Le quartier de Gamonal est une zone périphérique de la ville de Burgos construit, comme beaucoup d’autres sous le franquisme, à l’arrache pour entasser les familles ouvrières venues de l’exode rural pour faire marcher l’industrie. Cela a toujours été un quartier conflictuel et les luttes les plus récentes ont concerné la restructuration urbaine comme par exemple en 2005 lors de la construction du parking de Eladio Perlado. Cette fois c’est le projet pharaonique d’un boulevard qui a mis le feu aux poudres.
Les différents textes ci-dessous ont été traduits de l’espagnol du site local de contre-information, Diario de Vurgos
Samedi 11 janvier 2014
Gamonal contre le Boulevard : chronique d’un conflit annoncé
Depuis mercredi dernier, la rue vitoria, une des artères principales reliant Gamonal au centre de Burgos est fermée pour cause de début des travaux du boulevard annoncés par la mairie. Cela fait déjà des mois que les habitant-es du quartier manifestent leur rejet de ces nouveaux travaux, tandis que le conseil municipal faisait la sourde oreille.
Au petit matin du vendredi, les habitant-es du quartier de gamonal ont diffusé l’information et relayé l’appel au rassemblement prévu au rassemblement prévu à 5 h du soir. Celui-ci a été attaqué par la police, ce qui a eu pour effet que d’autres habitant-es sortent pour rejoindre la protestation.
Le nombre de personnes a augmenté tout au long de la soirée et elles sont restées devant le chantier jusque vers 22 h, aux cris de “Gamonal ne veut pas de boulevard”. A ce moment, une voiture de la police nationale a foncé à vive allure sur les personnes présentes, déchainant une pluie d’objets. Les unités de la UPR ont commencé à charger en tirant des balles en caoutchouc, ce a quoi il a été répondu par de nombreuses barricades pour empêcher l’avance des charges. Une bataille rangée a duré jusqu’à une heure avancée du petit matin.
Pendant ce temps, des habitant-es qui observaient ce qui se passait de leurs maisons sont sorti-es sur les balcons en frappant sur des casseroles en soutien au quartier de Gamonal.
Aujourd’hui samedi, de nouveaux rassemblements sont convoqués.
Dimanche 12 janvier 2014
Arde Lacalle. Seconde nuit de troubles à Gamonal
Pour la deuxième nuit consécutive, Gamonal a été la scène d’affrontements intenses entre habitant-es et forces de police. La supposée normalité que proclamait le conseil municipal par ses canaux habituels n’a été que le prélude d’une nouvelle nuit au cours de laquelle les habitant-es du quartier, jeunes ou moins jeunes, ont repris les rues pour manifester leur refus d’un projet spéculatif sans autre intérêt que le bénéfice qu’en retirent les entreprises en bâtiment. Face à la vague d’arrestations indiscriminées qui se sont succédées à Gamonal, le mouvement assembléaire de quartier convoque des rassemblements. Le prochain aujourd’hui même, dimanche 12 janvier à 19.00 h dans la rue Vitoria.
Comme nous en informions déjà ce matin depuis DV, la manifestation en solidarité avec les 17 personnes arrêtées dans les protestations contre le boulevard, est partie du chantier, à la fin d’une assemblée au cours de laquelle a été évalué comment continuer les actions de protestation contre les travaux. Mégaphone en main, plusieurs habitant-es ont exprimé la nécessité de continuer à montrer le rejet de la spéculation urbaine et à démontrer la solidarité nécessaire avec les personnes arrêtées dans la nuit du vendredi au samedi. Selon les dernières informations, elles ont déjà été remises en liberté avec charges.
Des milliers de personnes ont parcouru les rues de Gamonal jusqu’à arriver aux portes du commissariat, où elles ont exprimé leur solidarité avec les arrêtés et leur refus du boulevard. Les manifestant-es sont ensuite revenu-es dans le quartier où la tension n’a cessé de monter, juste dans la zone de la rue Vitoria, populairement connue comme la Zone Zero. Après que différentes agences bancaires aient été attaquées, les anti-émeutes venus d’autres localités ont lancé une forte charge qui a encore ravivé les affrontements et a contribué à ce qu’ils s’étendent dans presque tout le quartier.
