A Milan…
Le 25 avril 2001, une manifestation antifasciste tentait de s’opposer à des skinheads fascistes de « Forza Nuova » qui déposaient des gerbes de fleurs sur la place où Mussolini a été pendu. Mercredi 12 septembre 2001, soit 5 mois plus tard, 3 militants étaient arrêtés, lors de la perquisition de 2 squats communistes (« Gola » et « Transiti ») et d’un appartement (maigre butin pour les flics : des drapeaux rouges et quelques plants de cannabis). Les militant-e-s sont accusés d’agression et injures (lesioni) et ont été emprisonnés dans l’attente de leur procès. Les raisons invoquées étaient que les accusés pouvaient s’enfuir, récidiver ou détruire les preuves. Ce qui n’a aucun sens, quand on sait que les faits leur étant reprochés se sont déroulés il y a 5 mois. Par ailleurs, ces charges ne conduisent normalement pas à ce type d’emprisonnement « préventif ». Il est clair que ce n’est autre qu’une arrogante démonstration de pouvoir. Car dans ce contexte d’après Gênes, il s’agit pour le pouvoir de durcir sa politique répressive, et de donner aux franges réactionnaires de la population les coupables qu’elle cherche ainsi que le sentiment que l’Etat fait bien son travail. Le 15 septembre 2001, une manifestation de soutien aux 3 militants a rassemblé plus de 3000 personnes à Milan.
A Gênes…
Pendant les manifestations contre le G8 en août dernier, Carlo Giuliani fut tué par la police sur la place Alimonda, à Gênes. Depuis, de nombreux objets -fleurs, pancartes, casques, messages, boucliers et masques, écrits, objets hétéroclites, etc.- ont été apportés sur la place, formant un monument à sa mémoire. Le 16 septembre 2001, il a été détruit par les flammes.
Au même moment, le centre social anarchiste Pinelli subissait une attaque incendiaire aux conséquences désastreuses. Personne ne se trouvait sur place, et heureusement, aucun-e blessé-e n’est donc à déplorer. Mais la quasi-totalité du bâtiment a été détruite, l’intégralité des affaires s’y trouvant étant partie en fumée (ordinateurs, documents, etc.). Les responsables de ces incendies non-revendiqués sont probablement des fascistes, qui semblent beaucoup plus à l’aise depuis les événements de Gênes. En effet, la répression des manifestations anti-G8 a clairement mis en évidence la collusions des flics et de certains mouvements d’extrême-droite. Quand ils ne sont pas directement couverts, les fascistes semblent donc peu craindre de représailles légales. Une manifestation sera organisée samedi 22 septembre, pour protester contre ces attaques…
Dans toute l’Italie…
Le 18 septembre 2001, des raids « antiterroristes » ont eu lieu dans plus de 100 squats, maisons, appartements et centres sociaux en Italie, dans le cadre d’une importante opération de criminalisation de la contestation radicale (nous n’avons pas fini d’entendre parler du sommet de Gênes…). Officiellement, ces perquisitions faisaient suite à plusieurs incidents, notamment des attaques contre la basilica di snat ambrogio à Milan (28.06.00), contre le duomo di milano (18.12.00) et contre la station de carabiners à Milano Musocco (26.10.99).
A Milan, le squat Villa Occupata a du essuyer une perquisition musclée. A 6h30 du matin, des flics ont commencé à enfoncer la porte, sans préavis, en hurlant aux occupant-e-s de se lever. Ils tapaient si fort que dans une pièce du premier étage, tous les livres et cassettes sont tombés de leurs étagères. Les flics n’ayant pas daigné indiquer le motif de leur venue pour le moins brutale, les habitant-e-s crurent à une expulsion, et bloquèrent l’accès au premier étage, que la police mit plus d’une heure à atteindre. Barricadés au dernier étage auquel les flics n’avaient aucun moyen d’accès, les occupant-e-s consentirent à descendre après que leur avocat leur ait dit qu’il ne s’agissait « que » d’une « fouille » (la seconde en 2 mois). De nombreux flyers, fanzines, des lettres, deux ordinateurs et une vingtaine de barres de bois et de fer furent confiqués. La police embarqua ensuite 14 des occupant-e-s au commissariat, « juste pour faire l’inventaire du matériel saisi ». En réalité, les habitant-e-s furent détenu-e-s de 11h30 à 19h environ, sauf deux que les flics ont gardé. Un américain qui se trouvait alors dans la Villa a désormais 15 jours pour quitter l’Italie, et sera interdit de territoire pendant 5 ans.
A Modena, de nombreuses pièces du squat « Scintilla » furent dévastées par la police, qui confisqua tous les vêtements noirs, vola de l’argent, un téléphone portable et un passeport. Ce fut également l’occasion pour les flics d’expulser le tout nouveau squat Rivalsa. Plusieurs personnes furent arrêtées.
D’autres arrestations eurent lieu à Padova, Trieste, Aosta, Nuoro, Cagliari, Grosseto, Cuneo, Firenze, Pisa, Catania, Orvieto, Venezia… Ces informations sont très partielles, et ne demandent qu’à être complétées.
Sinistre bilan pour cette journée : 60 personnes sont désormais accusées d' »association subversive », la police prétendant qu’elles appartiennent au groupe « Solidarietà Internazionale », responsable de plusieurs actions illégales commises l’année dernière, en soutien à Nikos Maziotis (un anarchiste grec incarcéré, désormais libre !) et aux prisonnier-e-s des FIES en Espagne (équivalent des quartiers de haute-sécurité).
Cette enquête a démarré à Milan, menée par le substitut du procureur, Dambruoso, qui s’occupe de toutes les enquêtes antiterroristes à Milan. Il s’agit de la même ordure qui envoya Patrizia Cadeddu en prison (militante anarchiste condamnée à 3 ans et 9 mois fermes en 1999, suite à une machination policière, médiatique et judiciaire visant à la rendre responsable d’un attentat contre la mairie de Milan).
[squat!net]