Grenoble: à propos de nuisances sonores et de l’annulation de la soirée de l’Engrenage le 15 décembre au 38

Bataille du trône des Verts : spin-off
#Leslieuxfermentetlavilledevientdeplusenpluschiante

Nous ne sommes pas sans savoir que le 38-Centre Social Tchoukar est accusé d’un certain nombre de nuisances sonores et autres troubles.

Plusieurs fois ces derniers temps nous avons été contactés par divers médias pour parler de ce que l’on peut appeler des soucis de voisinages. Toujours nous avons répondu. Avec sincérité, la ligne défendue était de re-situer le contexte.

Le Centre Social Tchoukar [ou 38] possède une cour intérieure, un balcon extérieur et plusieurs étages. L’utilité antérieure n’était assurément pas d’être un espace d’activités diverses et variées, et encore moins un espace de logement. L’architecture étant ce qu’elle est, cela ne manque pas de créer des situations délicates vis-à-vis du voisinage. Nous, personnes du collectif du 38, avons conscience que la promiscuité de ce « pâté de maison » nous donne une place à ciel ouvert juste au bord des logements des résidents des rues Marx Dormoy, d’Alembert, commandant Debelle et le cours Berriat. Nous ne pouvons ainsi que reconnaître les éclats de voix, le nombre important de personnes qui s’arrêtent, discutent en groupe, écoutent de la musique sur des enceintes, voire font du bricolage, des répétitions de théâtre ou autres activités clownesques qui traversent ces murs et les débordent.

Sans vouloir minimiser ce qui a pu se passer, ni ce qui se passe, nous ne pouvons rester impassibles face à une déferlante surréaliste, hallucinante et absurde de propos tenus par des personnes du voisinage, relayés et amplifiés par des médias locaux et nationaux. La violence et la répétition de ces dires nous fait penser qu’il n’est pas possible de réduire ce débat à un simple conflit de voisinage, dont nous serions les principaux coupables et les habitants des immeubles adjacents nos victimes.

Une personne du voisinage nous accuse d’organiser une à deux fois par semaine des concerts et projections plein air dans la cour intérieure, alors même que ces activités-là n’ont pas eu lieu depuis deux ans et demi à cet endroit. Par ailleurs, les différentes interventions médiatiques de cette personne se montrent bien souvent contradictoires les unes avec les autres. L’affirmation publique de tels propos mensongers nous amène à y déceler des intentions de nous nuire. Car comment pouvons-nous considérer autrement cet incessant harcèlement de la part de ce collectif « anti-squat » ? Lettres à la police, aux voisinages, menaces dans la rue avec ou sans armes, atteinte aux bâtiments, violations du portail et agressions verbales des personnes résidentes et présentes, arrachages réguliers de l’affichage, destruction de notre communication publique, harcèlement photographique…

Oui, ce lieu est dérangeant pour ces personnes mais pas comme elles semblent le répéter en long en large et en travers dans les médias. C’est toutes les formes d’organisations quotidiennes et ce qui se trame au 38 qui semblent inspirer le dérangement. Ces incessants « tapages diurnes ou nocturnes » dont ce collectif s’insurge nous semblent bien peu de choses face au mépris et autres situations conflictuelles voire violentes que nous récoltons quotidiennement. A les entendre se plaindre dans les médias, des « réunions politiques », « d’anarcho-libertaires zadistes du 38 » et des « ateliers de toutes sortes », nous avons l’impression que c’est plutôt le cœur politique du projet du 38 qui semble être un problème, les empêchant de « vouloir vivre normalement ».

Nous tenons à rappeler ici que le projet politique du Centre Social Tchoukar, c’est de proposer un lieu d’entraide, de débrouille où l’on peut tisser des liens et de la solidarité dans la rencontre. C’est un lieu où les activités sont gratuites, ou l’on peut partager des moments, des savoirs et des pratiques librement, lors de moments festifs aussi, car la fête aussi fait partie de la culture des centres sociaux (cf. Lettre ouverte).

Néanmoins nous ne voulons pas rester sans rien faire, comme nous l’avons exprimé plusieurs fois nous sommes plutôt ouvert.es à en discuter avec toutes personnes le souhaitant. Afin d’éviter de continuer cette querelle de voisinage par médias interposés, nous avons entrepris depuis plusieurs jours de faire le tour du voisinage afin d’en discuter. Nous avons rencontré des personnes qui nous soutenaient et aussi des personnes qui étaient contre, ou qui pouvaient être dérangées à certains moments par notre présence. Cela nous a permis de prendre la « température » et de nous rendre compte de l’ambiance générale. A partir de cela nous allons voir comment il est possible de prendre en compte les différents retours que nous avons eu. D’agir en conséquence tout en gardant le cap et notre manière de faire.

Nous avons récemment appris l’annulation de la soirée prévue au 38 par nos ami.es de l’Engrenage, nous leurs souhaitons bonne continuation et à une prochaine, quant à nous nous y reviendrons ultérieurement à propos de ce renoncement.

[Publié le samedi 8 décembre 2018 sur Indymedia-Grenoble.]