Galway (Irlande) – Expulsion sans expulsion

Il y a environ deux semaines, des squatteureuses ont investi une bâtisse abandonnée, afin de s’y installer. Le 11 février 2015, alors que nous étions trois personnes à l’intérieur, en train de réinstaller l’électricité, de ranger le garage, ou de bricoler la plomberie, deux keufs ont frappé et ont demandé à ce que la porte soit ouverte, ce que nous avons évidemment refusé. Après dix minutes de négociations infructueuses, A. est sorti, et a expliqué la situation aux keufs.
Trente minutes plus tard, nous étions en cellule, au commissariat.
Mais la maison, elle, n’a pas vraiment été vidée, et les squatteureuses comptent bien se l’approprier!

Alors que B. et moi étions dans le jardin, à trier le bordel d’un appenti (dans lequel nous avons trouvé, entre autres, deux squelettes de chats!), nous avons entendu des voix un peu brusques à l’autre bout de la maison, de l’autre côté de la porte. A. tentait la discussion, alors que les keufs menaçaient de fracasser la porte. En Irlande, pas de délai de 48h après lequel les flics ne peuvent en théorie pas bourriner, mais plutôt, tant qu’ils n’arrivent pas à rentrer, tout va bien (jusqu’à ce que le proprio porte plainte et tout…). Nous avons essayé la communication par la fenêtre, mais rien à faire, si on n’ouvrait pas, ils allaient forcer la porte.
A. a donc décidé de prendre le risque, et est sorti. Il a essayé d’expliquer pourquoi nous étions là, pourquoi les flics n’avaient pas à essayer de rentrer de force, qu’ils devaient prouver qu’on était en tort (avec le/la proprio) avant de nous faire chier.
Seulement voilà, quelques minutes après que A. soit sorti, cinq autres « cops » sont sortis de nulle part, et ont commencé à l’emmerder, à lui prendre son téléphone et son portefeuille, à chercher de la drogue dedans (A. ne prend absolument aucune drogue, vous imaginez comme il a pu trouver ça ridicule). Alors A. l’a arraché des mains du flic, afin de me le lancer par la fenêtre, mais n’étant pas très bon viseur, c’est passé à deux mètres du mur (et mes bras ne sont pas si longs)… Les flics lui ont alors sauté dessus, clef de bras, menottes, taper la tête sur le sol, tout ça. Bien sympa quoi. Ils l’ont ensuite enfermé dans leur camion-cage.
Après ça, de la fenêtre, on a vu un type sortir de la maison !!! On s’est rendu compte qu’un flic était passé par le jardin, était entré dans la maison, et avait ouvert la porte de l’intérieur afin de faire rentrer ses copains, et de nous arrêter.
Ils ont posé plein de questions, auxquelles nous n’avons pas répondu grand-chose, ils ont allumé l’ordinateur de A., qui n’était pas verrouillé, et ont commencé à jouer avec, seulement, se retrouvant face à un terminal linux, ils ont vite abandonné…
Les keufs nous ont finalement demandé de faire nos affaires, de prendre tout ce qu’on voulait, et nous ont mis en état d’arrestation, tranquillement, mais surement.

Dans le camion-cage qui nous emmenait au comico, on s’est auto-briefés sur « je n’ai rien à déclarer » (enfin, « no comment »), et on s’est calés sur deux-trois détails, puis on a été accueillis, on s’est fait vider nos poches, engueuler parce qu’on s’auto rappelait de ne rien dire, puis mettre en cellule.

On en est ressorti environ 4 heures après, et sommes poursuivis pour « trespassing », autrement dit « violation de propriété privée », et passons en procès le 18. Il est probable que je ne sois pas en Irlande à ce moment, donc les juges se débrouilleront sans moi !

Petit détail d’importance, en partant, les flics ont laissé la porte de la maison grande ouverte (oui oui!!). D., qui était partie faire un tour pendant tout ce bordel, est retournée dedans, et a bien refermé en partant :)

FUCK THE POLICE !
I’LL SQUAT YOUR GAFF !