[Publié initialement le 23 mai 2013 dans le quotidien Liberté, presse mainstream algérienne.]
1 350 familles se mobilisent pour empêcher leur expulsion
Les familles squattant des caves dans la wilaya d’Oran ont menacé de sortir dans la rue si leur situation n’est pas prise en charge par les responsables locaux, a-t-on affirmé. Elles ont commencé à se mobiliser pour empêcher leur expulsion et des pétitions ont été préparées dans ce sens.
Beaucoup de caves d’immeubles, notamment, au niveau des cités qui ont vu le jour durant les années 1980, à ce jour, sont occupées par des familles qui y habitent ou par des particuliers qui y ont établi des commerces, voire des ateliers, souvent clandestinement. Si pour certains, le besoin de trouver un gîte en urgence les a conduits à acquérir par voie illégale ces caves en raison de leur coût relativement accessible par rapport à des appartements, quels que soient le lieu et la forme, d’autres ont squatté ces sous-sols pour y élire domicile. Dans ce contexte et selon une source proche de l’OPGI, plus d’un millier de caves dans des immeubles, ont été habitées par des personnes qui ne lésinent pas sur les moyens pour accaparer les parties communes des immeubles.
1350 familles “logent” actuellement dans des caves à Oran et “ce qui est encore plus grave, c’est le caractère prohibitif de l’acte même, car des personnes sans vergogne s’arrogent le droit de localiser puis de squatter les caves pendant un certain temps avant de les céder à prix fort”, indique un responsable au niveau de la wilaya. Notre source affirme, d’autre part, que pour les autorités publiques, il ne s’agit là que de squatteurs qu’il faut déloger. Mais pour d’autres, ces familles là sont réellement nécessiteuses et il faut impérativement les reloger car elles vivent dans des conditions inhumaines où des femmes et des enfants sont exposés à des maladies infectieuses.
Il est important de souligner que ce phénomène a pris de l’ampleur ces dernières années avec l’exode rural où certaines familles, à la recherche d’un toit, n’hésitent pas à débourser de l’argent pour “acheter” une cave, une terrasse ou une buanderie. Ces transactions sont devenues au fil du temps un commerce juteux. “Cela dépend des quartiers où ces caves sont squattées, les prix peuvent différer selon le “standing” à l’exemple du centre- ville qui connaît une courbe ascendante”, affirme notre source. On nous explique que les occupants des caves en ville “payent” entre 30 et 40 millions de centimes pour “l’acquisition d’une cave ou d’une buanderie car ils savent qu’ils seront tôt ou tard relogés”.
Malgré la mise en place par l’OPGI d’une commission pour le recensement de son patrimoine détourné par des tierces personnes, le phénomène amplifie de jour en jour. Pour faire face à cette situation, les services de la wilaya ont, semble-t-il, pris la décision d’assainir la situation de ces familles en procédant à l’élaboration d’une banque de données qui permettra de distinguer les nécessiteux des véritables squatteurs.
Dans ce sens, les autorités locales menacent de ne pas hésiter à ordonner l’expulsion des familles squattant les caves. Selon des sources concordantes, une centaine de familles ont été traduites devant la justice pour squat des caves à Oran. En 2013, plus de 140 personnes ayant squatté des caves à Arzew, ont été également poursuivies en justice, assure-t-on.
Reguieg-Issaad K.