Calais: Expulsion remise au lendemain? Occupation de Salam, manifestation samedi

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Calais: Des exilés occupent le lieu de distribution des repas

Les discussions avaient commencé samedi après-midi entre exilés et associations, puis s’étaient poursuivies dans les campements : que faire et comment réagir aux expulsions annoncées ?
Peu-à-peu les exilés se sont mis d’accord sur l’idée d’occuper un lieu pour revendiquer des conditions dignes d’accueil, puis leur choix s’est porté sur le lieu de distribution des repas.
Cette nuit, deux cents habitants des trois campements menacés d’expulsion sont venus s’installer sur le lieu. Pour l’instant, la plupart dorment. La journée sera peut-être longue. On ne sait pas comment vont réagis les autorités.

 2014-05-27_Calais_occupation_de_Salam_[Publié le 27 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]

Manifestation Samedi 31 Mai

L’appel a commencé à circuler par e-mail et a été repris par Calais Ouverture et Humanité :

Rassemblement contre les mesures violentes et inutiles
Samedi 31 mai à 14h place d’Armes

« Il va de soi qu’une telle décision ne relève pas du seul préfet du département. Elle bénéficie nécessairement de l’aval du nouveau ministre de l’Intérieur. Bernard Cazeneuve entend sans doute ainsi s’inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs, célèbres pour avoir manié le bâton contre les étrangères et les étrangers du Calaisis : entre autres, Nicolas Sarkozy avec sa fermeture de Sangatte en 2002, et Eric Besson avec son évacuation théâtrale et musclée de la « jungle des Pashtouns » en 2009.
Les ministres changent. Leur politique stérile de la violence perdure.

Cette décision, qui prend donc prétexte d’une épidémie de gale, fait suite, en réalité, à la pression de la maire de Calais pour qui les camps où s’abritent les migrants donneraient une mauvaise image de la ville.
Natacha Bouchart a raison : ces camps d’infortune font la honte de la ville, de la France et de l’Europe, qui se refusent à accueillir dignement des personnes qui ont fui des pays en guerre. Leur insalubrité comme leur indignité devraient conduire à se féliciter de leur disparition si l’administration imaginait des alternatives décentes.

Nous, citoyens, réclamons que la municipalité de Calais, la communauté d’agglomération du Calaisis et l’Etat travaillent en concertation avec les associations afin de mettre en place avant la fin de l’année des mesures d’encadrement, d’hébergement et de soins pour les populations migrantes.

Ce rassemblement concerne tous les calaisiens. Nous ne voulons plus de cette situation honteuse, indigne qui fait de notre ville un no man’s land humanitaire.

Venez nombreux. »

[Publié le 26 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]

2014-05-18_Calais_campement_bassin_BatellerieExpulsions à Calais: l’improvisation continue

Mercredi dernier, le préfet du Pas-de-Calais organisait une conférence de presse pour annoncer l’évacuation de trois campements d’exilés. Peu-à-peu l’information se précise, et la date, demain mardi 27 mai au matin (6h bassin de la Batellerie, 8h rue Lamy).

Ce matin lundi, quelques journalistes obtiennent l’information que l’évacuation aurait lieu finalement mercredi. Puis silence le reste de la journée, la préfecture ne donne plus d’information et ne confirme rien. En prenant des contacts à droite et à gauche, on apprend que l’équipe salariée qui doit accueillir les mineurs à Olhain ne sera mobilisée qu’à partir de mercredi, que les personnels soignants qui doivent distribuer les traitements contre la gale la veille de l’expulsion le sont demain soir mardi, que les douches qui doivent être proposées le jour de l’expulsion le seront mercredi. De fait, le traitement qui devait être proposé ce soir lors de la distribution de repas ne l’a pas été.

Il semble donc que l’expulsion doive avoir lieu mercredi 28 mai au matin.

Et en attendant, la question que posent tous les exilés « et après je vais dormir où ? », n’a toujours pas trouvé de réponse.

[Publié le 26 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]

2014-05-18_Calais_campement_bassin_Batellerie_Campements de Calais: Ce qui aurait pu être fait

Les expulsions de squats et de campements se succèdent et se ressemblent, depuis la fermeture du Centre de Sangatte en 2002. Mais il aurait été possible – et il est toujours possible – de faire autrement.

La circulaire du 26 août 2012 sur les évacuations de campements précise : « Dans les situations dans lesquelles une évacuation d’urgence n’est pas engagée, le délai entre l’installation des personnes, la décision de justice et l’octroi du concours de la force publique doit être mis à profit, pour engager, dès l’installation du campement, et chaque fois que les circonstances locales le permettent, un travail coopératif afin de dégager pour les personnes présentes dans ces campements des solutions alternatives.

C’est donc dès octobre 2013 pour les campements de la rue Lamy et de la place Henri Barbusse, et dès novembre 2013 pour le campement du bassin de la Batellerie, que l’État aurait dû engager la concertation et rechercher des solutions. Là, l’État a été interpelé pendant deux mois par les associations à propos de l’augmentation du nombre de mineurs, de la gale et de la dégradation des conditions générales, et réagit dans l’urgence et sans apporter de solution.

Les préfets ont également reçu pour instruction dès 2012 de recenser les logements vides en vue de leur réquisition éventuelle pour loger les sans-abri. Le préfet a donc eu le temps de localiser les 500 logements vides de l’OPH, ceux propriété de la mairie de Calais, ainsi que les autres bâtiments vides appartenant à des institutions diverses, au bénéfice des Calaisiens sans logis ou habitant un logement insalubre, comme des exilés.

Le conseil régional ayant dès le début affiché qu’il ne souhaitait pas l’expulsion, il aurait pu dès l’automne engager le dialogue avec les associations pour améliorer les conditions de vie (ramassage des déchets, accès à l’eau, toilettes), et interpeler le préfet sur le relogement des personnes et la résorption de ces bidonvilles. Dans l’urgence, il peut encore proposer un terrain où installer un camp de réfugié en attendant des solutions plus pérennes.

Le traitement de la gale aurait dû être précédé d’un diagnostic lieu par lieu, et l’opération pour être un succès aurait dû se dérouler dans un climat de sérénité et de confiance – donc pas dans le cadre d’une expulsion.

De même qu’elles dispersent les personnes atteintes de la gale, les autorités éclatent les problèmes sans les résoudre.

Il aurait été possible dès l’installation des campements de mettre en place une démarche progressive pour créer des conditions dignes d’accueil. À défaut et dans l’urgence, il reste la possibilité de trouver un ou des terrains pour une installation provisoire avec un minimum de conditions d’hygiènes mises en place.

Il ne serait pas trop tard pour changer d’orientation et passer à une option plus constructive que l’expulsion sans solution. peut-être le gouvernement s’est-il dit au cours de sa réunion de crise qu’en résolvant les problèmes plutôt que les aggraver, il pourrait regagner de la confiance plutôt qu’en perdre.

[Publié le 26 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]