Communiqué de presse de la CREA du 9 août 2013
RE-REQUISITION DU 70 ALLEE DES DEMOISELLES : ON RENTRE CHEZ NOUS
Après plus de deux ans d’existence du mouvement et autant de répression, et suite aux expulsions du Centre Social Autogéré et de la Caillasserie à Bonnefoy, nous nous sommes retrouvé.e.s une fois de plus sans logement ni lieux d’activités. Du coup, nous (mal logé.e.s, familles à la rue, étudiant.e.s, galériennes, chômeurs, gens solidaires, etc.) avons décidé de réinvestir notre première maison, le 70 allée des Demoiselles. Nous retrouvons ici la dynamique et la cohésion nous permettant de mettre en place des activités émancipatrices et de vivre ensemble.
Le 70, première occupation de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion a duré d’avril 2011 à août 2012 et a initié le mouvement de réquisitions sur Toulouse. Le premier Centre Social Autogéré y est né, ainsi que les liens entre les familles à la rue, les militant.e.s, les travailleurs sociaux, les voisin.e.s et plein de soutiens.Cette agitation et cet élan de solidarité et de convivialité entre les gens a inquiété les pouvoirs publics qui demandèrent bien vite notre expulsion. Le 29 août 2012, ce sont près de 200 uniformes qui vinrent nous sortir de notre maison.
Quelques mois plus tard, la justice donna raison aux habitant.e.s, en déclarant l’expulsion illégale par incompétence du tribunal administratif (février 2013).
Seulement, entre l’expulsion et le rendu de l’appel, l’État a loué ces locaux à l’association des Cités du Secours Catholique pour y une créer une halte de nuit, menant ainsi les acteurs du logement à la confrontation. Cette halte de nuit a été la caution de notre expulsion, et aujourd’hui, nous nous retrouvons dos à dos. En effet, quand d’un côté des centaines de personnes sont remises à la rue, de l’autre une halte de nuit (occupant seulement deux des cinq étages de ce bâtiment et offrant des conditions d’accueil précaires) est mise en place. Nous ne sommes pas dupes du jeu des pouvoirs publics et nous voulons mettre l’État face à ses contradictions.
Nous sommes déterminé.e.s à rester dans ces lieux et, par solidarité envers l’Association des Cités, nous interpellons le Ministère du logement de Mme Duflot pour qu’il effectue une réquisition d’État afin d’y installer la halte de nuit. Nous savons bien qu’il existe suffisamment de lieux vides à Toulouse pour loger l’ensemble des personnes sans logement de la ville.
L’État a tous les moyens pour faire du logement. Qu’il ne fasse que du flan prouve bien qu’il a plus d’intérêts à nous laisser galérer. Nous savons que l’Etat ne s’occupe des pauvres que pour gérer la misère par l’invisiblisation, le contrôle et l’enfermement. Nous n’attendons, toujours, rien d’eux, et depuis nos lieux, nous continuerons à nous organiser par nous-mêmes.
Tout pour tou.te.s,
Pouvoir au peuple.