Ben voilà c’était un mardi [2 août 2005] à 13h… l’expulsion des 400 Couverts… une expulsion coup double puisque le squat de la Kanaille se faisait aussi déloger au même moment… 200 policiers, un quartier complètement bloqué… circulez, il n’y a rien à voir… il n’ y a plus rien à voir… car on oublie souvent qu’une expulsion c’est la destruction d’un lieu et de la vie qui va avec… alors c’en est fini des pizza-party autour du four à pain, du chapitonom et de sa programmation éclectique, de juli qui a sa chambre à côté de la mienne la haut au 3ème étage des « trompettes », des reunions du collectif le vendredi soir, des lumieres du chapitonom qui etaient censées nous faire oublier le froid des spectacles d’hiver… des fois je me demande où Pusse pourra encore jouer sur Grenoble… où retrouverons nous 90 personnes à un débat sur les « longues peines en prison » en plein janvier ? Le plus dur dans tout ça, c’est qu’on s’y attendait, c’est qu’on s’y préparait… tout le monde avait fait sienne cette idée depuis plusieurs mois : « alors, toujours pas expulsés ? »… ben si.. Et puis cette mairie qui prépare bien son coup : début août, au beau milieu des vacances… gestion politique, toujours gestion politique… c’est tout ce que cette mairie verte-rose a à nous proposer… et c’est cette gestion politique qui nous a détruit… quand un élu vert répond à un exposé de toutes les activités qui se passent aux 400, par un « mais est ce que c’est salubre ici ? » alors qu’il est assis dans mon salon, incapable de palper la vie d’ici, tout engoncé dans son habit de gestionnaire… quand une mairie cherche à faire rentrer de force un lieu, des gens et leur autonomie dans des cases bien préparées par eux, nous demandant dans un dernier acte de mansuétude de partir pour mieux parler après (la médiation)… Alors on a résisté, se préparant depuis le 9 juin, à l’inacceptable… résister pour visibiliser les limites et les choix politiques de la mairie de grenoble… résister pour que cette fin annoncée nous appartienne jusqu’au bout… résister parce que c’est devenu tellement illégitime dans notre société de résister… et enfin barricader pour vous laisser le temps d’arriver, pour que la destruction ne se fasse pas dans le silence… ce barricadage et cette période ont mis à rude épreuve notre collectif… heureusement qu’il y eu la construction de la mezzanine dans la rue, tout en bois avec les voitures qui passent en dessous… heureusement qu’il y eu des rencontres à l’ombre du jardin du Chapitonom… et heureusement qu’il y avaient vos visages quand on nous a descendu de nos toits où nous étions perchés… je n’ai pas pu parler tellement j’étais perdu… mais combien c’était bon de vous voir, de vous entendre… tellement ça a dû être dur pour vous,de rester bloqués, impuissants derriere des barrieres de crs… merci d’être venus, merci d’avoir crié et d’être restés autant d’heures… merci pour les messages sur internet, pour les propositions de prêt de cave auxquelles nous n’avons jamais répondu… merci merci…
Nous avons, pendant 4 ans, chercher à construire, en plein Grenoble, un lieu d’expérimentations, un lieu de jeu, un lieu de vie, loin de toute idées dogmatiques… c’est ce lieu qui s’est éteint mardi, mais nos envies, elles, restent – bien quelque peu chahutées ces derniers jours… alors, à bientôt pour de nouvelles aventures… mais pour l’instant reposons nous et digérons ce qui vient d’arriver…
Cyril de feu les 400 couverts