Pantin (93): Six morts dans l’incendie d’un squat de sans-papiers

Comme vous avez sans doute lu ce matin, un squat a brûlé à Pantin, passage Roche, métro Hoche. Dans ce local de trois quatre pièces avec un étage ouvert depuis plusieurs mois déjà muré et sans eau ni électricité, vivaient une vingtaine de personnes. Principalement des Tunisiens venus de Lampedusa et quelques Egyptiens. Ce matin très tôt un incendie s’est déclaré, une bougie qui aurait embrasé un livre. La police est arrivée très vite sur les lieux puisqu’elle était sur place lorsqu’un des habitants s’est échappé en sautant par la fenêtre de l’étage au-dessus.

Par contre il semble, selon ce garçon tunisien que je connais, que les pompiers ont vraiment tardé à arriver alors que la caserne la plus proche n’est qu’à quelques centaines de mètres. Six personnes sont mortes de n’avoir pas pu s’échapper à temps, il y des barreaux aux fenêtres de l’étage en bas et une partie du plafond se serait effondré. Quatre Tunisiens de la région de Tataouine et deux Egyptiens. Les corps sont évacués au fur et à mesure.

Ce secteur immobilier est en pleine restructuration, Hermès avance, à grands pas, les grues frôlent le passage Roche. La parcelle où se trouve la maison qui a brûlé a été préemptée par la mairie de Pantin il y a trois ans, un propriétaire qui possède des maisons à l’entrée du passage n’a pas encore cédé à la spéculation et selon la mairie cela bloque l’avancée des travaux sur le secteur. Le passage doit être détruit.

Le défilé a commencé Par Guéant ce matin, se poursuit en ce moment avec les élus socialistes.C’est dégoûtant.

Il va de soi que ce qui arrive là, n’est que le résultat de la triste mécanique du pouvoir.

Evidemment pas de responsable, sinon l’autre, les socialos diront l’Etat, l’Etat dira les victimes elles­-mêmes. Validant sa politique du pire. Et nous, serons trop dispersés pour répondre à la hauteur de cette infamie.

Oui, se jeter dans la mer pour rejoindre le pays ami, passer des mois dehors dans les jardins ou des maisons précaires, traités partout comme des chiens. Et espérer quand même quelque chose dans ce foutu bourbier. Quelle barbarie. Des gens passent sur place, des Tunisiens qui ont fait circuler le mot. Ceux de la maison du passage Roche faisaient sans doute partie de ceux qui dormirent un temps à la Cip, un temps à Bolivar, un temps au gymnase, un temps à Botzaris, un temps au foyer Saint-Honoré, un temps à Montreuil… nous connaissons leurs visages.

Suis passée devant la coord’ en y allant. C’est beau comme un désert.

anonyme