Zürich: compte-rendu d’une manifestation nocturne de soutien à EXIL et autres espaces occupés

Ce samedi 25 septembre 2004 à 20h avait lieu une manifestation contre l’expulsion de EXIL (qui peut survenir dès le 29 septembre prochain), et pour la défense des espaces squattés, menacés par une récente modification de la loi (voir http://squat.net/fr/news/zurich260904.html).

Rendez-vous était donné à 20h dans Baeckeranlage, parc situé dans un quartier populaire de Zürich, non loin de feu-Egocity et de Kalki, espace d’activités et d’habitation occupé dans la foulée de l’expulsion d’Egocity en janvier dernier. Tout autour du parc, un dispositif policier est déployé pour « aceuillir » les manifestant-e-s et contrôler les identités. Deux personnes seront d’ailleurs arrêtées, pour être en possession de lunettes protectrices. Seule une entrée permet d’éviter la fouille, et c’est assez vite quelques centaines de personnes qui s’y retrouvent, pour entamer une manif ponctuée de quelques slogans en allemand et français, secouée par des pétards et autres feux d’artifice.

L’atmosphère est assez tendue, du fait de la forte présence policère initiale, et le début de la manif est marqué par quelques hésitations et mouvements de foule, au gré du rapprochement de véhicules anti-émeute. Des cagoules, masques et capuches apparaissent de toutes parts, et c’est sur un ton très combattif que la cortège, rassemblant alors quelques 400 personnes, entame une marche rapide à travers les rues. Un camion sono ayant finalement réussi à contourner le filtrage policier rejoint la manifestation, qui prend des allures de Reclaim The Streets, avec alternance de musiques techno, punk ou disco, entrecoupées de déclarations au mégaphone.

La manifestation traverse divers quartiers résidentiels. Des habitant-e-s se montrent aux fenêtres, saluent, agitent les mains et allument des feux d’artifice pour certain-e-s. Divers slogans pro-squat sont peints à la bombe sur les murs le long du trajet, ainsi que beaucoup de graffitis, les tagueurs locaux semblant avoir pris pour habitude de se mêmer aux manifestations pour décorer les murs (ce qui ne va pas sans heurs, certain-e-s manifestant-e-s interpelant vertement les taggeurs, leur reprochant de noyer le message politique dans une entreprise toute personnelle).

La manifestation rejoint alors des zones plus commerciales. Hormis les graffiti, le cortège fait preuve d’une relative discipline collective, et les vitrines de banques et autres gros concessionnaires automobiles sont épargnées. L’objectif politique semble être celui d’une démonstration de force, sans verser dans l’affrontement direct avec les flics. Arrivé devant un tunnel, le camion-sono accèlère, et la manifestation pique un sprint jusque de l’autre côté, pour ne pas laisser le temps à la police de prendre les manifestant-e-s en sandwich au milieu. Des camions à eau et autres véhicules anti-émeute se font voir au bout, bloquant le passage vers le centre-ville, et quelques projectiles commencent à voler en direction du barrage policier. La manifestation prend cependant soin de ne pas s’arrêter, et poursuit sa route sur le côté.

Arrivée sous un pont de chemin de fer, la manifestation applaudit le déploiement d’une banderole, mais remballe vite son enthousiasme quant une ligne de flics anti-émeute se déploie à l’horizon, et que des camions de police se font voir derrière. Nouvelle bifurcation, seconde accélération. Tout le monde se met à courir, pour passer le boulevard avant les flics, et empêcher que ceux-ci ne saisissent le camion-sono. En bout de course, c’est un peu la pagaille. Le camion-sono est parti, et des groupes de personnes arrivent en ordre dispersé. Quelques personnes se frottent à la police sur l’arrière et tentent de bloquer son avancée en déplaçant quelques véhicules, tandis que la manifestation se disloque, des petits groupes partant dans diverses directions. Il est 23h et des poussières.

Au bilan, une manifestation dynamique et déterminée, mais dont la lisibilité politique laissait à désirer. Peu de banderoles et pancartes, sinon sur le camion-sono, de trop rares slogans, et des tracts explicatifs distribués avec parcimonie. Un bon acceuil de divers-e-s passant-e-s, mais une certaine incrédulité pour d’autres, que les diverses actions de communication [1] menées les jours précédents n’auront probablement pas atteint, s’il s’agit de toucher une plus large audience que les milieux déjà sensibilisés. Néanmoins, une marque de détermination certaine en direction de la police et des autorités, qui doivent y comprendre qu’ils ne viendront pas au bout des squats sans mal. Un moment dans la résistance des squats zurichois, en tout cas.

[1] Entre autres collages, diffusions de tracts et de communiqués, une heure d’information sur EXIL a été programmée sur Radio Lora (http://lora.ch/), station FM locale alternative (également accessible via Internet).

darkveggy <darkveggy [at] squat [point] net>