Naufrage des navires de Rosny : les squats ont pris l’eau mais l’équipage reste déter et cherche un nouveau bateau
Du samedi 2 au mercredi 6 mars, plusieurs maisons squattées de l’EPFIF, dans un quartier à moitié à l’abandon de Rosny-sous-bois, se sont visilibisées, puis ont été expulsées les unes après les autres par les flics, avec la complicité des voisin.es, le tout sous l’oeil des agents de l’EPFIF, vigiles ou « administrateurs de biens » (qui ne savent vraisemblablement pas très bien administrer).
Le samedi 2 mars, deux maisons sont visibilisées dans l’après-midi. Les keufs sont arrivé.es et ont immédiatement expulsé les deux. Douze personnes ont été arrêtées : trois étaient dans le jardin d’une maison, le reste des personnes étaient venues en soutien et ont été arrêtées dans la rue, sur le trottoir de cette maison (iels ont été emmené.es en vérification d’identité, où iels ont refusé la prise de signalétique et ont été placé.es en garde-à-vue). Les GAV ont toutes duré moins de 24h, et les personnes sont sorties sans suites.
Pendant ce temps-là, une autre maison tente de se rendre visible, sans succès.
Tout se passe bien jusqu’au lundi, lorsqu’un voisin passant devant une des maisons encore occupées a appelé les flics. La municipale est arrivée, puis le commissaire de Rosny.
Face à la solidité de la porte, la nullité des autres keufs et le besoin de cordistes pour descendre les gens du toit (qui sont finalement descendu.es seul.es) la Brigade d’intervention débarque. Nos copaines à l’intérieur regardent la BI tenter de tordre une plaque antisquat en même temps que d’autres keufs forcent une fenêtre du 1er étage. En bas, ils tombent sur presque toutes les portes de la maison, bizarrement installées dans l’escalier.
Les deux potes sont arrêté.es quatre heures après l’arrivée de la première équipe de police et font deux jours de garde-à-vue pour violation de domicile, avant d’être déferré.es devant le juge des libertés et de la détention. Iels n’ont plus le droit d’aller à Rosny et sont convoqué.es devant la 16e chambre de Bobigny le 21 juin, pour, notamment, introduction et maintien dans un local à usage d’habitation (merci Guillaume Kasbarian).
Pendant ce temps-là, une autre maison tente de se rendre visible, sans succès (et malgré les preuves collées sur la porte, qui donne pourtant sur une rue passante). Les keufs vont même checker la maison d’à-côté.
D’autres maisons sont visibilisées avec des banderoles, ce qui , deux jours plus tard (le mercredi après-midi), ramène un troupeau de keufs, une manif sauvage de vigiles, une armada d’huissier.es et divers employé.es de l’EPFIF dans les quelques rues du quartier (on exagère presque pas).
Le mercredi soir, alors que la deuxième vague de gardes-à-vue se termine, un vigile, avec une semaine de retard, constate l’occupation de la maison qui tentait désepérément de se visibiliser. Une voiture de police arrive vers 21h, puis repart dans la foulée. À minuit, entre cinq et huit voitures de keufs arrivent devant notre dernier bastion. Mais à l’aide d’étais, de portes blindées trouvées dans le bât et de cales en bois, les copaines ont bien profité de leur semaine dans le bât pour se barricader.
La BAC de nuit du 93 a passé 1 bonne heure à taper sur une porte avec leur bélier avant que celle-ci ne cède, malheureusement. À l’intérieur, les keufs fouillent tout le bât et ne trouvent personne jusqu’à ce qu’un flic plus malin que la moyenne lève la tête et ne trouve la superbe cachette de nos copaines : le faux plafond du troisième étage, celui au-dessus des escaliers. Les deux potes sont menacés de coups de taser et finissent, soit par descendre de soi-même, soit par être tiré hors de la planque jusqu’à en perdre ses lunettes. Les deux font deux jours de garde-à-vue et sont convoqué.es le même jour que les premier.es pour un procès (même chef d’inculpation principal), mais sans contrôle judiciaire cette fois-ci.
Alors que l’idée était de dépasser les flics par le nombre de visibilisations simultanées, la stratégie est un peu tombée à l’eau. Ce sont les keufs qui ont imposé leur rythme en expulsant les maisons au fur et à mesure, quand iels le voulaient (même à une heure du matin), sans prendre la peine de contacter les proprios ou d’étudier les preuves. Les potes qui ont été déferré.es ont un procès le 21 juin où c’est possible de venir les soutenir (vous pourrez entendre le pipeau de la justice en cette fête de la musique).
A bientôt !
[Publié le 24 avril 2024 sur Paris-Luttes.info.]