Depuis plus d’une semaine nous occupons le 30 rue du Lieu de Santé à Rouen. Une nouvelle perspective l’habite : celle d’avoir une prise réelle sur ce que nous vivons. L’occupation et la transformation collectives de ces lieux en constituent le point de départ. Nous avons déblayé et aménagé cet immeuble abandonné qui, dans les années 70-80, accueillait différentes organisations d’émigrés algériens. À ce propos tous les coups de main sont les bienvenus.
La rumeur dit que ce terrain est destiné à accueillir le nouveau foyer de travailleurs africains, qui n’aura ni salle de prière, ni salle de réunion, ni cantine ; en somme, plus d’endroit pour mener leur existence fondamentalement commune – un lieu dont ils ne veulent évidemment pas. Ce projet ressemble en tout point aux logements sociaux, qu’ils ne manqueront pas de nous proposer : nous refusons une solution qui viserait à nous séparer. À l’individualisation de tous les aspects de la vie, nous opposons une prise en charge collective de nos besoins et de nos envies. Nous ne sommes pas là pour faire parler du problème du logement mais pour le résoudre collectivement et à notre échelle. Nous nous passerons des mains tendues tant qu’il y aura des maisons vides.
La réponse ne s’est pas faite attendre : à ce jour, nous sommes convoqués à une audience en référé au début du mois de décembre. Évidemment aucun des prétextes officiels avancés (insalubrité, réhabilitaion, nouveaux projets urbanistes ) n’occultera la véritable raison de cette décision politique : d’empêcher la généralisation de cette pratique. La menace d’une expulsion certaine ne nous fera pas renoncer. Nous percevons le temps qui nous sépare de cette sanction comme une incitation à donner d’autant plus corps à notre aspiration, et non pas comme une injonction à préparer nos bagages.
À bientôt ici, ou près de chez vous.
À Rouen le 22 novembre 2010.
L’Habite asociale (lhabite_asociale at boum point org)