Berlin: nos idées ne sont pas négociables

Dans le cadre de la comparution en cour de Justice le 14 mai prochain, en vue de l’expulsion du rez-de-chaussée du R94, et après les journées de discussion et du chaos au sein de R94 et ailleurs, nous entrerons dans un nouvel épisode de procédure.
La demande d’expulsion a été émise par la société écran «Lafone Investment Limite», propriétaire de l’immeuble depuis 2014, au nom de Mark Robert Burton (son 3e directeur depuis l’achat).
La société sera défendue par l’avocat Markus Bernau, spécialisé en affaires routières et circulation.

En cours

Le 14 mai à 9h00 s’ouvriront les portes de la Cour pour imposer le droit allemand.
Toutes les discussions et décisions qui seront prises ce jour-là feront référence aux paragraphes et articles de loi créés pour soutenir le système capitaliste et défendre l’idée de la Propriété comme valeur centrale de la vie.

Évidemment, Justice, Sénat et propriétaire tenteront tout pour sortir de la Cour avec un titre d’expulsion. Une société écran essayera de réclamer la propriété de pierres posées les unes sur les autres, et voudra gagner le droit d’envahir nos espaces, accompagnée par des chiens enragés en uniforme, pour nous l’arracher des mains.

Ils penseront alors tous partir de la Cour en vainqueurs

Assis de l’autre côté de la barre, nous ne nous attendons pas à une quelconque sorte de «Justice».
Car ceux qui continuent de penser, malgré les évidences, malgré l’oppression violente quotidienne, que sous le Capitalisme, la Liberté et la Dignité humaine restent des principes importants, ferment les yeux, ignorent la réalité et demeurent soumis.es aux Autorités.

Il devrait être évident, pour chacun.e d’entre nous, que nos idées ne sont pas négociables à la barre.
Certes il s’agit de notre maison, de nos infrastructures, d’un lieu de convergence, de la Kadterschmiede et du club de jeunesse autogéré. Mais ce qui définit ces espaces, ce sont les idées que nous défendons, ici ou ailleurs et là on ne chasse pas après une part du gâteau, on veut toute la patisserie, il n’y a pas de compromission possible. C’est prendre une position offensive envers la question «à qui est accordé le pouvoir de décision sur la vie d’autrui, que ce soit par la Propriété, la matraque en main, le Droit et la Loi».

Ici, dans la ville capitaliste, nous luttons pour une vie autonome et une solidarité mutuelle, contre le déplacement, l’individualisation, contre la pression sociale de devoir travailler et consommer.
Nous voulons co-organiser et faire partie de la Résistance contre la gentrification et le contrôle étatique, et aider à faire avancer les nombreuses luttes dans cette ville.

Revenons en arrière

Pendant les trois semaines du siège de la maison, durant l’été 2016, après l’expulsion de l’ensemble du rez-de-chaussée le 22 juin, en dehors du harcèlement et de la violence menés par les parties adverses, nous avons été soutenu.e.s et avons ressenti une forte solidarité de toutes parts, et sous différentes formes. Ces actions solidaires ont renforcé nos convictions et nos actes.

Ces semaines nous ont démontré que la Solidarité devient une force importante non pas par la pitié, mais bien parce que l’expression de ces idées portées et soutenues à l’extérieur renforcent la motivation de chacun.e à entrer en conflit.

Après des moments offensifs émouvants dans les rues, les flics ont finalement quitté les lieux, à la suite de la décision de justice du 13 juillet 2016, dénonçant la non-conformité du processus d’éviction.

Un jour plus tard nous avons ré-investi nos espaces et avons ouvert la Kadterschmiede pour vous.

Un nouveau tour

C’est donc parti pour un nouveau tour, le jour suivant les quatre jours de discussion et de chaos, ici à RigaerStraße et à d’autres endroits à Berlin.

Représentée par l’avocat Markus Bernau, spécialisé en «affaires routières et circulation», le propriétaire douteux, la société écran «Lafone Investment Limited», dont Mark Robert Burton est le 3e Président depuis l’achat de la maison en 2014, a déposé auprès de la Cour allemande, une demande d’expulsion.
S’ils obtiennent ce jour-là l’autorisation de nous déloger, les flics pourront alors venir dans les semaines qui suivent pour attaquer notre maison.
Que ce soit initié par le propriétaire ou par les têtes de la flicaille, c’est sans importance.
Mais nous ne laisserons aucune attaque sur des structures autonomes, aucune intrusion de ces asticots dans notre maison, sans réponse.

Ainsi, il n’y a pas de temps de paix où nous pouvons nous reposer et prendre notre retraite.
Utilisons les journées de discussion et du chaos du 10-13 mai pour partager nos luttes et nos perspectives, apprendre les un.e.s des autres, briser les structures en croûte dans cette ville et se rassembler.

L’oppression et l’ordre capitaliste sont quotidiens, notre résistance aussi.

De différents endroits, nous percevons les appels à la confrontation. Discutons des réponses possibles mais surtout de notre antagonisme quotidien avec les conditions qui prévalent, car une réponse n’est pas seulement une réaction, pas seulement un bref moment, mais doit être permanente.

N’abandonnez jamais, ne vous abandonnez jamais !
Notre rez-de-chaussée est et reste occupé!
Amour et force à nos deux prisonniers du 29 mars !

Rigaer 94


Chronique Lafone vs. Rigaer94

Décembre 2014: achat de la maison par Lafone Investment Limited, société écran basée aux îles Vierges britanniques, directeur général: John Dewhurst.

22 juin 2016: évacuation du rez-de-chaussée par 300 flics, travailleurs et agent de sécurité, début du siège de trois semaines et de nombreuses activités quotidiennes et nocturnes.

Jugement par défaut le 13 juillet 2016 devant le Landgericht Berlin. André Tessmer, avocat de Lafone n’apparaît pas, locaux retournés au club…

2 février 2017: confirmation du jugement par défaut devant le Landgericht Berlin, Lafone est sans directeur depuis le 7 août 2016, J. Dewhurst ayant démissionné, l’avocat Markus Bernau ne peut exercer au nom de Lafone.

29 juin 2017: Lafone est inapte à poursuivre son procès – reporté – en raison de la mort subite, au mois de mai, du chauffeur de bus (et directeur) Colin Francis John Guille des îles Sark.

22 août 2017: Mark Robert Burton reprend le poste de directeur. Il est également gérant prête-nom de trois autres sociétés fictives au Consett Business Park, dans le nord de l’Angleterre.