Entre 100 et 150 migrants, dont des familles avec enfants, ont été évacués lundi dans la précipitation du squat St-Just à Marseille, où un incendie s’est déclaré au petit matin. Ouverts depuis fin 2018, les lieux étaient sous le coup d’une procédure d’expulsion.
« C’est très brutal, ça ne devait pas se passer comme ça. » Bénévoles et habitants du squat St-Just à Marseille sont sous le choc : un incendie s’est déclaré tôt, lundi 8 juin, alors qu’une procédure d’expulsion était en cours. « Le feu a pris au rez-de-chaussée au fond du couloir dans la pièce que l’on appelle ‘la chapelle’. Cette pièce servait au stockage de vêtements, chaussures, outils ou encore linge de maison et n’a jamais était habitée. Il y avait beaucoup de fumée, heureusement, personne n’est blessé », explique à InfoMigrants une bénévole du Collectif 59 St-Just, qui aide au fonctionnement du lieu depuis son ouverture en décembre 2018.
« Tout le monde est sorti en catastrophe, les gens ont eu peur », raconte pour sa part Nabil, un habitant du squat, joint par InfoMigrants, qui se dit simplement « soulagé » d’être encore en vie après cette grosse frayeur. Il vivait sur place depuis un an et demi, avec sa femme et ses quatre garçons âgés de quatre à onze ans, tous scolarisés à Marseille. Au total, entre 100 et 150 personnes étaient hébergées sur place.
Dans la matinée, des bus ont été affrétés afin de conduire les migrants dans deux gymnases du nord de Marseille. « On nous met là et on ne nous dit rien. J’ai demandé des informations mais personne ne nous répond. C’est mauvais signe, cela signifie sûrement que l’on va passer quelques nuits ici avant d’être mis dehors ou dans une chambre d’hôtel au mieux », s’inquiète Nabil. « On essaie de rassurer les enfants, mais ce n’est pas facile. »
Les bénévoles, de leur côté, se sont chargés de récupérer les effets personnels des habitants du squat ainsi que les réserves de nourriture et de produits de première nécessité. « Nous allons maintenant essayer de suivre au mieux toutes ces personnes dont certaines ont eu de gros problèmes d’accès à leurs droits ces derniers mois. On savait que la fin était proche, mais nous sommes tout de même pris au dépourvu », souligne la bénévole.
Moins d’une semaine avant l’incendie, le 2 juin, les habitants du squat avaient, en effet, reçu l’ordre de quitter les lieux émanant du Diocèse de Marseille, propriétaire du bâtiment, après des mois de bataille judiciaire. La missive précisait qu’un recours aux forces de police était envisageable pour évacuer les lieux « si nécessaire ». « Nous comptions saisir le juge d’exécution des peines qui aurait pu donner jusqu’à 36 mois de délais supplémentaires. On aurait pu gagner du temps pour mieux organiser les départs », regrette la même bénévole.
Une cinquantaine de mineurs non accompagnés qui vivaient au squat ont toutefois pu être pris en charge fin avril, après que le département a été sommé par la justice de les mettre à l’abri dans un délai de 15 jours. Certains ont été orientés vers des structures d’hébergement adaptées à Marseille et Arles, d’autres ont été placés à l’hôtel en attendant une meilleure solution.
Collectif 59 St-Just
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Texte de Anne-Diandra Louarn publié le 8 juin 2020 sur InfoMigrants https://www.infomigrants.net/fr/post/25240/marseille-la-fin-brutale-du-squat-st-just-evacue-apres-un-incendie