A partir de ce moment, le chaos s’est emparé de Gamonal. Pierres et balles en caoutchouc se croisaient dans une bataille d’une plus grande intensité encore que la nuit précédente. Face à la dispersion des manifestant-es, la police anti-émeute a lancé une véritable chasse à base de coups, entrant dans des établissements publics et même dans des halls d’entrée.
Les médias partisans de la construction du boulevard parlent de plusieurs agents blessés au cours des affrontements. Comme d’habitude, ils ne disent rien des centaines d’habitant-es blessé-es par les matraques et les balles en caoutchouc. Il semble qu’il y ait des victimes de première et de seconde classe. Et c’est dans cette dernière catégorie qu’ils mettent les habitant-es de Gamonal.
Le bilan répressif de la nuit de samedi se solde avec 23 personnes arrêtées. Des assemblées sont déjà en cours pour tenter d’articuler la solidarité et continuer les protestations contre la spéculation urbaine.
Les faits de la nuit dernière transmettent un message clair qui ne semble être compris ni des bureaux du conseil municipal, ni de ceux des constructeurs : le conflit du quartier continuera tant que se poursuivront les travaux du boulevard.
Dimanche 12 janvier 2014
La solidarité avec les arrêtés se manifeste devant les portes du Commissariat et devant le siège du journal Diario de Burgos
La manifestation en solidarité avec les arrêtés de la nuit de samedi au cours des protestations contre le boulevard a exprimé comme hier son rejet des agissements policiers aux portes mêmes du commissariat. Cependant, les milliers de personnes ont continué la marche par l’avenue de Castilla y León jusqu’au siège de Diario de Burgos, propriété de Antonio Miguel Méndez Pozo, dont l’entreprise de construction a d’énormes intérêts économiques à la réalisation du boulevard de la rue Vitoria.
Face au bâtiment du Grupo Promecal, des milliers de manifestant-es ont gueulé leur mécontentement face à l’intoxication médiatique du Diario de Burgos, en rappelant la participation de son patron des dizaines d’années auparavant aux affaires de corruption urbanistique dans le dit Caso de la Construcción. Un des slogans était : « Méndez Pozo al calabozo » : « Méndez Pozo en taule » [sic !].
De retour à Gamonal, les cris de « nous n’avons pas peur » et « le peuple uni ne sera jamais vaincu », ont recommencé à résonner dans la rue Vitoria. Les protestations continuent dans un quartier qui ne plie pas, et demain sera un autre jour de lutte. La Bataille de Gamonal continue !
Lundi 13 janvier 2014
Protestation indéfinie à Gamonal jusqu’à l’arrêt des travaux
Des habitant-es combatifs parviennent à arrêter les travaux dès 6:30 du matin, en empêchant les machines d’entrer et de poursuivre cette grande œuvre spéculative des entreprises de construction de la ville et de leurs acolytes les politiciens. Défiant le froid et en ne cessant de chanter, les habitant-es réuni-es en assemblée lancent un appel à rester en permanence dans la zone du chantier jusqu’à ce que les travaux soient arrêtés, que les détenus soient libérés et que la police sorte du quartier.
Des jeunes étudiant-es convoquent une assemblée à 17h30 pour proposer une grève étudiante indéfinie pour les revendications antérieures. Tout le monde est aussi incité à venir à 19:00 h à l’assemblée de quartier dans la zone occupée du chantier de la rue vitoria. L’enthousiasme devient palpable à gamonal, les ancien-nes et leurs enfants parlent de révolte et même de révolution sociale, de la nécessité d’étendre le conflit à tous les villages et toutes les villes, que cela puisse servir d’étincelle qui incendie ce grand foyer de rage contenue, on va lutter sans trêve jusqu’à ce qu’ils libèrent et relaxent tous les arrêtés, qu’ils abandonnent les travaux et que la police parte du quartier.
