Après l’expulsion de la maison occupée «Fabrikool» mardi 14 mai à Berne, des dizaines d’individus ont rendu les coups à l’État et ses structures dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 mai.
Entre minuit et quatre heures du matin, des barricades en feu ont été érigées autour du centre social de la Reitschule, des véhicules incendiés (trois voitures et deux vélos), la mairie recouverte de peinture et les flics dépêchés sur place ont été attaqués à coups de pierre et de pétards et visés au laser.
Dix larbins de l’État ont été blessés. En ce qui concerne les dégâts matériels, trois véhicules ont été entièrement cramés sur un parking proche de la compagnie ferroviaire suisse des CFF. Que ce soit dans la presse ou dans les textes de solidarité avec les émeutier.e.s, il n’est toutefois pas précisé si ces deux voitures et cette camionnette appartenaient à la société ferroviaire suisse. Les vitres de plusieurs voitures et d’un train ont été brisées. Les dommages matériels sont estimés à plusieurs dizaines de milliers de francs. Onze personnes ont été interpellées par les flics et placées en garde à vue (neuf Suisses, un Sénégalais un Sri-lankais) selon la Berner Zeitung.
La Reitschule, main dans la main avec les flics pour rétablir l’ordre
Les émeutes se sont donc déroulées un samedi soir, à deux pas de la Reitschule, lieu alternatif légalisé où se tenaient comme d’habitude des concerts et des beuveries. Elle s’est immédiatement dissociée de la révolte qui a embrasé le quartier. En bons pompiers de service et collabos des flics, les responsables du lieu lançaient des appels sur les réseaux sociaux en exhortant les gens venus festoyer par milliers (entre 1 000 et 2 000 personnes) à se mettre en sécurité dans la grande salle alors même que les émeutes faisaient rage dehors et à se comporter de façon à désamorcer le conflit. Ils se sont félicités dans un tweet d’avoir participé à calmer les esprits, tout en qualifiant des individus qui ne comptaient pas quitter la rue de «badauds curieux près des barricades». Dimanche après-midi, elle s’est fendu d’un communiqué où elle se vante même d’avoir été en contact avec la police cantonale peu avant 2h du matin, qui l’a informée de l’évolution de la situation. «La discussion s’est terminé avec la constatation des flics que nous faisions tout ce qui était en notre pouvoir [pour rétablir l’ordre], tout comme la police». Dans cette lettre du groupe de presse de la Reitschule, il est stipulé que «la Reitschule désapprouve catégoriquement tout acte de violence commis cette nuit-là» (source: Berner Zeitung, 19 mai 2019).
Dans un texte publié sur le portail de contre-infos Barrikade.info, il est écrit :
«Notre attaque est pour tou.te.s celles et ceux qui en ont assez du harcèlement quotidien exercé par les autorités. Des contrôles sur les parvis qui ont lieu chaque jour, de l’arbitraire systématique, du racisme institutionnalisé des autorités, des attaques contre nos libertés. De plus, l’État et les flics tentent d’étouffer dans l’œuf tout ce qui remet en question l’ordre dominant et qui oppose de nouvelles idées à la dépression omniprésente.
Et notre attaque se dirige contre tou.te.s celles et ceux qui se mettent en travers notre chemin. […]
Nous sommes toujours en rage !
Rien n’est fini !»
[Publié le 22 mai 2019 sur Sans Attendre Demain.]