Le 26 mai dernier, nous étions 200 personnes à déambuler dans les rues de Dijon pour fêter l’ouverture officielle de la ferme « Le Jardin des Maraîchers ». Cette ferme collective est installée depuis un mois dans la cité, sur les terres de la friche maraîchère menacée par le projet de quartier « L’écocité du Jardin des Maraîchers », dans le quartier des Lentillères.
Le « jardin des maraîchers », c’est qui, c’est quoi ?
Nous sommes quelques paysans sans terres soutenus par des maraîchers, associations et ami-e-s. Depuis quelques semaines nous avons ouvert une ferme maraîchère dans le quartier des Lentillères afin de produire, à terme, sur un hectare pour des projets associatifs, pour des collectivités et pour les habitant-e-s du quartier. Nous voulons faire des légumes sans agro-chimie et accessible à toutes et tous.
Pour mener à bien notre projet, nous avons rebouché les trous – que la mairie avait commandité pour empêcher toute nouvelle occupation potagère – et préparé le sol. Plusieurs centaines de plants de légumes – blettes, tomates, concombres, poivrons, aubergines… – ont d’ores et déjà été mis en place. D’autres cultures maraîchères seront implantées dans les prochains temps.
Cultiver en ville ?
Parce que les villes auxquelles nous aspirons ont besoin de logements accessibles, mais aussi de cultures pour les nombreux urbains qui veulent se réapproprier leur nourriture et disposer d’espaces d’apprentissage. En témoignent les centaines de personnes inscrites à Dijon sur les listes d’attente des AMAP et des jardins familiaux. Comme de nombreux paysans sans-terres nous sommes pour notre part confrontés au difficultés d’accès au foncier, au bétonnage et à l’impérialisme de l’agro-industrie. Les rares espaces préservés aux périphéries des villes nous semblent des lieux privilégiés pour tisser des liens et partager notre vision d’une agriculture en lutte. En théorie la mairie s’y accorde puisque son Plan Local d’Urbanisme préconisait de «développer l’agriculture péri-urbaine vivrière et maraîchère» sur le site et de «valoriser la valeur agronomique des sols», ou encore la «vente directe et les AMAP»… En réalité elle voudrait ne garder des «maraîchers» que le nom.
Une ferme ouverte sur le quartier et la ville
Si nous menons activement ce projet, c’est d’une part pour accéder à la terre et bien sûr pour défendre ces terres maraîchères de qualité contre le bétonnage. Notre projet est différent du potager collectif des Lentillères – installé depuis 2 ans sur cette même friche – mais ces deux initiatives sont complémentaires et s’inscrivent dans la même dynamique de lutte. Nous souhaitons que cette ferme soit un espace d’échange conviviale ouvert sur le quartier, propice à la rencontre et à la réflexion. D’ici quelques semaines, de nombreux légumes seront disponibles et il sera possible de passer régulièrement à la ferme. En attendant, nous invitons à une après-midi portes ouvertes le 9 juin à partir de 16h, pour permettre aux habitantes et habitants du quartier et de la ville de découvrir ce nouvel espace, avec au programme, présentation du projet, visite de la ferme, échange de semences et de plants.
La journée portes ouvertes sera suivie dans la soirée d’un repas de quartier organisé par les jardiniers du potager collectif des Lentillères.
Le Jardin des Maraichers
Ici, l’article paru le 30 mai dans le torchon Le Bien public.