Rennes: expulsion de la Maison du peuple

Ouverte le 1er mai dernier par le mouvement contre la loi Travail, la Maison du peuple a été expulsée par la police dans la matinée du vendredi 13 mai, avec le RAID en guest-stars…

Dès 6h30, la police intervenait malgré la présence de plusieurs dizaines de manifestant-e-s venu-e-s soutenir les occupant-e-s. A l’intérieur, les CRS n’ont pas fait de détail: ils ont tout pété. Plusieurs personnes étant montées sur les toits pour empêcher l’expulsion, le RAID est intervenu à l’aide d’une grue située sur un chantier tout proche (!) et d’une nacelle des pompiers. Une personne a été interpellée. Dehors, une charge des gardes mobiles avec matraques et lacrymogènes a eu lieu.

Le soir-même, comme prévu vers 20h, une manifestation a été appelée pour protester contre cette expulsion et tenter de réoccuper les lieux. En vain, mais il y a eu un beau bordel dans les rues de la ville. Un comico, un local du Parti Socialiste, plusieurs banques et autres enseignes capitalistes ont eu leurs vitrines brisées. Des caméras de vidéosurveillance ont été sabotées. Le lendemain, il y a eu quelques échauffourées malgré l’interdiction de la manif (dont la thématique principale concernait les violences policières). La ville a été littéralement mise en état de siège: des flics de partout !

Par ailleurs, la Maison du peuple expulsée a été murée comme il se doit par les autorités…

Ci-dessous, le texte écrit par des occupant-e-s de la Maison du peuple après l’expulsion:

Il y a une semaine, la salle de la cité est devenue « La Maison du Peuple ». En journée, chacun avait la parole pendant les Assemblés Générales. Repas végétariens trois étoiles ravissaient nos papilles dans une ambiance conviviale et surtout, nous apprenions à vivre ensemble. Cette réunion de syndicats, étudiants, travailleurs, précaires… créait une ambiance rare dans laquelle se construisait un monde qui nous ressemble.

Pendant que les élites sentent le vent tourner et passent en force la loi travail à coup de 49-3, nous restons sereins et envisageons la situation sous de nouveaux regards. A Paris, hier soir, « Les Beaux-Arts » sont aussi devenus une de ces maisons du peuple. À Toulouse, à Lyon… un peu partout en France, on expérimente, on s’organise et chaque coup de sang du gouvernement est un aveu de faiblesse qui nous réconforte.

Hier [jeudi 12 mai] vers 20h, l’AG a informé l’huissier de sa décision de contester l’injonction de la mairie à quitter les lieux. Précisant qu’il n’était qu’un messager, l’huissier nous a conseillé sur la meilleure démarche à suivre. Les formalités faites, l’AG se poursuit pour organiser la vie collective et le mouvement. Dans la soirée, tandis que Radio Croco appuie notre existence sur la bande FM et sur Internet, nous mettons en place les barricades intérieures (notées ensuite 7/10 par le capitaine de brigade). Dans la nuit, des tours de garde entre le toit et la salle sont assurés jusqu’à 5h30, heure de signalement de l’arrivée des CRS. La surprise laisse rapidement place à l’organisation d’un accueil, à des chants, au démarrage des prises de vidéos… Les CRS passent par le terrain vague mitoyen, ouvrent une brèche dans la palissade et attaquent la porte au bélier, sans parvenir à la défoncer. C’est à la scie circulaire qu’ils fractureront les entrées principales et secondaires simultanément. Les occupants, assis en cercle, bras dessus, bras dessous assistent à leur encerclement en chantant « on veut des bisous ». Après 15 minutes de rires et de chants, les occupants sont sortis calmement et escortés un par un sous les applaudissements de ceux qui les attendaient à l’extérieur.

Pendant ce temps, six hommes du RAID tiennent en joue les occupants du toit depuis une nacelle portant le logo de la Croix-rouge, elle-même suspendue à une grue du chantier voisin. Les policiers, quant à eux, accèdent au toit par la grande échelle des pompiers réquisitionnée pour l’occasion. Le petit groupe est encerclé et tente de négocier le café et les croissants en échange de leur coopération, sans succès. Ils descendront malgré tout dans le calme. A noter, le soutien très singulier du voisin d’en face criant à sa fenêtre, en slip, ainsi que l’effondrement d’un membre des forces de l’ordre qui n’a pu retenir ses larmes.

Toute la journée, nous sommes plusieurs devant les forces de l’ordre postées autour de l’entrée pour discuter et signifier notre détermination. Nous nous donnons aussi rendez-vous au TNB à 16h. Lors de notre arrivée, les forces de l’ordre sont postées aux angles des rues. L’accès au Théâtre nous ayant été refusé après une négociation avec la direction, nous avons bifurqué vers la Place Hoche pour un second rassemblement. Enfin, nous avons reconduit l’AG sur la pelouse de la cour intérieure des Beaux-arts, sans demander la permission cette fois. Une fois installés, nous sommes allés rencontrer la direction qui nous a accordé d’utiliser les lieux jusqu’à la fermeture, nous les en remercions ! La question principalement débattue a été celle de trouver un lieu pour continuer le combat.

Le gouvernement ne cesse de nous manifester son entêtement en refusant de prendre en compte nos revendications (retraits de la loi El Khomri, de l’état d’urgence… ). Ce soir nous réaffirmons notre volonté, nous sommes déterminés à occuper des lieux pour reprendre notre place de peuple libre et souverain. C’est le gouvernement qui cédera, c’est une question de temps et nous en avons.

Prochains rendez-vous
Manifestation : Samedi 12h place du peuple
AG : Dimanche 16h place Hoche
Grève générale : Mardi

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