d’objets non-identifiés s’abattent de-ci de-là en direction des uniformes. Ils ripostent en lançant des lacrymos de façon hésitante. Charges, ripostes, ce ballet dure un certain temps avant que les forces de l’ordre élargissent leur rang et prennent finalement possession de la route.
Midi : Résiliente, la foule se réunit sur un champ voisin. Un appel à rassemblement et chantier de construction avait été lancé pour 14h00. Les soutiens se réunissent, un grand repas se prépare.
Après-midi : Les gendarmes mobiles se trouvent toujours sur la route de la Crémade mais la foule retourne malgré tout sur le site. Une crépière s’installe entre les décombres et le repas est servi. Petit à petit les objets éparses sont triés, ce qui peut l’être est déterré et sauvegardé. La cabane dortoir, brisée la veille à coups de masse, est reconstruite. Malgré la fatigue, une assemblée se réunit en fin de journée autour du feu.
Il semble qu’une entente ait été établie entre les propriétaires du terrain (bientôt expropriés) et les autorités afin que ceux-ci ne déposent pas plainte en cas d’intervention sur la zone. C’est ainsi que la préfecture aurait réalisé sans crainte cette intervention aussi bien illégale qu’humiliante.
Les autorités souhaitent abattre les esprits : une guerre de moral et d’usure comme ils l’ont eux-même nommée. Pourtant, la volonté n’est pas entachée et chaque coup porté semble réaffirmer la determination. Déjà, la ZAD se reconstruit et reprend vie. Les masques commencent à tomber et la chute n’en sera que plus grande pour la MAFIA69.
Ils pensaient nous fragiliser mais leurs attaques ont renforcé notre entraide. Nous n’avons pas peur des ruines, le printemps est bientôt là et nous repoussons plus vite.
Le lundi 22 janvier, la police anti-émeute est revenue en nombre, cette fois sans tenter d’expulser les lieux. Depuis, les risques d’expulsion sont toujours là, la présence solidaire est toujours bienvenue. 🐌😋
Ni béton ni bitume !
Plus d’infos, sur le canal Telegram de lutte contre l’A69:
https://t.me/SortieDeRoute_A69