Veynes (05): La Villa Sylvia menacée d’expulsion

Déveine à Veynes

Les habitants de la « villa Sylvia », menacés d’expulsion.

Au mois d’avril, à la recherche d’un lieu pour habiter, nous sommes attirés par la « villa Sylvia », une maison avec jardin à la sortie de Veynes. Après une petite enquête, nous rencontrons Huguette D’Amato, apparemment propriétaire de la maison et alors résidente au foyer de personnes âgées de Veynes. Elle nous propose de louer sa maison pour un prix modique, nous la fait visiter et nous confie les clefs le jour même. A l’intérieur comme à l’extérieur, tout est dans un état lamentable après dix ans d’abandon et de saccages. La rencontre avec cette vieille dame qui a perdu sa mobilité nous touche beaucoup. Nous lui faisons des courses, elle est contente de sortir et de recevoir de la visite. Par la suite nous apprenons par la mairie et le notaire qu’un problème de succession empêche Mme D’Amato d’être réellement propriétaire de cette maison qui lui était léguée par son conjoint. La « villa Sylvia » est donc sans propriétaire à qui payer de loyer.

Nous commençons à faire des travaux de première nécessité, et nous renouvelons nos visites au foyer qui sont accueillies par de grands sourires. Pendant six mois, nous travaillons à l’aménagement et la restauration de la maison, avec un peu d’imagination et de récupération. Notre nombre s’agrandit. Malgré la fragilité de notre situation, nous considérons que les choses valent la peine d’être vécues, même sans garantie de durée.

Immédiatement après le décès de Mme D’Amato, survenu en octobre, nous sommes menacés par ses trois enfants, prétendant à l’héritage de la maison. Le 26 novembre [2005], sans produire d’acte de propriété, sans jugement d’expulsion, et en s’introduisant dans notre domicile sans la présence d’un huissier et contre notre volonté, ces personnes ont tenté de nous mettre dehors, sous le regard de gendarmes complaisants. Ils ont également proféré toutes sortes de menaces et promis de revenir pour nous faire quitter la maison.

Quelque soit l’issue de notre situation nous ne regretterons pas le choix que nous avons fait. Nous avons rendu ce lieu propre et accueillant, une communauté de cinq personnes y vit de manière solidaire en attendant l’arrivée imminente d’un bébé.
Est-il légitime de permettre à des gens, au gré d’aléas testamentaires, de récupérer un bien qui n’a à leurs yeux qu’une valeur financière et d’expulser d’autres gens qui ont investi une maison abandonnée depuis dix ans pour en faire l’usage le plus naturel: y habiter ?

Emilie, Elise, Fanny, Mathieu, Mourad, habitant-e-s de la Villa Sylvia, aux Paroirs, à Veynes.

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