Lundi 23 août 2010, sur Indymedia-Grenoble.
Bref rappel des faits
Jeudi 19 août à 7h00, 150 CRS et gardes mobiles expulsent un terrain où vivotaient depuis deux ans une centaine de Roms roumains à Saint-Martin-dHères (Isère). Bilan : 10 Roms passent de la garde à vue au centre de rétention administrative, 12 reçoivent un OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et 16 choisissent un retour volontaire en Roumanie (sources : Grenews et AFP). Les autres se retrouvent à la rue. La préfecture et son nouveau locataire, Eric Le Douaron, ex-flic, communiquent : « Cette opération dévacuation répond aux instructions du ministre de lIntérieur et du ministre de lImmigration » (AFP, 19 août 2010) [1]. Rien de plus banal en Sarkozhistan.
Où lon découvre que des élus de « gauche » ont appuyé l’expulsion
Mais que fait « la gauche » au pouvoir dans les collectivités locales ? Rien. Elle ne moufte pas, ne sémeut pas, ne sindigne pas. Quattendent les élus PS et PCF de Grenoble et lagglomération pour dénoncer ces expulsions absurdes dans les médias ? Pire, des édiles de « gauche » ont cyniquement encouragé cette expulsion.
La preuve, on la trouve dans la mise en demeure [2] de la préfecture adressée aux Roms de Saint-Martin-dHères quelques jours avant larrivée des flics et des pelleteuses. Voir aussi:
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Voici un extrait : « Vu la lettre du maire de Saint-Martin-dHères en date du 12 août 2010, sollicitant de M. le Prefet la mise en demeure de quitter les lieux pour ce groupe ; Vu Les courriers du Maire de Saint-Martin-dHères en date du 3 mai et du 15 juin 2010 faisant part de la sollicitation et sollicitant lintervention de M. Le Préfet ; Vu la lettre du Président du Conseil général en date du 8 juin 2010 faisant part de loccupation illégale du site, de la dangerosité du site où stationne le groupe à proximité de la entre (sic) la voie ferrée et une voie routière urbaine à forte circulation et sollicitant lintervention de M. Préfet ».
Proby et Vallini, sans scrupules
Le préfet rechigne à donner les noms des protagonistes dans ce document.
– Rappelons que le maire communiste de Saint-Martin-dHères sappelle René Proby. Stéphane Pépin, chef du cabinet du maire précisait pourtant dans le Daubé du 20 août 2010 : « Il sagissait dun terrain propriété de lEtat sous contrôle de la préfecture, nous navions pas matière à intervenir, mais nous sommes allés constater lévacuation qui sest faite dans le calme et le respect des personnes ». « Pas matière à intervenir » alors que René Proby rédige trois courriers à la préfecture demandant lexpulsion de ces personnes. La bonne blague. Stéphane Pépin « constate une évacuation », tiens, le terme employé par le préfet lui-même. Cest vrai que « expulsion », ça fait moche pour une municipalité communiste. « Dans le calme et le respect des personnes », mais de quel respect veut-il parler ? Celui de foutre à la rue des dizaines de personnes sous la pression de 150 types armés ? Dire que le PCF dénonçait dans un communiqué [3] du 18 août dernier à propos de la chasse aux Roms en cours : « Nous sommes face à un risque humanitaire majeur. Leur situation sanitaire et sociale ne peut se régler à coup dexpulsions spectaculaires, de démontage de campement pour les journaux télévisés du soir. Ces pratiques dun autre âge doivent cesser ».
– Quant au président du Conseil général cité dans cette mise en demeure, il sagit du socialiste André Vallini. Oui, oui, André Vallini, celui qui ose écrire dans son journal de communication (Isère Magazine d’avril 2010) : « Et oui à plus de solidarité car plus que jamais notre devoir est dêtre aux côtés des plus faibles et des plus défavorisés ». Aux côtés seulement des Français ?
Dautres lieux de vie menacés
Il reste encore quelques terrains où vivent des Roms roumains. Deux dentre eux ont été visités par la police nationale dans la semaine du 16 au 22 août pour des contrôles didentités qui laissent présager des expulsions imminentes. Un se situe aux Glairons sur la commune de Saint-Martin-dHères, un autre à la Tronche en face de Décathlon et un autre à quelques pas de la Bifurk. Le bâtiment occupé sur ce dernier terrain est la propriété de la commune de Grenoble… à suivre.
Notes:
[1] Ministre de limmigration, lincorrigible Eric Besson ose sans vergogne « La France est le pays dEurope le plus respectueux en matière de droits des étrangers et notamment des étrangers en situation irrégulière, ou – soyons plus modestes – lun des pays les plus respectueux, donc nous navons pas de leçons à recevoir » (AFP, 21 août 2010)
[2] Une mise en demeure est un document qui ordonne officiellement au destinataire dexécuter une obligation qui lui est échue. Ici elle émanait de la préfecture et imposait aux habitants du terrain de quitter les lieux sous 24h.
[3] http://www.pcf.fr/spip.php?article4987