Ce lundi 23 juin, tandis que le Brésil affrontait le Cameroun pour disputer une place en huitièmes de finale, une manifestation contre les violences policières a rassemblé des centaines de personnes dans le quartier touristique de Copacabana à Rio de Janeiro. Intitulée “La fête dans les stades ne vaut pas les pleurs dans les favelas”, la manifestation était organisée par diverses associations d’habitant-e-s de différentes favelas afin de protester contre les crimes commis systématiquement par la Police Militaire dans les quartiers les plus pauvres. Le climat répressif et les violences policières, qui font déjà partie du quotidien des Brésilien-ne-s, ont redoublé d’intensité depuis le début du méga-évènement sportif.
Les manifestant-e-s ont tenu à rendre hommage aux victimes des crimes policiers et à rappeler le nom de certaines d’entre elles: Amarildo, maçon de la favela de la Roçinha arrêté et torturé à mort par la police en juillet 2013, les neuf habitants de la favela de la Maré tués par la police à la même époque en répression d’une manifestation populaire ou encore Claudia, trainée au sol par une voiture de la Police Militaire jusqu’à trouver la mort en mars dernier. Parmi les banderoles présentes, on pouvait en lire une disant « La Police qui réprime sur l’asphalte est la même qui tue dans les favelas », ou encore une autre, « Pour la fin des UPP » faisant allusion aux Unités de Police Pacificatrice installées dans les quartiers populaires ces dernières années pour y imposer une occupation policière permanente. Plusieurs autres manifestations avaient lieu le même jour dans le même quartier: l’une, intitulée « Fifa go home », contre l’organisation de la Coupe du Monde, une autre contre l’expulsion de la communauté du Horto ou encore une autre pour la libération d’un prisonnier politique. Toutes les manifestations se sont finalement rejointes, sous la surveillance d’un important dispositif policier. Un manifestant a été arrêté à la fin de la manifestation pour avoir refusé de donner sa banderole à un policier.
Depuis le début de la Coupe du Monde, cinq jeunes, ayant entre 13 et 25 ans, ont été tués par la Police Militaire dans différents endroits de la ville. Tous étaient pauvres et issus de favelas.
Ce mercredi 25 juin, un enfant de trois ans a été tué d’une balle de la police, pendant son sommeil, au cours d’une descente à Costa Barros, dans la zone nord de Rio. En réponse, les habitant-e-s de la communauté se sont révolté-e-s contre la présence policière. Des barricades ont été montées au travers de plusieurs rues, des voitures et bus ont été détruits. La voie ferrée du métro passant non loin de la communauté a également été investie par les manifestant-e-s et obstruée par des barricades. « Depuis le début de la Coupe du Monde, les policiers sont tout le temps là. Ils viennent à toute heure, et ça tire dans tous les sens » disait Elizabeth Gomes, tante de la victime. La police a réprimé les manifestant-e-s en utilisant de vraies munitions et deux personnes ont été bléssées par balle.
[Sources: Jornal do Brasil | O Globo.]