Lille: Anniversaire de la triple expulsion à Wazemmes

Actions du week end du 10 au 12 juin 2006

Le 10 juin 2005, trois squats de Wazemmes sont expulsés simultanément. Loin d’être les premières et les dernières (une dizaine d’expulsions de lieux collectifs ont eu lieu sur Lille en un an), ces triples expulsions ont marqué la volonté de la mairie de Lille d’en finir avec les occupations illégales qui gênent ses projets d’aseptisation urbaine. A l’occasion de ce triste anniversaire nous avons rappelé aux flics et politiques de la ville que leurs expulsions ne mettront jamais fin à nos occupations. Durant le week-end des 10,11 et 12 juin 2006, sur les façades des lieux expulsés comme dans les rues du quartier, nous avons démontré que les squatters sont toujours là :
– mairie de quartier de Wazemmes murée dans la nuit du vendredi au samedi
– bombage « Ni oubli ni pardon » sur le toit du Trikar, rue d’Iéna
– façade du Trimar repeinte, boulevard Montebello
– banderole posée au 121bis, rue Paul Lafargue

En parallèle des proches des squatters ont fait part de leur opposition au « Grand Squat » samedi après-midi sur la place Rihour en diffusant le texte ci-joint:

Parce que c’est la haine de ce monde qui nous tient, leurs méthodes ne font que renforcer notre détermination.
Assemblée de squatters de Lille.

« 10 juin 2005 triple expulsions à Wazemmes… Les squatters sont toujours là !

Ce week-end, le Lions Club et quelques acolytes jouent aux squatters. Dans la plus parfaite légalité bien entendu et même pour le plus grand plaisir de la mairie de Lille qui leur laisse à cette occasion la place Rihour. Ca pourrait être juste ridicule, mais c’est aussi débectant. Parfaite incarnation du cynisme de la bonne bourgeoisie, ce « Grand Squat » nous invite à plus d’un titre à montrer à ces ordures que l’on doit choisir son camp, que l’on ne peut tranquillement participer à la défense de l’ordre et de la loi de l’argent et se faire passer pour subversifs. Durant deux jours des apprentis capitalistes viennent rencontrer des entrepreneurs. Ensemble ils s’amusent à feindre l’occupation illégale pour mieux entrer en connivence comme des publicistes s’amusent à détourner des slogans de mai 68 pour vanter les mérites de la grande consommation. Vous qui participez à cette mascarade, vous êtes dans l’air du temps sans aucun doute mais cet air-là, il est chargé de la nauséabonde odeur des chiens de garde du capital. La guerre aux pauvres est depuis bien longtemps déclarée. Elle avance jour après jour pour ne leur laisser aucune place dans cette horreur carcérale qu’est la vie moderne. Des expulsions de sans papiers aux expulsions tout court de nos logements, il n’y a qu’une logique d’anéantissement des classes les plus pauvres. Des procès des émeutiers et manifestants au cynisme de Martine Aubry face aux grévistes de la faim d’Esterra, il n’y a qu’une condamnation de la vitalité qui nous pousse encore à ne pas toujours obéir. Vous avez choisi votre camp et nous ne vous laisserons pas faire semblant d’être du nôtre : parce que tout fonctionne aujourd’hui sur le semblant et que nous ne pouvons le supporter davantage quand le subterfuge nous touche de si près. Parce que de notre côté être squatters ne signifie pas s’acoquiner avec Martine Aubry et ses comparses mais se faire virer manu militari avec sa bénédiction de bâtiments appartenant parfois à la mairie ou à la CUDL, et ceci dans toutes les conditions, qu’il neige ou qu’il gèle, dans toutes les circonstances, le dimanche comme les autres jours, avec tous les moyens nécessaires, le GIPN ou l’absence de procédure légale. Non, la mairie de Lille n’aime pas les squatters et préfère faire campagne sur une pseudo-solidarité citoyenne toujours de bon ton. N’avez-vous donc rien dans la cervelle pour ne pas avoir su ce qu’évoquait ce nom si mal approprié ? Ou avez-vous déjà choisi de ne plus accorder d’attention à ce qui se passe au-delà de la rue de Béthune et dans le reste du monde parce que ce n’est pas aussi propre que dans les publicités pour le nucléaire, que les humains ne sont pas aussi jolis que chez L’Oréal et que votre portefeuille n’est pas rempli autant que vous le souhaiteriez ? Sûrement avez-vous pensé lors de votre inscription à cette foire au côté « sympa » des squats d’artistes. Vous auriez dû savoir qu’à Lille les squatters ne veulent surtout pas être amicaux en ces circonstances : nous ne squattons pas pour l’amour de l’art mais pour la haine de ce monde.

Des squatters et squatteuses lilloisEs