Concernant la présence de la police au centre d’Ivry sur Seine le jeudi 26 novembre – récit de la perquisition par les habitantes et les habitants du squat Le Massicot
Texte diffusé dans les rues d’Ivry sur Seine
À l ’attention de nos voisines, voisins et de tou·tes les Ivryen·nes
Concernant la présence de la police devant l’espace Robespierre le jeudi 26 novembre
Jeudi 26 novembre, à l’heure où les enfants arrivent à l’école, plusieurs camions de police étaient garés devant l’espace Robespierre, au cœur d’Ivry-sur-Seine. S’ils étaient venus si nombreux, c’est pour nous rendre une visite énergique à nous, habitantes et habitants du Massicot, un bâtiment occupé depuis septembre 2014 au bout du sentier des Malicots. Parce que nous savons que cette présence policière dans le quartier a inquiété légitimement beaucoup d’entre vous, nous souhaitons vous raconter ce qui s’est passé ce jour-là.
Le Massicot, c’est d’abord une maison où une dizaine de personnes ont pu trouver un logement depuis maintenant plus d’un an. Petit à petit, c’est également devenu un lieu fréquenté par plusieurs dizaines de personnes : un ciné-club se tient parfois le dimanche, des discussions sur l’actualité y sont organisées, une chorale y fait ses répétitions. On peut venir y chercher des légumes à prix libre, lors de la distribution de surplus alimentaire organisée chaque mercredi de 17h à 19h.
C’est cet endroit que la police a décidé de fouiller dans les moindres recoins jeudi dernier. Il est huit heures quand une habitante part au travail. Elle trouve une colonne d’hommes en arme devant la maison. Après un premier mouvement de recul, elle leur propose de leur ouvrir. Trop tard: ils ont littéralement arraché le portail, et le balancent dans le jardin sous ses yeux éberlués. Pendant ce temps, de l’autre côté de la maison, deux habitants sont jetés à terre et frappés avant d’avoir eu, là aussi, le temps d’ouvrir la porte. Dans sa chute, un des deux se fait une belle entorse qui l’amènera à l’hôpital dans la journée. Rapidement, la trentaine de Robocops qui ont envahi notre maison se rendent à l’évidence: personne ne les attend ici le couteau entre les dents. Ils baissent alors leurs armes (flashball et fusil à pompe) et leur supérieure, en civil, nous signifie que notre maison est perquisitionnée dans le cadre de l’état d’urgence, pour y chercher des armes.
La perquisition se déroulera ensuite dans le calme, ce qui implique tout de même la destruction de deux écrans, de la porte d’une pièce extérieure et de celle d’un camping-car (alors que nous proposions les clés). Sans compter de multiples remarques vexantes et petites humiliations. Avoir trente policiers chez soi une matinée entière n’est pas de tout repos.
La police est repartie en emmenant des affiches critiques de la COP 21. Parmi elles, l’annonce de l’événement que plusieurs d’entre nous avaient organisé le 21 nov., à la Maison de la citoyenneté Ivry-Port, pour dénoncer l’hypocrisie de nos dirigeants à propos de l’écologie: ils organisent une grande conférence sur le climat et dans le même temps décident d’implanter un nouvel aéroport à Nantes, un nouvel incinérateur à Ivry… Nous pensons que c’est parce que nous défendons nos idées, au moment de la COP 21, que nous avons été attaqués par la police.
Ils ont également emmené quelques outils de bricolage (puisqu’ils n’ont trouvé aucune arme, il fallait bien qu’ils ramènent quelque chose). Mais surtout, ils ont pris deux d’entre nous. L’un est sorti après quelques heures au commissariat, sans que les policiers ne trouvent rien à lui reprocher. L’autre, sans-papiers, est toujours retenu au Centre de rétention administrative de Vincennes [finalement libéré en fin d’après-midi le 1er décembre, avec une OQTF]. Il risque désormais l’expulsion du territoire français.
Malgré leur violence et leurs menaces, nous continuerons à vivre nos vies tant que possible. Des vies faites de solidarités face aux difficultés économiques, de rage contre tout ce qui nous révolte, de partage d’informations sur le monde qui nous entoure, et de grands repas collectifs.
Nous vous invitons à nous retrouver le jeudi 17 décembre à 19 heures sur l’esplanade Georges Marrane, devant la mairie, pour partager une chorba, un chocolat ou un vin chaud. Ce sera l’occasion de revenir sur cette absurde histoire policière mais aussi de parler du futur du Massicot et de l’actualité ivryenne.
Contact: massicot@@@riseup.net
[Publié le 2 décembre 2015 sur Paris-Luttes.Info.]