Espagne, opération Piñata: cinq compagnons incarcérés, dix en contrôle judiciaire, et des tonneaux de merde

Le juge de l’Audiencia Nacional Eloy Velasco a renvoyé en prison préventive mercredi 1er avril en début d’après-midi 5 des 15 arrêtés lors de l’opération policière nommée Piñata du lundi 30 mars (24 autres ont été arrêtés pour « résistance et désobéissance » lors des 17 perquisitions puis relâchés) qui s’est déroulée à Madrid, Barcelone, Palencia et Grenade.

Le juge a renvoyé en prison les 5 compagnons suivant…
Paul Jara Zevallos (de Madrid),
Jorge Linares Izquierdo (de Madrid),
Javier García Castro (de Madrid),
Javier Grijalbo Adan (de Palencia)
Enrique Balaguer Pérez (de Madrid)
… et relâché les 10 autres (trois de Barcelone et sept de Madrid) en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire (confiscation de passeport, interdiction de sortie du territoire et pointage tous les 15 jours). Ils restent accusés d’appartenance aux GAC.

Tous les cinq sont inculpés de participation à une organisation terroriste (de type « insurrectioniste-anarchiste » rajoutent les journaux), soit du délit d’ « organisation criminelle » selon l’article 570bis du code pénal, avec la circonstance aggravante de « visant à subvertir l’ordre public et altérer gravement la paix publique« . Le nom de cette organisation serait les Groupes Anarchistes Coordonnés (GAC), à laquelle est reprochée la « coordination et la promotion de sabotages« , dont ceux de 114 distributeurs de billets, et d’être possiblement liée aux attaques explosives contre les cathédrales d’El Pilar à Saragosse (pour laquelle Mónica et Francisco sont en préventive depuis plus d’un an) et de La Almudena à Madrid (7 février et 1er octobre 2013).

Les éléments matériels cités par le juge sont ceux retrouvés lors des perquisitions comme « des manuels pour confectionner des engins explosifs et de tactique de guerilla », des bonbonnes de camping-gaz, des « photos de policiers et de commissariats », des « manuels d’auto-défense et de technique pour éviter les filatures », des « dispositifs techniques d’accès chiffré au wifi pour rendre la navigation internet anonyme », … Bref, du papier, beaucoup de papier comme d’habitude, alors que Velasco se targue d’avoir embastillé « les leaders des GAC de Madrid, Barcelone et Palencia« . Le compagnon de Madrid, Enrique « Kike », accusé d’être le pseudo chef national des GAC, venait à peine d’être relâché le 30 janvier de prison avec les autres coinculpéEs de l’Opération précédente, Pandora. Les quatre autres ont reçu les titres de « responsables de l’appareil financier, de propagande et d’action directe » des GAC ou celui de « chef des GAC » de Madrid et de Palencia !! L’Etat regarde sa sale gueule dans un miroir et projette sur des compagnons sans maîtres ni esclaves sa propre face faite de hiérarchies, de leaders et de spécialisation. Au total, cette descente policière est la troisième depuis plus d’un an avec pour prétexte les attaques attribuées aux Groupes anarchistes coordonnés, et le nombre de perquisitions se monte désormais à une trentaine et les mises en examen à au moins 28.

Lors de leur sortie du bureau du juge, un rassemblement d’une soixantaine de solidaires se déroulait, lors duquel les journalistes ont notamment été pris à partie aux cris de « charognards ». Un nouveau rassemblement solidaire est prévu ce soir mercredi 1er avril à Madrid à 21h, place Tirso de Molina, dont le texte d’appel pose clairement la donne : « Solidarité. Entr’aide. Action directe. Mort à l’Etat et vive l’anarchie« . Lors de la manif au même endroit hier, quatre personnes ont été interpellées et les affrontements avec les flics ont fait douze blessés légers (dont huit keufs).

Ni innocents ni coupables,
Liberté pour toutes et tous !
Solidarité offensive !

[Publié le 1er avril 2015 dans les Brèves du désordre.]