Fontaine (38): Expulsion d’un squatteur « forcené »… et de sa mère

Tandis que les médias relaient comme si de rien n’était les chiffres les plus marquants du dernier rapport de la fondation Abbé Pierre (extraits d’une brève parue sur le site de RMC: « D’après la Fondation Abbé Pierre, le nombre de « recours aux forces de l’ordre » pour déloger les locataires qui ne payent plus leurs loyers a augmenté de 20 à 30 % l’année dernière par rapport à 2005, soit plus de 30.000 expulsions manu militari au moins selon la Fondation »), des expulsions ont « bel et bien » lieu, en vrai. Dernier exemple en date du côté de Fontaine, une expulsion qui a fait du bruit (contrairement aux nombreuses autres) parce que l’un des expulsés ne s’est pas laissé faire.

Un récit gerbant de l’événement est paru dans le seul quotidien local, notre cher « Dauphiné Libéré ».

L’article est lisible en entier ici:
https://squat.net/pipermail/squats-fr-diffusion/2007-October/001541.html

Quelques morceaux choisis:

« Après avoir menacé d’une arme de poing automatique un huissier et des policiers venus l’expulser, il s’est réfugié dans le logement et a été maîtrisé environ 1h30 plus tard sans effusion de sang par les services de police. Stéphane P, âgé de 45 ans, occupait illégalement avec sa mère depuis un peu plus d’un an une maison située 3 rue d’Alpignano, une rue tranquille qui relie la toute proche commune de Seyssinet-Pariset et l’avenue Aristide-Briand, à Fontaine. Les propriétaires, regroupés en SCI, avaient engagé une procédure d’expulsion, qui devait se concrétiser hier matin. »

Bien entendu, le Daubé soutient d’emblée l’huissier et les policiers, qui ne font que leur boulot, après tout.

« Lorsque l’huissier de justice, escorté par des policiers, se présente vers 8h30 à la porte de la maison, l’homme et sa mère tentent de s’opposer au petit groupe. « La vieille dame est sortie sur le perron en criant et son fils a sorti un pistolet et l’a dirigé vers nous  » racontera l’huissier de justice quelques minutes plus tard. Pour se dégager et faire reculer l’homme armé, l’un des policiers tire un coup de flash-ball et atteint le forcené au cou. L’homme porte la main à sa gorge, vacille, se redresse et disparaît derrière la porte du logement… »

Le flash-ball ne doit-il pas être utilisé en visant les jambes, surtout pas le visage, surtout pas à bout portant ?

En tout cas, face à la détresse et à la rage des expulsé-e-s, la réponse de la flicaille reste la même: flash-ball, défonçage de portes et coup de fil au GIPN en cas de souci. Tout ça sous le regard bienveillant de la Justice avec son grand J et ses huissiers puants.

« Quelques instants plus tard, les renforts de police arrivent sur place, dirigés par le commandant Josserand et le capitaine Natale, puis par le commissaire Celard. Dans le même temps, le quartier est bouclé par les forces de l’ordre, notamment la Section d’intervention et la Brigade anti-criminalité. Depuis le commissariat central, on demande l’assistance d’une équipe du GIPN basée à Lyon.
Mais le Groupe d’intervention de la police nationale n’aura pas à intervenir : après plus d’une heure de négociation à travers les persiennes, l’un des officiers de police va profiter d’un instant d’inattention de l’homme. Alors que sa mère s’avance dans le couloir de la maison pour parler avec lui, il sort une main à l’extérieur en tenant son arme à l’envers.
Quelques fractions de secondes plus tard, il est maîtrisé et menotté. Dans la rue, les sapeurs-pompiers lui prodiguent les premiers soins. Victime d’un important hématome au cou, il sera ensuite conduit à l’hôpital sous le régime de la garde à vue. »

Et la mère dans tout ça ?
Où vont loger ces deux personnes désormais ? En prison ? Dehors ? Nulle part ? Encore deux pauvres à cacher en tout cas…

« Selon le voisinage, cet homme et sa mère habitaient le secteur depuis plusieurs années et occupaient des logements désaffectés. Tous deux ont déjà été expulsés en juin 2006 de la maison voisine, au numéro 5 de la rue… »

Ha, des récidivistes. On peut dire qu’ils l’ont bien cherché, quand même. Salauds de pauvres.

« Depuis, ils survivaient dans le sinistre pavillon situé au numéro 3, logement insalubre, qu’ils partageaient avec une dizaine de chiens et des chats, entre désespoir et misère. »

C’est votre article qui est sinistre.
C’est votre journal qui est insalubre.
Continuez de vous faire du blé en crachant sur le « désespoir » et la « misère » des gens, il se pourrait bien qu’un jour la peur change de camp…

Et gare ! à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront.

(A bas le) PS: Il y a un mois, en banlieue parisienne, un autre « forcené » (autrement plus speed, celui-ci) avait refusé lui aussi de se faire expulser:
https://squat.net/pipermail/squats-fr-diffusion/2007-September/001510.html

z.