Voici un texte cosigné par RESF et des associations grenobloises suite à l’expulsion d’un squat et à l’occupation d’un terrain dans les jours qui ont suivi. Bien qu’il soit difficile de souscrire à l’arsenal revendicatif final du texte (doit-on attendre de l’Etat qu’il nous offre un droit au logement, qu’il réquisitionne – puisque la réquisition est une mesure légale – qu’il offre des logements qu’il juge dignes et pérennes , doit-on accepter les expulsions suivies de propositions de relogements ? à ce propos on peut lire Contre les propriétaires et le capital, guerre sans merci !), le communiqué de soutien d’associations locales en lutte a le mérite de marquer la solidarité, de dénoncer la collusion des administrations d’accompagnement social et des visées policières .
Fontaine : expulsion du squat Joliot-Curie, occupation du terrain au 4 rue Pierre Courtade
12 juillet 2015, communiqué suite à l’occupation du terrain au 4 rue Pierre Courtade à Fontaine
Les collectifs RESF de St-Martin-le-Vinoux, St-Egrève et Fontaine, Patate Chaude et Hébergement-Logement, soutiennent l’occupation du terrain appartenant à l’Etablissement Public Foncier Local (la Métro) situé au 4 rue Pierre Courtade à Fontaine.
Le 9 juillet, les familles encore présentes au squat du 143 boulevard Joliot-Curie de Fontaine – qu’une soixantaine de personnes occupaient depuis plus d’un an – ont été expulsées. Certaines de ces familles sont sur l’agglomération depuis plus de 8 ans et ont connu de multiples expulsions.
Une fois encore, les pouvoirs publics (Etat, Ville de Fontaine, Conseil Départemental) ont conjointement choisi d’appliquer une politique qui expulse à tout va, se déchargeant mutuellement de leurs responsabilités (en renvoyant les personnes en Roumanie, on soulage les institutions de leurs obligations quant à la protection sociale des populations). Une tente a été placée au portail de la maison pour que les agents de la préfecture puissent examiner la situation administrative de chacun.e et distribuer des OQTF. Le partage d’informations entre collectivités et Préfecture, et notamment la communication des diagnostics sociaux réalisés par le CCAS (au nom d’un travail d’insertion…) permet entre autres d’associer les expulsions des lieux aux expulsions du territoire.
33 personnes dont 12 enfants étaient présentes lors de cette expulsion. 10 personnes se sont vu remettre des OQTF à 30 jours. 2 familles, vont bénéficier de quelques nuits d’hôtel et sont emmenées par des bus affrétés par le CCAS ; une famille, qui devrait intégrer un appartement dans le cadre du dispositif MOUS1, est logée temporairement dans un appartement. 16 adultes et 7 enfants ont été remis à la rue, laissés sur le trottoir avec les affaires qu’ils pouvaient porter et que la police les a laissées prendre.
Qui peut imaginer que ces personnes vont disparaître du paysage ? Les pouvoirs publics semblent l’espérer…
Sans aucune autre solution, toutes les personnes expulsées ont rejoint le terrain du 4 rue Pierre Courtade à Fontaine occupé depuis mardi, suivies par des membres des collectifs RESF St-Martin-Le-Vinoux/St-Egrève et Fontaine, La Patate chaude et Hébergement/Logement venu.e.s les soutenir.
La solidarité n’a pas tardé à s’organiser, se substituant une fois encore aux obligations de protection de ses habitants pour le maire, de protection de l’enfance pour le Conseil Départemental, d’inconditionnalité de l’hébergement pour l’Etat… Chacune de ces institutions construit son propre discours pour justifier de son désengagement. Protégeant ici ou là quelques familles de manière aléatoire, elles abandonnent ainsi une véritable politique sociale au profit du bon vouloir charitable, de l’arbitraire et des impératifs médiatiques.
Jeter des gens sur le trottoir parce qu’ils sont roms, migrants, pauvres ou « non intégrables » en les rendant responsables de leur misère devient la réalité communément admise, partagée et défendue, toutes tendances politiques confondues. C’est ainsi que l’on construit des catégories d’individus déshumanisés qu’on peut en toute bonne conscience priver de l’accès au droit commun.
Cette logique des pouvoirs publics laisse à penser que les « riverains » sont dans leur bon droit quand ils mettent en balance leur tranquillité avec l’accès aux droits élémentaires des plus précaires, développant ainsi une idéologie fascisante alors même que les politiques s’en défendent.
Il y a pourtant de la place pour tout le monde. C’est une question de choix politique et de répartition des richesses.
Un toit, c’est un droit.
Pas d’expulsion sans relogement.
Réquisition de bâtiments et terrains vides.
Respect des droits fondamentaux des occupant-e-s de terrains et maisons vides dans l’attente de solutions de relogement dignes et pérennes.
Nous appelons les organisations à venir rencontrer les habitant-e-s du terrain, au 4 rue Pierre Courtade, en face du parking du Géant Casino Fontaine, afin d’apporter leur soutien politique et logistique le plus rapidement possible.
Contacts :
Pour les médias : 07 55 70 39 31
Pour les associations : 07 83 03 57 28, 06 10 89 07 95, 07 81 87 23 43
Collectifs RESF Fontaine/St-Martin-Le-Vinoux /St-Egrève, La Patate Chaude, Hébergement-Logement.
Journal_de_bord_occupation_4_rue_P_courtade.odt
[Publié le 16 juillet 2015 sur Sous la Cendre, repris d’un article publié sur Indymedia-Grenoble trois jours avant.]