En assemblée, il a aussi été décidé de faciliter la circulation des habitant-es en enlevant les grilles des trottoirs et en rendant visibles les différentes ancrages du sol pour qu’il n’y ait pas d’accidents et que tout le monde puisse approcher la zone zéro de résistance. Le peuple a décidé qu’on ne joue pas avec les habitant-es et de faire tout le nécessaire pour empêcher un ouvrage qui rapportera des millions de bénéfices toujours aux mêmes et qui ruine ceux d’en bas. C’est de cela qu’il s’agit : ceux d’en bas contre ceux d’en haut.
Le monde nous regarde, il faut un soulèvement général contre le capital dans chaque coin de ce monde, ils disent que qui fait une révolution à moitié creuse sa propre tombe, nous ne retournerons pas dans le fossé. Nous en avons marre !
Peuple conscient d’autres quartiers, villages et villes, Soulevons nous ! Assemblées, mobilisation, grèves et action directe contre le pouvoir !
Mardi 14 janvier 2014
Nouvelle journée de protestations ; dans la quartier de Gamonal le conflit redouble
Le lundi matin commence une nouvelle journée de lutte contre les travaux du boulevard. A partir de 6:30, un large groupe de personnes se sont rassemblées aux abords du chantier pour empêcher l’accès des machines, objectif qui est atteint.
Le rassemblement s’est maintenu tout au long de la journée avec les allées-venues des habitant-es du quartier. D’ailleurs leur nombre augmente aussi dans les assemblées.
A midi, une assemblée d’étudiant-es a eu lieu où a été décidé de convoquer une grève indéfinie de l’éducation jusqu’à la paralysation définitive des travaux ainsi que la liberté et la relaxe des arrêtés.
A 7 h du soir, une nouvelle manifestation était appelée qui a rassemblé encore plus de personnes que les jours précédents. La manifestation s’est déplacé aux cris de “gamonal ne veut pas de boulevard” et “la rue est à Burgos, pas Burgos à Lacalle” jusqu’au commissariat du CNP pour exiger la liberté et la relaxe des arrêtés. Elle s’est ensuite divisée en 2 blocs, une partie revenant à la populaire “zone zéro” du chantier, tandis que l’autre se dirigeait vers le bâtiment du Grupo Promecal (siège du Diario de Burgos), comme la nuit précédente. Tous se sont retrouvé-es dans la zone de part vers 21 h.
Ensuite, c’est un état de siège policier qui s’est abattu sur gamonal, encerclant les sorties de la rue vitoria. La baraque de chantier située sur l’une des rues latérales a alors été incendiée et des barricades ont de nouveau été montées avec le matériel du chantier pour barrer l’accès aux fourgons des anti-émeutes. Deux heures durant ils ont procédé à des arrestations, nous ne savons pour l’instant pas à combien.
En assemblée a été annoncée pour mardi une nouvelle journée de protestation commençant à 6:30 pour continuer à empêcher l’accès des machines.
Mardi 14 janvier 2014
Attaque DDoS contre le Groupe Promecal
En ce moment même, à 10:49 du matin, tous les réseaux internet du Groupe Promecal sont hors-service, y compris Diario de Burgos. Ils ont subi une attaque de DDoS(Attaque par dénégation de service) en solidarité avec les protestations à Gamonal.
Mardi 14 janvier 2014
En avant pour la lutte partout
La résistance des habitant-es contre la construction du Boulevard continue et ils se rassemblent joyeusement et de manière combative depuis ce matin dans la zone du chantier. La lutte continue à s’étendre et des nouvelles arrivent d’appels à des protestations solidaires dans toute la péninsule.(…)
A 12:00 h. l’assemblée a eu lieu dans une ambiance enthousiaste. On a rappelé l’importance de poursuivre la lutte jusqu’au bout, maintenant plus que jamais pour les arrêtés et les deux personnes qui ont été mises en prison. Des fonds sont récoltés pour payer les cautions
A 19:00 h. nouvelle manifestation du chantier jusqu’au commissariat pour que les arrêtés nous entendent, puis à Promecal-Diario du cacique et retour dans le quartier. On a aussi commenté comment dans la nuit la police a arrêté d’autres personnes dans une chasse aux sorcières et par le tabassage. Malgré tout, le quartier reste ferme, pas un pas en arrière contre les corps de fascistes itinérants qui viennent nous frapper et sont connus sous le nom de UIP ou d’ anti-émeutes.
