D’un coté, il y a ces maisons, ces places, ces terrains, ces friches industrielles qui sont désertes… Ces gens aussi qui désertent leurs boulots, leurs études, ou leurs solitudes. De l’autre, il y a cette foi en un système qui nous promet qu’il va bientôt réquisitionner les logements vides. Cette attente qui nous maintient, et nous isole, dans la gestion infinie de nos propres déroutes.
Aujourd’hui, « Thanks for the Future » se trouve à un croisement. En choisissant de vivre dans une enclave artistique et de vivre selon nos désirs et nos besoins, nous savions que nous paierions cher cette liberté… Nous
finissons l’année en état de siège.
Depuis 1999, les occupants successifs de cette maison ont dû faire face à de nombreuses procédures d’expulsion. Toutefois l’avalanche de plaintes et de mains courantes à l’égard de ses occupants, et de leurs soutiens, nous laisse peu d’espoir sur une quelconque sortie de crise, de ce conflit.
Les figures politiques et culturelles ont laissé entendre que nous étions des parasites, prêts à tout pour saboter le travail consciencieux et consensuel des artistes et de la mairie. À vrai dire… nous nous foutons éperdument de leur travail. Nous ne savons que trop bien à quoi mène ce genre de compromis.
Ce qui nous semble irréconciliable, et irréductible, c’est une certaine idée du bonheur, et de la mise en commun de celui-ci. Notre façon d’habiter le monde, et l’antagonisme auquel nous devons faire face, sont ceux d’une indiscipline, comme vecteur de ce qui ne peut consentir à se conformer, à s’uniformiser, à se mettre au pas.
« Thanks for the future » est un squat, une maison collective, par laquelle de nombreuses personnes s’agrègent et mettent en commun leurs ressources, leurs créativités. D’autres n’ont pas à se justifier de cette façon… Pourquoi y aurait-il de la place pour un opéra, mais pas pour une scène punk?… Pourquoi y aurait-il de la place pour des agents immobiliers, alors que personne ne peut se permettre d’acheter leurs maisons?… Pourquoi y a-t-il la place pour une friche artistique, mais pas pour un squat politique?
Le tribunal doit rendre son verdict le 24 janvier. Les artistes qui auront à subir le même sort, s’imaginent peut-être qu’ils seront récompensés par la mairie pour leur collaboration… Pour nous, il ne s’agit plus que d’une question de rapport de force. Les résistances qui s’organisent sont ce par quoi se révèle la nécessité qu’il
y ait des lieux, des îlots de liberté, dans lesquels nous puissions exister pleinement. Des lieux dans lesquels la dimension collective n’est pas une prison, mais un tremplin, une incitation à l’ensauvagement, à la rencontre et à la débauche.
Merci pour ce futur, mais on a déjà notre présent !
Bonne année et joyeux conflits en perspective.
Parce qu’ils s’invitent chez nous, et qu’ils viennent pour tout détruire…
Nous allons nous inviter à notre tour, dans leurs espaces…
thanksforthefuture[aŧ]yahoo[.]fr