L’opération « Sauvons les migrant.e.s de Calais » est en cours

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L’opération « Sauvons les migrant.e.s de Calais », commandée par le gouvernement français a enfin commencé. Elle consiste en plusieures étapes, avec des « solutions » différentes pour différentes catégories de migrant.e.s.
En gros il s’agirait d’un problème de santé publique. Les migrant.e.s vivent dans des camps insalubres, et sont touché.e.s par une épidémie de gale. Du coup :

  • hier soir (mardi 27/05), à la distribution de bouffe, une pillule a été distribuée aux migrant.e.s touché.e.s par la gale. C’était sur base volontaire. Les autorités estiment à 200 le nombre de migrant.e.s infecté.e.s. 92 ont pris la pillule hier soir.
  • aujourd’hui les migrant.e.s qui ont pris la pillule seront évacué.e.s en bus pour aller prendre une douche et recevoir des nouveaux vêtements, peut-être aussi une couverture. 4 bus sont sur place et restent vides, personne ne veut partir aux douches.
  • entre-temps les camps insalubres et infectés par la gale seront détruites. Et c’est pour ça que les migrant.e.s ne veulent pas prendre les bus et aller prendre leur douche.
  • dans deux semaines il faudra que les migrant.e.s qui ont pris la pillule, ont pris la douche, ont reçu des nouveaux vêtements et une couverture, reprennent encore une pillule pour être libéré.e de la gale.

La question est bien sûr : s’il n’y a plus de camps, où est-ce que les migrant.e.s vont aller ? Pour les autorités il y a trois catégories :

  • les mineurs seront reçu dans un camp de vacances à 100 km. de Calais. Là elles/ils pourront rester 5 jours.
  • les demandeurs d’asile iront vers un accueil de demandeurs d’asile, un peu partout en France. Elles/ils avaient déjà droit à un accueil, c’est juste que le gouvernement français ne remplit pas ses obligations. Des 60.000 demandeurs d’asile en France, seulement un tier est offert un foyer.
  • les autres vont miraculeusement disparaître

Ce qui est clair pour tout le monde : cela ne peut pas marcher. Et quand je dis tout le monde je parle des militant.e.s et associations sur le terrain, jusqu’aux autorités locales et régionales, et le premier ministre français qui suit le dossier personnellement. La gale qui se trouve aujourd’hui dans les trois camps ne va pas disparaître, mais sera répendue sur tout le Calaisis et plus loin.

En fait il ne s’agit pas de protéger la santé publique, le but est de faire disparaître les camps des migrant.e.s. Et la « disparition miraculeuse » des migrant.e.s sera réalisé par une répression soutenue et violente pour qu’elles/ils n’osent plus se montrer à Calais.
Sauf que le miracle ne va pas marcher, la grande vague de déstruction des « jungles » en septembre 2009 et la répression violente n’ont pas fait disparaître les migrant.e.s de Calais…

Depuis la nuit de lundi sur mardi, des migrant.e.s occupent le lieu de distribution de nourriture. Elles/ils revendiquent un terrain pour reconstruire un camp.
S’il y avait eu une solution, càd. un camp « propre » à investir ou à construire, beaucoup auraient accepté.e.s le traitement contre la gale. Il ne faut pas oublier que la démangeaison causée par la gale est terrible. Les gens infectés n’arrêtent pas de se gratter, souvent avec des plaies et des infections en conséquence.

Pour l’instant les flics ont encerclés le lieu de distribution, fouillent le camp pour voir s’il y a des migrant.e.s qui restent. Beaucoup de soutien autour.

La fête peut commencer !

carte_salam_camp_rue_lamy

Sur l’image :
deux des trois camps détruits
en rouge la clôture autour du lieu de distribution
en noir les deux entrées du lieu de distribution

 

[publié le 28 mai sur Indymedia Bruxelles]

Commentaires de l’article:

28 mai 08:34 – La fête a effectivement commencé. Les Gardes Mobiles (=robocops) ont essaié de forcer la clôture côté Rue de Moscou. C’était chaud, mais les occupant.e.s sont chaud.e.s aussi. Le directeur du DDCS, en charge de l’opération, est rentré seul de l’autre côté, par l’entrée Rue Lamy. Pour l’instant il négocie avec les occupant.e.s.

28 mai 10:40 – Le directeur du DDCS est parti voir le préfet. Il va lui proposer que les occupant.e.s restent encore sur le lieu de distribution jusque demain. Il demanderait aussi un terrain, mais ce n’est pas très clair. Donc on attend son retour.

28 mai 12:45 – L’État français propose aux migrant.e.s de squatter un terrain. Le directeur du DDCS est revenu avec la réponse des autorités. Les occupant.e.s peuvent rester sur le lieu de distribution au moins jusqu’à demain. Et elles/ils sont invité.e.s de trouver un terrain pour s’installer. À 15h le prefet fera une conférence de presse, je pense qu’on va rigoler.