¡Tout le monde dehors !
Mardi 14 janvier 2014
La mobilisation sociale parvient à paralyser temporairement les travaux du Boulevard
Malgré la conférence de presse d’il y a quelques jours où le conseil municipal de Burgos réitérait sa volonté de continuer les travaux du boulevard qui ont provoqué cinq jours consécutifs d’intense protestation, lors de sa dernière apparition publique Javier Lacalle a annoncé la suspension des travaux pour une période entre 15 et 20 jours. La mobilisation sociale qui a réussi à faire de gamonal l’épicentre de la clameur populaire durant ces journées a gagné son premier assaut.
Pourtant, la présence continuelle d’effectifs d’anti-émeutes qui s’abattent sur le quartier ne fait qu’aviver les doutes sur ce qui ne peut être qu’une manœuvre de diversion de la part de la mairie afin de désamorcer la conflictualité. Des milliers de personnes continuent à manifester en ce moment même et la tension croît pour éviter que ce qui semble être une victoire se transforme en mirage.
Gamonal reste en alerte pour obtenir les trois objectifs fixés au cours du processus assembléaire : paralysation totale des travaux, relaxe de tous les arrêtés lors des protestations contre le boulevard et départ des forces policières du quartier.
Mercredi 15 janvier 2014
Gamonal ne recule pas
Gamonal a gagné le premier combat d’un conflit qui cinq jours durant a été dans la ligne de mire de l’actualité informative du moment. Mais la lutte contre le boulevard et la spéculation existait bien avant que le quartier se retrouve sous le feu des projecteurs et elle continuera à exister quand les caméras se tourneront vers d’autres endroits. Il n’est pas superflu de rappeler que la suspension des travaux ne peut être qu’une trêve temporaire que s’accordent les pouvoirs de fait de la ville pour préparer une nouvelle offensive, cette fois peut-être avec d’autres armes plus sibyllines après l’échec des matraques et des balles en caoutchouc.
Les mobilisations en solidarité convoquées dans de nombreuses villes sont une bonne manière de rappeler qu’il y a encore des personnes incarcérées. Il est aussi nécessaire de maintenir en vie la flamme qui provoque un phénomène loin d’être nouveau et qui fait partie du patrimoine collectif de tous les exploités et humiliés du monde.
Mercredi 15 janvier 2014
Uni-es nous avons pu. Gamonal ne recule pas ! Tout le monde dehors
Des milliers de personnes, plus hier et qu’avant-hier, reviennent dans les rues, aujourd’hui mardi, en manifestant du chantier au commissariat pour exiger la liberté sans charges des arrêtés, puis au siège du journal du cacique pour finir dans le quartier.
Personne ne croit les paroles d’un farceur et d’une crapule comme le maire de Burgos, qui a pour unique intention de démobiliser la lutte et de mettre fin à la révolte pour pouvoir faire les travaux. Nous les avons arrêtés grâce à la mobilisation de tout un quartier. Conscient-es de cela toutes les mobilisations sont maintenues. Demain mercredi toutes et tous à 6:30 h. au chantier et que la police ne vienne pas nous jeter, à 12:00 h. assemblée et à 19:00 h. tous dans la rue. La grève indéfinie des étudiant-es continue jusqu’à ce que les travaux soient arrêtés définitivement, la liberté sans charges de tous les arrêtés et que la police quitte la ville.
