Gap (05): ouverture du village autogéré !

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Aux habitants et habitantes de Gap et des environs, aux gens de passage dans la région qui liront cet appel, aux journalistes et autres personnes chargées de relayer l’information, à la mairie de Gap, à la préfecture des Hautes-Alpes,

Depuis ce dimanche 14 avril 2002, 15 heures, nous sommes installé-e-s sur le terrain du Bocage situé avenue d’Embrun à Gap.

Ce terrain est aménagé pour les gens appelés administrativement « du voyage », et habituellement très peu, voire pas du tout, occupé.

Nous y avons installé un village temporaire pour accueillir des activités et mettre en place un hébergement dans le cadre du Festival des résistances et des alternatives 2002.

Nous sommes des jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, enfants, chiens… ayant en commun le refus d’entrer dans la catégorie des citoyens-consommateurs.

L’esprit de ce festival est de créer une dynamique qui favorise les échanges entre personnes, ainsi que l’inventivité et l’envie de se prendre en charge comme réponse à la résignation et à la morosité qui prévalent aujourd’hui.

Face à l’uniformité idéologique de la campagne électorale présidentielle et législative, pourtant supposée incarner le fondement du débat démocratique, et de l’influence de tout un-e chacun-e sur les orientations politiques du pays, nous avons décidé de mener nous-mêmes, avec ceux et celles que cela intéresse, ces débats qui n’ont pas lieu dans la vie publique officielle. Les résistances et alternatives dont nous parlons répondent à l’isolement des individus, au manque de lieux d’échanges non-marchands, au grignotage de l’uniformité culturelle, ainsi qu’à la peur entretenue et cultivée par les médias qui mène au repli et à la passivité.

Pour concrétiser les objectifs du festival, nous avons prévu des activités sur ce lieu tout au long de la semaine qui vient : repas, spectacle de théâtre, concert et musiques, atelier de création permanente à partir de matériaux de récupération, sérigraphie, logement, débats, projections de films…

Nous nous revendiquons d’une culture non institutionnelle, débridée, et non réservée à une élite nantie ou esthétiquement formatée. Pour exister, être dynamique, créatrice, vivante, cette culture a besoin de grand air et d’espace plutôt que des décors organisés des salles culturelles parfaitement propres, bétonnées et « dans les normes » d’hygiène et de sécurité.

Nous invitons toutes les personnes qui se sentent concernées par ces questions à venir nous rencontrer et participer à la création collective en amenant leurs points de vue, idées, matériaux et nourritures en tous genres.

Nous demandons un accès à l’eau et l’électricité sur le terrain durant la semaine, afin de répondre aux besoins élémentaires d’un lieu de vie en milieu urbain.

Nous comptons aussi sur la cordialité et l’esprit d’ouverture des autorités pour laisser exister dans la tranquillité ce lieu éphémère d’expression et de vie non-marchande.

« Quand le dernier arbre sera abattu,
la dernière rivière empoisonnée,
le dernier poisson capturé,
alors seulement vous réaliserez que l’argent ne se mange pas ».

Prophétie d’un indien Cree

@nonymous