Suite à la révolte du vendredi 14 février au centre de rétention de Vincennes, un feu d’artifice est tiré devant la prison pour étrangers. Deux détenus sont condamnés à deux mois ferme, accusés d’avoir jeté une porte sur les flics et l’un d’eux à deux mois de sursis supplémentaires pour avoir refusé de donner son ADN. Deux autres personnes sont écrouées, accusées d’avoir participé au feu d’artifice, puis d’avoir en garde à vue refusé de donner noms, empreintes, photos et ADN aux flics.
Mardi 25 février, une audience de remise en liberté s’est tenue pour ces dernier-e-s. Une vingtaine de compagnons étaient présents pour apporter du soutien aux deux incarcéré-e-s. La juge a décidé de les faire sortir après huit jours de taule et trois de garde à vue et dépôt avec le même contrôle judiciaire que leurs trois co-inculpé-e-s, interdiction d’entrer en contact et de quitter l’Ile-de-France.
Dans l’après-midi, certains compagnons présents sont suivis plus ou moins ostensiblement. Dans le métro, le bus, dans la rue, parfois avec un appareil photo… un flic a même pris le taxi. Dans la soirée, tandis que les deux fraîchement libéré-e-s sont à Fleury pour prendre leurs affaires, la surveillance est toujours plus visible. Une maison occupée, dans le 19e arrondissement de Paris est particulièrement ciblée.
Déterminé-e-s, un groupe de personnes solidaires décide de ne pas laisser les flics faire leur sale boulot tranquilles, et poursuit l’un d’eux dans la rue. “Sale flic”, “Tu le diras à tes collègues”, “Eh mais d’habitude quand on traite les gens de flics ils se retournent”, “Police dégage”, “Remets jamais plus les pieds dans le quartier t’es grillé”. Une partie du dispositif était apparente : alors qu’à quelques rues de là, cinq ou six flics complotaient, le groupe découvre une camionnette Citroën Jumpy blanche immatriculée 9420 XC 94, vingt mètres au dessus de la maison. Les vitres arrières sont voilées par une bâche noire qui semble bouger, et des signes de présence émanent de la voiture lorsque le joyeux groupe s’approche.
S’approchant encore, il entend distinctement un son électronique en fonctionnement, laissant penser qu’à l’intérieur de la voiture se trouve du matos d’écoute et d’enregistrement. Menaces, boucan dans le voisinage, secouage de voiture, le(s) flic(s) dedans a(ont) dû avoir un petit coup de stress et deux de ses(leurs) collègues débarquent en courant, l’un monte dans la camionnette, l’autre dans une voiture garée plus haut et tous deux partent sans demander leur reste.
Les semaines suivantes la surveillance n’a pas cessé (filatures, contrôles d’identité impromptus…). Qu’ils surveillent et répriment celles et ceux qui affichent de ne pas se plier aux lois et aux normes, qui décident d’apporter leur solidarité aux prisonnier-e-s mutin-e-s, qui refusent la résignation et se révoltent n’est pas étonnant. Cela n’empêchera pas les révolté-e-s de se battre, ici et maintenant, pour la liberté !
(Reçu par mail.)
[Publié le 25 mars 2014 sur le blog Sans papiers ni frontières.]