Monars (Catalogne): Compte-rendu des rencontres de (pré)occupation rurale

Août 2010

Les rencontres d’occupation rurale ont eu lieu cette année début juillet à Monars, village occupé depuis 28 ans dans la haute Garrotxa, Pyrénées catalanes, côté espagnol.
Chaque année elles rassemblent une centaine de personnes, venant pour la plupart de squatt ruraux, autour des thématiques propres à l’occupation et à la vie rurale : organisation collective, autonomie matérielle, « éducation », santé, luttes autour de la terre, etc. Cela s’articule autour d’ateliers, de discussions et de débats, qui ponctuent la journée, le but de ces rencontres étant avant tout de voir les copines et les copains, d’approfondir les relations et de passer un bon moment ensemble.

En vrac, on pouvait voir sur le tableau d’annonces :
– Vendredi : atelier d’électricité alternatif / continu ; atelier discussion debat « Questionnement sur la monogamie, et ses alternatives »
– Samedi : discussion débat « L’occupation rurale, un mouvement(s)?, objectifs, est-ce qu’on projète à l’extérieur? ; atelier de tronçonneuse, confection de planches en bois ; ateliers de clowns, l’art d’être toi même ; atelier de distillation ; Inipi (tente de sudation des indiens d’amérique latine)
– Dimanche : Occuper sans voiture?, présentation et débat sur la brochure « Le livre de la jungle, petit livre d’urgence » (el libro de la selva, libreto de emergencias) ; présentation de la coopérative intégrale (coopérative de producteurs consommateurs pour sortir de la dépendance au capitalisme, en gros)
Il y a eu aussi un chantier collectif tout au long des rencontres pour creuser un basin à côté d’un potager.
Le tout accompagné d’un espace pour enfants et parents, d’un infokiosque bien fourni, d’un panneau d’expression libre, d’une auto-organisation totale des tâches (avec un peu de pilotage des habitantes de temps en temps tout de même). Et évidemment pas de prix, juste un pot commun pour celles et ceux qui veulent et peuvent participer financièrement, chacune ayant amené ce qu’elle pouvait de bouffe, matos et autres.
Tout ça fut très chouette et intéressant, donc venez aux prochaines rencontres, ça vaut le coup d’oeil.

L’année prochaine ça se passera dans la « Valle d’Arce », située dans les Pyrénées au-dessus de Pampelune, où plusieurs villages sont occupés (Lakabe, Aritzkuren, Rala, Aitzkurgi, Uli Alto entre autres).

J’aimerais ajouter une touche personnelle, mais à dire vrai les mots me manquent pour décrire le sentiment de liberté, de plénitude, de bonheur simple dont j’ai fait l’expérience lors de ces rencontres. Peut être est-ce parce que plus je me rapproche du mode de vie que je veux mener, plus ce sentiment m’accompagne au jour le jour…
Alors s’il faut squatter pour avoir de la terre, s’il faut gruger l’Etat et ses chiens de garde pour survivre, s’il faut voler pour pouvoir se donner des moyens concret d’autonomie, s’il faut être un parasite dans une société gangrénée d’abus de pouvoirs et de soumissions passives, s’il faut me couper du monde pour pouvoir créer le mien, je le fais avec plaisir, même si je m’éclate vachement plus à planter une tomate ou à boire une bière avec les potes.
En tous cas je crois qu’il n’y aura pas d’issue à la lutte tant qu’on aura pas vécu la vie pour laquelle on veut lutter.
Du coup la vie en collectif, pleine et intense, basée sur le partage, la solidarité, le don et l’empathie, avec la recherche d’autonomie, matérielle et politique, comme principe de base, me semble la meilleure des stratégies pour poser des bases locales solides à un réseau de personnes qui pourront effectivement influer sur le cours des choses.

Les influences politiques et idéologiques au sein de « Reclaim the fields » sont diverses et font notre force, car sinon la ghettoisation anarcho-rurale nous boufferait toutes crues. J’espère cependant que l’exemple de celles et ceux qui on choisi de vivre leur radicalité non pas en la rêvant mais en la mettant en acte nous servira à mieux savoir ce que nous voulons.

Amour et Liberté.

Tortuga Feliz