Alors que les éclats de colère se succèdent lors des distributions de logements sociaux à travers le pays (de nombreuses personnes en attente de logements sociaux depuis des années se sentant lésées en se voyant reléguées à « plus tard » à chaque fois), les ouvertures de squats semblent une alternative à l’attente d’une décision favorable en provenance des autorités…
Évidemment, cela n’est pas vraiment du goût des autorités en question, qui en Algérie comme ailleurs apprécient peu les initiatives autonomes, surtout quand elles ne respectent pas la sacro-sainte propriété privée.
Le 26 septembre dernier, plusieurs immeubles de la nouvelle cité Sidi M’hamed de Birtouta, dans la banlieue sud d’Alger, avaient ainsi été squattés massivement: 72 logements auraient été occupés en une soirée
Trois jours plus tard, suite à une décision du wali, deux escadrons d’intervention de la Gendarmerie nationale se sont déployés dans la cité Sidi M’hamed « pour assister les autorités administratives locales dans l’opération d’évacuation de 72 logements squattés le 26 septembre 2014 à 22h », par un nombre équivalent de familles d’un bidonville mitoyen avec ladite cité, dixit les services de la gendarmerie.
Fin novembre, deux manifestants ont été tués par les forces de l’ordre à Touggourt, alors que la population protestait « contre le retard pris par les autorités dans l’attribution de lots de terrains, de construction et le raccordement à l’eau potable dans un quartier de la commune de Nezla ».
Deux semaines plus tard, à Tibesbest, une ville de la banlieue de Touggourt, le siège de la mairie a été incendié (précisément dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 décembre). Les manifestant-e-s protestaient notamment contre les coupures d’eau qu’ils subissaient depuis trop longtemps. Des pneus ont été incendiés en face de la mairie, avant que plusieurs bureaux du siège de la mairie soient à leur tour brûlés, ainsi qu’une salle où se trouvaient 8000 dossiers liés à la distribution de terrains ! Parmi les dégâts subis par les autorités locales, plusieurs ordinateurs de la mairie ont sauté par la fenêtre. Ouch ! Il est clair que les injustices passées relatives aux distributions de terrains et de logements sont la cause directe de ces destructions…
À l’arrivée des forces antiémeutes sur les lieux, la foule s’est dispersée apparemment sans qu’il y ait eu d’affrontements. Aucun blessé, aucune arrestation, et une action directe collective sacrément réussie !
À Baraki, en banlieue d’Alger, une opération de démolition a été contestée vigoureusement par les familles résidant dans la vieille cité visée. Plus de 1550 familles y occupaient des maisons basses vétustes. Mardi 16 décembre, la wilaya d’Alger avait décidé de les reloger dans des nouveaux logements construits sur un nouveau site à Bentalha, située à une dizaine de kilomètres de Baraki. Cependant, environ 800 familles auraient été exclues de cette opération de relogement car elles auraient bénéficié de lots de terrains accordés par les autorités dans le cadre de l’aide à l’auto-construction de logement. Ces familles affirment que ces aides n’ont jamais été accordées et plusieurs familles ont refusé de quitter leurs vieilles maisons en opposant aux forces de l’ordre une farouche résistance.
C’est le week-end du 20-21 décembre que la situation est devenue plus que tendue: un habitant a même fait exploser sa maison avec une bonbonne de gaz butane le matin du dimanche 21 décembre ! Une femme a tenté de s’immoler par le feu devant les policiers. Dans plusieurs îlots de la cité Diar El-Baraka, des affrontements se sont poursuivis pendant des heures, faisant au moins une dizaine de blessés.
[Sources: El Watan | TSA | El Moudjahid | AlgérieNews | Liberté | Algérie-Focus.]