Des fourgons d’anti-émeutes sont entrés dans la zone du chantier clairement pour provoquer les gens en train de manifester. Malgré tout, les manifestant-es ont réussi à réoccuper la zone en encerclant les fourgons. Pendant plusieurs heures, il y a eu des moments d’intense tension au milieu des cris et des chants pour exiger que les anti-émeutes partent de la ville. C’est ça leur prétendue trêve ? créer un état policier ? Les en ont marre et chaque jour viennent plus de personnes que la veille. Cela fait 70 ans que nous sommes gouvernés par cette bande de fascistes omnipotents, nous ne nous rendrons jamais et ils ne réussiront pas à nous mettre dans des fosses comme nos grands-parents en 1936.
A tous les gens d’autres villes et villages, ne croyez pas les mensonges des moyens de désinformation de la bourgeoisie, continuez les mobilisations et que s’étendent la révolte et la solidarité.
Gamonal pas de recul ! Anti-émeutes hors de Burgos !
Mercredi 15 janvier 2014
La lutte continue malgré l’“arrêt” du projet
(…) L’assemblée de midi du mercredi a été animée et a convoqué une grande manifestation pour ce soir à 19:00 h. qui ira jusqu’au commissariat comme d’habitude. Au début la commission anti répressive a pris la parole. Elle s’efforce de se mettre en contact avec les arrêtés et les proches des prisonniers, pour pouvoir réunir l’argent destiné à faire sortir les camarades. Ce matin la juge du tribunal nº 3 de Burgos a envoyé en prison quatre compañeros avec une caution de 3000 euros. Ils sont accusés de troubles à l’ordre public dans la nuit de lundi. A cela il faut ajouter les deux compañeros mis en prison avec la même caution et qui ont été arrêtés dans la nuit de dimanche. Si les cautions sont payées, ils pourront revenir au quartier. Pour toutes celles et ceux qui ont été arrêtés, qui avez un proche emprisonné, qui avez été témoin d’une arrestation, qui avez des photos ou des vidéos, venez à la zone et demandez la commission anti répression pour affronter le problème collectivement. Commission qui essaie de recouper le maximum d’arrêtés pour affronter leur procès.
Ensuite, les gens ont parlé de la nécessité de poursuivre la lutte sur tous les fronts de notre vie. La lutte contre le Boulevard a été une petite goutte qui a fait déborder le vase, de ras-le-bol, qui a mis sur la table la nécessité de s’auto-organiser pour se défendre contre la précarité sous toutes ses formes, commencer un processus de création de communauté de lutte en ouvrant des espaces de rencontre pour nous connaître et affronter les problèmes ensemble.
Pour demain jeudi l’assemblée de 12:00 h. et de 19:00 h. sont maintenues et il est possible qu’une manifestation soit convoquée à la plaza mayor pour le vendredi, qui coïncide avec le plénum de la mairie au sujet du boulevard. On pourra virer au maire ce que gamonal pense de lui.
Communiqué de l’assemblée de quartier de Gamonal
L’avalanche d’événements se poursuit à Gamonal dans un conflit avivé par intransigeance d’un conseil municipal ligoté par les intérêts spéculatifs des grandes entreprises de construction. Nous publions le communiqué que l’Assemblée de quartier contre le boulevard de la rue Vitoria a sorti ce matin même du mardi 14 janvier. L’état d’exception que nous avons vécu hier dans la quartier où sont venues des centaines d’unités anti-émeutes envoyées par le Ministère de l’Intérieur, n’a pas réussi à arrêter la mobilisation sociale qui croît inévitablement et commence à porter ses fruits face au totalitarisme institutionnel.
Ce qui s’est passé au cours de ces cinq jours de révoltes ne peut être expliqué avec des simplifications comme celles de la presse ou des mensonges comme ceux des institutions et de la mairie, mais avec des réalités et des vérités comme des poins.
C’est parti comme une protestation de quartier contre le projet de réalisation d’un boulevard dans la rue vitoria à Gamonal, ouvrage imposée de manière totalitaire et refusé depuis des mois par les habitant-es au cours de nombreuses mobilisations et manifestations. Mais cela s’est transformé en une expression du mécontentement généralisé.
Nous n’allons pas détailler les joyeusetés de ce projet, simplement avec un peu de bons sens, c’est d’évidence une tentative de plus, dans cette ville comme dans d’autres, de maintenir la spéculation urbaine et de promouvoir la corruption généralisée de la classe politique, en augmentant encore plus les bénéfices des classes dominantes face au peuple.
Dans ce cas, face à un quartier ouvrier, noyé sous les factures, les impôts, les amendes, les hypothèques à payer, les expulsions de logements et avec un nombre de chômeurs qui atteint à 18.000 personnes. Jusqu’à ce point rien de bien différent à ce qui se passe sur l’ensemble du territoire à cause de la fameuse crise où les différences sociales sont devenues abyssales. C’est porquoi ce qui s’est passé au cours de ces journées n’est pas que le rejet de tout un peuple contre un projet de spéculation urbaine qui coutera au quartier en parking, en circulation plus 8 millions d’euros, desquels aucun habitant-e ne tirera aucun bénéfice, seulement les années qui condamneront des générations et des générations à payer des œuvres pharaoniques et à engraisser les comptes d’entrepreneurs et de politiques corrompus. Le rejet implique beaucoup d’autres choses encore, c’est l’expression de rage collective, la rage des jeunes qui ne voient aucun futur dans ces conditions, des plus âgés qui se sont rendus compte avec tristesse que tous les supposés droits qui ont couté tant de sueur et de sang, sont partis à la dérive en moins de 6 ans, et surtout de la prépotence et de l’intolérance du pouvoir qui domine et impose, sans écouter rien ni personne. Ils font les lois, blindent la démocratie pour préserver leurs privilèges. Et en réalité s’il n’y avait pas eu les incidents de vendredi dernier, jamais personne ne nous aurait écouté. La paix sociale, c’est eux qui l’ont brisée et pas les jeunes violents encagoulés comme certains aimeraient nous le faire croire, dans le quartier nous savons tous ce qui se passe, nous sommes unis, nous n’avons pas peur de faire face.
La violence c’est remplir la ville de policiers, si on peut les appeler ainsi et pas mercenaires, qui frappent nos enfants et nos voisin-es, arrêtant déjà 47 personnes, provoquant des coupures d’électricité et de téléphone dans certaines maisons, en raflant et en fouillant. Le samedi, ils ont lancé une trentaine de balles en caoutchouc, blessant sérieusement des habitant-es qui ont à peine été mentionnés. On ne parle que des attaques contre les corps de sécurité, alors que la violence et la situation est disproportionnée. A son tour, l’appareil répressif de l’Etat n’a pas hésité à appliquer des peines exemplaires à toutes celles et ceux qui montrent n’importe quel sorte de non conformisme, le projet de loi de sécurité citoyenne présenté récemment par le gouvernement rend bien compte des intentions de l’Etat qui se fait appeler démocratique, mais en vérité si c’est ça la démocratie, nous n’en voulons pas. En son nom se justifient tous types d’atrocités, entre autre les jeunes du quartier et pas de la kaleborroka ou d’ailleurs comme certains continuent à le soutenir, envoyés hier en prison préventive.
La lutte doit continuer et les révoltes s’étendre à d’autres villes de du pays et, pourquoi pas, du monde. Le mécontentement de ces jours n’est pas uniquement dû aux travaux du boulevard, il y a beaucoup d’autres motifs, la lutte est pour une vie digne, pour nos droits et pour préserver et donner du sens au mot LIBERTE.
Des squats dans la péninsule Ibérique:
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/groups/country/ES/squated/squat
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC/squated/squat
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XE/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, squats, athénées) dans la péninsule Ibérique:
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/groups/country/ES
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XC
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/groups/country/XE
Des événements dans la péninsule Ibérique:
État espagnol: https://radar.squat.net/fr/events/country/ES
Catalogne: https://radar.squat.net/fr/events/country/XC
Pays Basque: https://radar.squat.net/fr/events/country/XE
Publié sur http://cettesemaine.free.fr/article.php3?id_article=6543